7| Jour et Nuit

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Les rideaux flottent légèrement, le vent joue avec et s'infiltre dans l'habitacle. Les cheveux châtains voltigent de temps à autre. Un homme s'affale de tout son long sur le canapé après s'être réveillé. Il a été pris d'une insomnie hier soir, il se laisse ainsi aller et ferme les yeux. Il écoute le chant des oiseaux sur les branches du pommier, dehors, un peu plus bas, il hume l'odeur du soleil qui parfume son duplex.

Un beau matin -il y a de cela bientôt un an- tandis qu'il allait prendre le courrier une énième fois pour son père, il a retiré une lettre lui étant adressée. Une écriture soignée, une plume fine, un parfum fort de rose et de cigarettes : son parfum. Son cœur s'était emballé. Il l'avait ouverte précipitamment, un chèque à son nom se trouvait à l'intérieur d'une somme s'élevant à 700 000 euros. Le temps qu'il réalise ce que cela signifiait, une larme avait coulé.

Il se retrouve ainsi, là, dans ce petit duplex. Il s'est également payé un nouvel appareil photo et de nouveaux objectifs avec l'argent qu'il lui restait. La somme étant largement suffisante, il avait gardé le reste pour la nourriture et son école de photographie.

Un week-end de printemps, il laisse la nature apaiser son esprit tourmenté. Ses muscles se détendent, son être se repose un peu. Il veut s'échapper de nouveau sur cette plage car cela fait maintenant trois ans jour pour jour qu'ils se sont quittés. Seulement, ne pouvant pas y retourner à cause de la distance, il préfère s'endormir et s'enfuir dans le noir pour rejoindre les dunes de sable.

Des images de la soirée lui reviennent ainsi, les traits de son aîné sont gravés en lui, la douceur de sa peau, cet apaisement qu'il ressentait à ses côtés, sa voix, ses mots.

« Parce que quand tu auras fait toutes ces choses, tu me retrouveras. »

La phrase qu'il lui avait dite résonne encore en lui. Son âme tremble, il a envie de pleurer. Malgré les années, l'envie de le serrer contre lui persiste toujours au creux de sa poitrine. Le sentiment ne fait que le dévorer un peu plus chaque seconde. Une partie de lui se sent terriblement vide, désespérée.

Il rouvre alors les yeux, il ne peut supporter plus longtemps ces images. Ce fut un court voyage. Sa main chope la télécommande sur la petite table en bois et met une chaîne au hasard. Les infos. Ses yeux inspectent la présentatrice du journal de 12h : blonde au visage fin, des yeux marron clair, un tailleur noir ; sa voix légèrement grave commence à annoncer le programme.

Soudain, un gargouillement perturbe la sérénité du lieu. Un léger rire lui échappe, ce bruit n'était pas humain. Il se lève ainsi de son canapé et, d'un pas las, va se préparer son petit-déjeuner dans la cuisine. Cette dernière est ouverte sur le salon, il peut donc continuer d'écouter la télévision. Tandis qu'il verse des céréales dans un bol, une discussion entre les deux journalistes attire son attention.

« Avez-vous entendu que le milliardaire Andrew Bush a vendu certaines de ses terres à des entreprises d'agriculture bio ou des associations pour la protection d'espèces animales en voie de disparition ? » Commence la journaliste blonde.

« Oui je l'ai entendu ce matin ! Il a aussi donné une généreuse somme à diverses associations en Asie et en Afrique, notamment pour aider les jeunes enfants, la construction de logements sociaux qui remplaceraient les bidonvilles. » Répond un homme aux cheveux grisonnants et aux petites lunettes rondes.

« Il a également boosté la vente de médicaments et de soins ! » Renchérit la journaliste.

« Il est aussi allé sur place pour voir si l'endroit où il déposerait son argent n'était pas corrompu. Certaines associations l'étaient et sont en procès pour détournement de mineurs ou trafics de drogues, d'armes. Cette aide de la part de monsieur Bush met à mal certains régimes où la corruption règne, comme la Chine, l'Inde, l'Egypte et pour l'instant, il gagne tous ses procès. Il a également mis une pression aux laboratoires pour distribuer des médicaments contre le Sida en Afrique, notamment, et dans certaines régions d'Asie. Le taux de mortalité a chuté de 23,2% en Afrique et 34,1% en Asie. » Explique le vieil homme.

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