Qui suis-je?

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Je me réveille avec les cris de mes parents en alarme. Il est midi, je prends une heure pour pouvoir sortir de mon lit. Je pense à ma vie, à ma famille, à mes cicatrises, aux disputes de mes parents, à toutes les bêtises que j'ai pu causer cette année.

Je sors de mon lit, je me mets un pull et je descends dans la cuisine pour me prendre un verre d'eau. Je croise mon père qui ne m'accorde même pas un regard et il est allongé sur le divan. Je vois ma mère dans le jardin au téléphone.

Je remonte vite pour ne pas croiser ma mère quand elle aura arrêté sa discussion téléphonique. Je ferme ma porte à clé comme à mon habitude et je mets de la musique. J'augmente le volume au maximum de mon enceinte pour tout oublier et juste pour écouter et profiter de la mélodie qui envahie ma chambre.

Je danse pour évacuer toute la tristesse qui est en moi et je chante pour exprimer ma colère envers le monde. Je ne vois pas le temps passer et après ma playlist de 16 chansons passées, je me jette sur mon lit, épuisée. Je fixe mon plafond et décide de rester comme ça jusqu'à 16h.

Je me fais des rêves éveiller et décide de fumer pour décompresser. Je me lève difficilement, sors de mon sac ma poche contenant mon antistress qui se nomme cigarette. Je la sors de son paquet, prends mon briquet, la met entre mes longs doigts, allume difficilement mon briquet et l'allume enfin.

Je souffle dans l'air frais qui s'échappe de ma fenêtre ouverte. Je me sens mieux, la fumée me pénètre jusqu'à atteindre mes poumons. La cigarette se finit rapidement, je prends une dernière bouffée de celle-là et la jette à travers ma fenêtre. Je reste dix minutes à regarder le paysage, me tenant à la fenêtre et en pensant à la journée qui suivra celle-là.

« Pourquoi souffres-tu ? » me souffla une douce voix dans mon oreille.

« Qui est-ce ? » répondais-je.

« ça n'a aucune importance, réponds-moi : pourquoi souffres-tu ? » me souffla encore cette douce voix.

« Je.. Je.. Je ne souffre pas, je suis en pleine forme. » lui mentit-je.

Après un sifflement, la voix disparue. était-ce mon imagination ? Je me le demande... Mais, pourquoi... ? J'ai dû rêver. Je m'interroge...  Après cinq minutes à essayer de trouver l'origine de cette voix, je me regarde dans la glace.

Je vois une jeune fille ayant des cheveux longs, une poitrine informe, un corps maigrichon, des yeux gris clairs, un style décalé et différent, des ongles longs vernis en noir mat, un visage fin et remplis de piercings au nez, aux oreilles et à la bouche.

Dans la rue les gens se retournent sur mon passage pour me regarder, peut-être que je les intrigue. Je n'ai toujours pas prise l'habitude de ces regards. Ah, Maya, oublie ça ! Pour oublier toutes ces pensées, je décide d'appeler une de mes amies, Estelle. En l'appelant je sais que je vais pouvoir rigoler, on adore se raconter des blagues nulles.

« Alors, tu es prête pour demain ? » se moqua Estelle.

« Ah Ah, tu le sais très bien. Je vais lui mettre une grosse tarte à celui-là !!! » hurle-je.

« Il va vite regretter d'avoir raconté toutes ces rumeurs dégeulasses sur toi. » Dit-elle.

Oui, les rumeurs.. Les fameuses. Ah, il ne m'a pas aidé avec ça ! Alors, déjà que j'ai un style qui fait retourner plus d'un sur mon passage, que j'ai un corps informe, que j'ai de gros problèmes avec mes parents, que mes notes chutent et que j'ai pleins de bleus et de cicatrises sur mon corps.

Il a décidé de lancer des rumeurs à mon propos comme quoi j'étais maltraitée par mes parents et que j'étais guine. Alors là, il a tout faux. Je ne me fais pas battre par mes parents et je ne suis pas lesbienne. Oui, je ne le suis pas.

Même si je ne suis jamais sortie avec un garçon, avec personne d'ailleurs. Je ne me suis jamais posée la question sur ma sexualité. Mais, oui, qui suis-je? Qui suis-je ? Je me suis posée cette question juste après notre discussion avec Estelle. Et toute la nuit d'ailleurs. Je me suis allongée sur mon lit, mon ordinateur sur mes genoux .

J'ai commencé à faire des recherches sur la sexualité, les LGBTQ+, des questionnaires pour le savoir, etc. Je n'ai rien pu trouver, je ne suis jamais tombée amoureuse d'une fille ou d'un garçon.

De toute façon je le saurais au moment venu. Mais si j'aime les filles j'aurais de gros problèmes au lycée, dans ma famille et dans la rue. Arh, je dois arrêter d'y penser ! Après ces pensées, je pose mon ordinateur sur mon bureau et je me dirige vers mon dressing.

J'en sors un crop-top blanc transparent, une brassière en dentelle noire, mon slim bleu à trou, mon collant noir en résille, ma grande chemise à carreaux rouge et noir, une paire de boots à talon haut noir à lacet, un chokers en velours noir, des écarteurs et un assortiments de bagues.

Je pose tout ça sur mon fauteuil et sur ma commode. Je pose mon sac à côté de mon siège et je m'allonge sur mon lit. à peine avoir touché mon lit que ma mère m'appelle pour manger, car c'est la fin de ma punition. Je décide de descendre sinon elle va se poser des questions.

En arrivant dans le salon, mes parents sont à table à manger un gratin de choux fleurs. Rien que regardant la tête du plat j'en ai des hauts le cœur. Je prends ma place et décide de manger un morceaux du gratin.Ma mère me lance des regards noirs, mon père regarde la télé et moi je joue avec le choux fleur dans mon assiette.

« Maya, manges. » me lança ma mère sur un ton sec.

J'amène une bouché du choux à ma bouche, mâche difficilement et avale avec dégoût. Ma mère me regarde avec mépris. Juste après le repas je me lève et vais dans ma salle de bain.

Je ferme la porte à clé de ma chambre et de ma salle de bain. Je me mets au-dessus de mon lavabo, me regarde dans le miroir et vois une inconnue en train de pleurer. Mes gouttes tombent une à une dans le lavabo.

Je mets mes deux doigts dans ma bouche et les enfoncent dans ma gorge. Je me force à vomir dans mon lavabo et sens une sensation désagréable en les mettant dans ma bouche. Je le fais plusieurs fois et je vomis dans mon lavabo. Je reste immobile me regarder dans le miroir.

Je pleure, nettoie mon lavabo et me lave les mains. Je rentre dans ma chambre et commence à écrire dans mon journal. J'éteins la lumière, me mets dans mon lit et dors.

Maya [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant