VI. Le nouveau campement

51 9 0
                                    

Elles se stationnèrent enfin et descendirent du 4x4. Mais autour rien. Pas un arbre, pas une maison, rien du tout. Mise à part cet immense montagne de pierre à leur gauche. En observant mieux sa base, Laure y vit une petite fente certainement gardée par tout un tas de soldats : elle n'était pas assez près pour en être sûre.

Roxanne lui ordonna d'avancer assez sèchement. Laure fût surprise de ce changement d'émotion, mais ensuite elle comprit : si la colonelle se montrait trop tendre avec une des prostituées, cela n'allait pas être à son avantage pour se faire respecter. Laure rentra la tête dans ses épaules et suivit Roxanne. Au bout de sept minutes et quarante-deux secondes exactement (la jeune fille avait compté) elles étaient à l'entrée de l'immense rocher. Effectivement, une vingtaine de soldats tous armés et équipés jusqu'au cou la gardaient. C'était une vraie forteresse.

Roxanne ne se tourna vers Laure qu'une fois arrivées dans la chambre du colonel. Et contre toute attente, elle fonça sur la jeune fille et écrasa ses lèvres sur les siennes. Le baiser était pressant, presque nécessiteux. Au fur et à mesure, il se radoucit et devînt plus langoureux. Roxanne demanda la permission puis inséra sa langue dans la bouche de Laure. Leurs langues s'entremêlèrent passionnément. La jeune fille se décontracta. Après un tel baiser, elle ne se sentait plus aussi malpropre.

Quelqu'un frappa à la porte, interrompant leur baiser. Roxanne se détacha de sa conquête en grognant puis alla ouvrir :

- Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-elle sèchement.

Laure, en retrait, ne voyait pas ni n'entendait son interlocuteur. Et puis, elle était trop confuse ; ce qu'il venait de se passer l'avait chamboulée. Depuis longtemps elle n'avait pas ressenti une telle sensation. Etait-elle en train de tomber amoureuse ? Elle qui ne croyait pas au coup de foudre, pouvait-elle développer de tels sentiments si rapidement ?

Elle fût sortie de ses pensées lorsque la porte claqua. La colonelle se dirigea vers son bureau et prit quelques papiers :

- Je dois me rendre au QG, nous devons préparer une nouvelle attaque, annonça-t-elle. Ne bouge pas, je serais de retour dans la soirée.

Elle déposa un chaste baiser sur les lèvres de Laure puis partit, laissant la jeune fille livrée à elle-même. Cette dernière souffla puis regarda l'horloge digitale accrochée au mur : onze heures trente-deux. Elle avait une demi-journée à tuer dans un lieu qui lui était totalement inconnu. Elle se mit à arpenter la chambre tout en l'inspectant attentivement.

La salle était grande, presque de la taille de son ancien séjour. Les murs étaient recouverts d'un blanc cassé et du carrelage noir ornait le sol, assombrissant considérablement la pièce. Un lit double trônait au centre de la chambre. Deux tables de chevet grises métalliques, de la même couleur que les draps, se situaient de part et d'autre de la couchette. La suite de son inspection fût nettement plus rapide : un bureau, deux grandes armoires et une salle de bain avec une douche, des toilettes et un lavabo. Laure était ébahie : comment pouvait-on avoir de tels logements en période de guerre ?

Soudain, la pièce devînt floue. Le sol tanguait. La jeune fille sentit des secousses au loin. Mais, en regardant autour d'elle, elle vit que ce tremblement n'avait eu lieu que dans sa tête. Elle se dit alors que cela devait être dû à la fatigue, puis elle s'allongea sur le lit après s'être déchaussée. Les bras de Morphée l'accueillirent rapidement. 

La Terre, la Guerre -TERMINE-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant