Chapitre 1

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Katie

Je me prépare pour aller chercher Louis à l'école. Un peu plus tôt que d'habitude mais aujourd'hui est un jour spécial: cela fait dix ans que j'ai perdu mon copain, Anthony. Louis n'avait alors, pas encore souffler sa première bougie. Je m'en souviens comme si c'était hier. On devait se marier un mois plus tard mais nous n'en avons jamais eu le temps. Le matin même, nous nous disputions encore pour le plan de table. Si j'avais su...

Tellement absorbé dans mes pensée, je ne vis pas le temps passé et la vieille horloge (qu'Anthony m'avait offerte lors de notre premier vide-grenier ensemble) indiquait déjà 17h27! Et je dois être à l'école à la demie au plus tard! Je suis super en retard! J'attrapa le premier blouson que je vis et couru jusqu'à la voiture, les clés à la main prêtent à être insérées. Je fis démarrer la voiture à la seconde où je fus à l'intérieur et me dirigeai directement vers l'école de Louis.

Arriver devant le portail, je ne vis aucun parent et aucun enfant.

"Je dois être tellement en retard que Louis à du être emmener dans une salle le temps que j'arrive" me dis-je.
Je sonna et reconnu la voix de Madame Lubi qui, à travers l'interphone, demanda qui souhaitai la voir.


"-Bonjour, Madame Lubi, je suis Madame Karisse, la mère de Louis Karisse dans votre classe il me semble, en CM2.

-Oui je vois très bien qui est cet enfant et en quoi puis-je vous aidé Madame Karisse? me demanda-t-elle.

-Et bien je suis en retard et j'aimerais récupérer mon fils voyez-vous? fis-je sur un ton qui montrait clairement mon impatience.

-Excusez-moi, madame, mais je suis la seule personne restante dans cette école. Tout les enfants sont rentrés chez eux.

-Madame, il doit y avoir une erreur, je suis la mère de Louis et je vous assure qu'à part moi personne n'est censé être venu le chercher.

-Je vais vous faire rentrer, nous allons tirer cette affaire au claire dans mon bureau, je suis certaine que ce n'est qu'un malheureux malentendu."

J'entendis un "clic" qui voulait surement signifier que le portail venais de s'ouvrir. Je m'engageai donc dans la cour de l'école. J'aimais bien imaginer Louis en train de jouer à cache-cache ou à chat perché avec ses copains. Il adore me raconter ses journées d'écoles, comment il réussit à attraper tout ses amis lorsqu'il est le "loup", ou quelles "supers cachettes" comme il dit, lui à fait gagner telle ou telle partie... Je pus d'ailleurs facilement retrouver les différents endroits qu'il me décrit à chaque fois avec tellement de précision et avec une si grande envie de retourner jouer avec ses copains.
Je me dirigeai finalement vers le bureau de la directrice. Lorsque je fus devant la porte je ne sus quoi faire et, telle une jeune lycéenne ayant été convoqué par le proviseur, je toquais maladroitement à la porte.
"Entrez ! me lance alors Mme Lubi, Entrez je vous en prie Mme Karisse!"
Ce que je m'empressa de faire. En entrant je fus d'abord frapper par le nombre incalculable de dossiers qui se trouvaient sur tout le pan droit du mur. Percevant mon trouble, la directrice m'informa que ce sont tout les dossiers des élèves qui se trouvent dans "son" école, des classes de maternelles à celles de primaires, ce qui représentait à peu près un total de 180 élèves. Cette dernière phrase, elle l'a prononcé avec une pointe de fierté qui pouvait se ressentir autant dans sa voix que dans sa façon de se redresser sur son fauteuil.
Je décidais cependant de ne pas laisser dévier la discussion et d'en venir directement au fait du pourquoi je suis là:
-Je suis très impressionné Mme Lubi, mais venons en au fait voulez-vous?
Elle opina du chef et voulu parler mais je la devançai :
-J'ai eu un malheureux contretemps qui m'a fait arriver en retard. Je souhaiterais maintenant récupérer mon fils voyez-vous ?
-Je vois très bien madame mais je vous répète que vous aurez beau fouiller toutes les classes une par une, vous ne trouverez ni enseignants ni élèves.
-Mais alors ou est-il?
-Je ne sais pas, peut être que votre mari est venu le chercher à votre place ?
-Je n'en ai pas.
-Et bien son père alors!
-Vous regardez les dossiers des élèves, fis je tout en pointant ceux-ci du doigt, parce qu'il est inscrit noir sur blanc que son père est décédé il y 10 ans!! je sentais que la colère commençait à arriver et que je n'allais pas tarder à exploser.
-Excusez-moi, je l'avais oublié, je ne peut pas connaître par cœur les 180 dossiers! et revoilà la pointe de fierté... me dis-je en moi-même.
-Mais qui était au portail tout à l'heure?! Vous savez au moins que je n'ai autorisé personne à venir chercher Louis autre que moi?
-Oui bien sûr ! C'est une de mes collègues qui s'est chargée des départs aujourd'hui, je vais l'appeler.
Elle attrapa un téléphone et composa un numéro. Après quelques secondes elle commença à parler:
"Oui, rebonjour Louise, c'est Marie... oui c'est pour savoir, quand le petit Louis Kassire, tu sais dans ma classe en CM2... oui et bien, quand il est sorti, qui l'accompagnait ?... Ok... Oui d'accord, merci à demain..."
Lorsqu'elle raccrocha enfin je la fixa attendant qu'elle me dise quelque chose, n'importe quoi car, après la colère, arrive l'inquiétude, ça doit être le fait d'être mère je pense... En même temps il y a peut être de quoi : peut être qu'il s'est fait kidnappé? Il doit sûrement être en danger mais qui voudrait faire du mal à un enfant de dix ans ?
De nouveau je me remis à regarder Mme Lubi. Celle-ci fit avec un grand sourire :
-Ne vous en faîtes pas madame, nous avons retrouvé la personne qui est partie avec votre fils: c'est votre frère! Je vous avait dit qu'il ne fallait pas s'inquiéter !
Je la regarda, ne pouvant sortir aucun son et ne faire aucun mouvement.
Soudain la colère repris le dessus, je me levai d'un coup si violemment que j'en fit tomber ma chaise ( que je ne pris pas même le temps de la remettre en place ) et m'écriai:
-MAIS JE N'AI PAS DE FRÈRE!!!
A ces mots, la directrice devint blanche. Moi, n'y tenant plus, je sortis du bureau en jurant que si jamais il arrivait du mal à mon fils je leur fourrerai un procès et les tiendrai pour seul responsable. Non mais franchement !
Lorsque j'arrivai à la voiture, je pris ma tête entre mes mains et commençai à réfléchir, ou plutôt à me rendre compte de la situation: Mon fils vient de se faire enlever! Par qui? Pourquoi? À croire que je suis maudite : il y a dix ans Anthony décède (enfin officiellement son corps n'a pas été retrouver et je sais que ca peut paraître bête, mais je garde encore espoir) maintenant c'est au tour de notre fils de se faire enlever...
Je décidai de démarrer la voiture, pour aller je ne sais où ... Inconsciemment, je me dirigeais vers le petit fleuve qui traverse notre village. Je me garai sur le parking de l'église qui ne se trouve pas loin du point d'eau et marchai un peu. Je m'assit sur un banc et j'éclatai en sanglot.
J'en perdit la notion du temps de telle sorte que, lorsque je relevai la tête, je ne savais pas si cela faisait 5, 10 minutes ou même une heure que j'étais là, assis, la tête entre les mains à pleurer toutes les larmes de mon corps. Je ne sais pas pourquoi mais je me mit à fixer le canal, c'est comme si il m'appelai. Je n'ose même pas imaginer ce qu'il se serait passer si mon portable n'aurait pas vibrer dans ma poche...

On se reverra... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant