3 : Red Smile

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Je soupirais.

Je m'étais imaginée m'occuper des cas les plus extrêmes, les irrécupérables et les plus pourris. Et me voilà, à me tourner les pouces dans mon bureau certes beau et bien rangé, mais si ennuyeux. Devant moi, nombres de dossiers concernants des patients de l'Asile, mais aucun ne me semblait assez important, assez...

Assez dangereux.

Ce métier était celui de mes rêves, et cet endroit sordide m'avait particulièrement attirée. Et tout ce travail, ces années passées à renier l'amusement et la joie dans ma vie pour se concentrer sur mes études pour être rabaissée à m'occuper des cas mineurs, alors que j'étais clairement une psychiatre capable de grandes choses ? Je n'étais pas du genre à me plaindre, pas du tout. Mais ce boulot dont j'avais tant rêvé me paraissait d'un coup... fade.

- Harleen ! m'appela Serrano, en dehors du bureau. Viens, s'il te plaît !

Je levais les yeux au ciel. Cela ne faisait que une semaine que je travaillais à l'Asile, et je sentais que ma collègue aux cheveux noirs ne m'appréciait pas. Jalouse du fait que j'avais fait réagir le criminel que tous craignaient ? Si c'était pour une raison aussi stupide... Elle était bien immature. Je me levais et sorti de mon bureau, pour faire face à ma collègue métisse et à Pénélope Young, la psychiatre qui avait été traumatisée par son ancien patient.

- Bonjour, Harleen, me salua Pénélope avec un sourire.

- Bonjour, répondis-je poliment.

- Est-ce qu'on peut passer au vif du sujet ? demanda Serrano avec un certain mépris dans sa voix.

Je sentais la métisse énervée, ce qui produisait un contraste intéressant avec la bonne humeur apparente du Docteur Young.

- Bien sûr, repris Pénélope. Harleen, j'aimerais que tu m'accompagnes à une de mes séances avec mon nouveau patient.

Cette demande inattendue me prit de cours. Serrano croisa les bras et regarda le mur d'en face, comme pour m'ignorer. J'étais confuse par la demande de ma collègue, mais cela pouvait être intéressant. Pénélope était dans l'Asile depuis quelque temps déjà, me faire remarquer par elle était vraiment une bonne chose si je voulais m'occuper des cas extrêmes.

- Et qui est ce patient, demandais-je avec curiosité.

- Edward Nigma, annonça Young avec un sourire. On le surnomme le Sphinx ou l'Homme-Mystère, et je pense que m'accompagner pourrait t'intéresser... Si tu veux progresser à l'Asile et aiguiser tes talents, je pense que venir regarder une aînée te fera du bien !

J'acceptais la proposition de Young avec une joie que j'essayais de dissimuler. Edward Nigma ! J'avais déjà vu ce nom quelque part, et c'était sur l'une des cellules des dangereux criminels. Je ne pouvais rêver mieux : j'étais aux anges.

J'étais si heureuse que j'en oubliais l'heure de la consultation.

Je savais que c'était dans l'après-midi après quatorze heure, mais je ne savais pas vraiment quand exactement. Je décidais tout de même de m'aventurer dans le pénitencier, espérant, avec un peu de chance, pouvoir arriver à temps. Lorsque je pénétrais dans le bâtiment sordide, je me dirigeais rapidement vers l'aile des cas graves. Je me fichais des criminels me sifflant ou m'interpellant en me voyant, je cherchais la cellule de Nigma.
Mais lorsque j'arrivais devant, elle était vide.

"Elle a déjà du l'emmener en salle de consultation," pensais-je.

Je soupirais et me laissais glisser contre le mur froid de la cellule. Mon opportunité de me faire remarquer était partie en fumée, et qui sait si Pénélope m'en voudrait. Si seulement j'étais arrivée plus tôt ! Peut-être que j'aurais pu les accompagner avant qu'ils partent en salle de consultation...

La salle de consultation. En y réfléchissant, je me rendais rapidement compte qu'un seul patient n'allait jamais en salle de consultation et restait dans sa cellule. Je dirigeais mon regard vers le fond de la salle, et je me levais. Ce mystérieux personnage m'avait intrigué, et je voulais en savoir plus. J'étais seule ici, enfin, à part les autres fous. C'était une occasion en or pour pouvoir parler un peu...

J'arrivais devant sa cellule. Je pouvais le voir, au fond, en train de siffloter un air enfantin, les yeux fermés. Dès que je m'arrêtais pour l'observer, il les ouvrit. Ces yeux si verts, si vifs... Il s'approcha lentement de moi.

- Nous n'avons pas pu finir notre petite discussion, hier, l'interpellais-je avec un sourire.

Un ricanement lugubre s'éleva de sa gorge. Néanmoins, je demeurais impassible.

- Je m'appelle Harleen, repris-je pour lui rafraîchir la mémoire. Harleen Quinzel.

- Quel merveilleux prénom, susurra l'homme au teint blafard. Est-ce que tes amis t'appellent Harley ?

Je souris légèrement et passais ma main dans mon chignon blond.

- Oh, je n'ai pas beaucoup d'amis. révélais-je, gênée.

Je me rendais soudainement compte de ma bêtise. Il était toujours en train de me sourire, mais il avait réussi à m'atteindre, à me faire parler. Comment était-ce possible ?

- Eh bien, Harley... continua l'homme aux cheveux verts. Tu en as un, maintenant.

Ma surprise et ma gêne se transforma en colère. C'était moi, la psychiatre. Ce n'était pas à lui de m'analyser ; surtout pas en dehors de séances. Mais je devais rentrer dans son jeu pour l'intéresser.

- Pourquoi Harley ? demandais-je .

Il semblait heureux que je lui ai posé la question. D'un coup sec, il colla son crâne aux barreaux qui nous séparaient. Sous la surprise, je me reculais, alors que je sentais un frisson parcourir le long de mon dos.

- Harleen Quinzel, reprit le Joker avec un intérêt non dissimulé. Retravaillez ce nom un peu, et l'on obtient Harley Quinn !

- Comme Arlequin, le personnage clownesque, constatais-je.

J'étais perplexe. C'était lui, le plus grand criminel de tout Gotham ? Il me semblait peu impressionnant désormais, à tenter de chercher un lien entre une psychiatre et un personnage aussi frivole que l'Arlequin. Je soupirais et décidais de rentrer vers mon bureau, vu que cette conversation ne nous amenait à rien.

- Bon, si c'est tout...

- C'est un nom capable de me donner le sourire, susurra le Joker. Ça me fait penser que j'ai un personne à qui je peux m'identifier !

J'avais décidé d'abandonner et de retourner dans mon bureau, mais lui n'avait pas fini.

- Une personne à qui confier mes secrets...

Je m'arrêtais un court instant. Dire que je pensais ne rien pouvoir tirer de cet homme ! Je souris légèrement, fière de moi, et reprit mon chemin. J'avais réussi. J'avais piqué l'intérêt du Joker, et il avait fait de même. C'était comme une sorte d'attraction mutuelle : il m'intriguait énormément et je semblais le faire réagir.

Déterminée, je n'avais plus q'une idée en tête : devenir la nouvelle psychiatre du Joker.

Twisted Romance [Harley Quinn]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant