Maya [En Pause]

Malaise

Je gribouille à l'encre noire sur la feuille à petits carreaux de mon cahier de mathématiques. Je note des chiffres et des formules sans aucune compréhension. Le regard de ma prof se pose de plus en plus sur moi.

Les chiffres et les lettres de ma copie se mélangent pour se transformer en un tas de gribouillage. Une douleur intense se propage dans mon corps.

Je n'ai pas le temps de comprendre, que déjà ma tête tourne comme une tornade détruisant des maisons, mes mains tremblent comme des feuilles, mon corps plonge vers le sol, et d'un coup sec percute les carreaux froids de la salle de cours.

PDV INCONNU
Un brouhaha venant de la salle d'en face, ayant traversé la porte de mon cours de géographie, se faufile entre les chaises de ma classe. Anton déjà debout, avance d'un pas sur vers la sortie pour observer la scène.

Mme Chevreux et sa classe encerclent un corps inerte, étalé là, entre les sacs. La prof essaye tant bien que mal de séparer la foule du corps au sol. En m'avançant du troupeau, j'aperçois un visage.

Il appartient à une jeune fille, étalée par terre. Ses yeux fermés, sa bouche entre ouverte, ses mains tremblante, me font réagir. J'avance d'un pas sûr, bouscule les gens et m'agenouille près de la fille. Je l'observe un instant.

Elle a un corps fin mais une poitrine imposante, des cheveux brillants et des mains de bébé. Je lui prends la main gauche, la touche avec mon pouce en faisant des cercles. Sa peau si douce ressemble à une pêche.

La manche de sa chemise tombe sur ma main, je décide donc de la remonter. J'écarquille les yeux, observe un instant son bras. Un pansement recouvre son avant-bras, sûrement un tatouage.

Un tatouage ? Si jeune ? Mais ce qui me perturbe le plus, c'est ses traces zébrées sur toute la longueur de son bras. Elles ont envahi sa peau, comme quand tu fais tomber la bouteille d'eau sur la table et qu'elle se répande partout. Ce n'est pas ma meilleure comparaison.

J'ai un cauchemar devant moi. Comment peut-on s'infliger une telle chose ? Je ne peux pas la laisser dans cet état, je me dois de la protéger, même si on ne se connaît pas. La surveiller et l'aider, voilà ce que sera ma mission.

Les yeux gris étincelant posés sur moi me sors de ma torpeur. Je prends cet objet fragile d'un coup, en la soulevant du sol. Son regard change, elle regarde autour d'elle. Je me dirige vers l'infirmerie, d'un pas rapide.

Je me dois de l'aider et de l'accompagner dans le chemin de la guérison.

PDV Maya

Les murs bougent, mes pieds se balancent dans le vide et ma main est posée sur une nuque. Mes yeux luttent contre la fatigue. Je regarde autour de moi , mais ne vois rien. Un mal horrible prend place dans mon corps. J'entends une voix me parler, mais je ne l'écoute pas.

Tout est confus dans ma tête, je ne comprends pas la situation, je me sens perdue. Au bout de mes doigts, je sens des picotements. Je touche alors, et sens que c'est une nuque. Je remonte ma main, et ressens toujours les picotements. Je fais maintenant des cercles sur le crâne de mon sauveur.

Je me sens tellement mal que je ne réalise pas quand arrivant au bout d'un couloir que ma main est toujours posée sur son crâne. Je la retire et referme mes yeux. Je m'endors sur le matelas et disparaît.

Une main se pose sur mon épaule et me chuchote quelque chose à l'oreille. Je me tourne  vers cette personne, me force à ouvrir les yeux, me préparant à voir le visage noir de ma mère, je sursaute et regarde attentivement l'individu.

Des yeux verts perçants, des marques de rousseurs, un petit nez rond, des lèvres pulpeuses mais gercées et un crâne rasé. Voici le visage qui me scrute depuis mon réveil.