You saved me [Terminé]

Étape 2 : La solitude

Je suis une lycéenne tout à fait normale d'apparence. Mes cheveux sont mi-longs et noirs, légèrement ondulés, mes yeux sont noisettes. Je ne suis ni trop maigre ni trop grosse, ni trop petite ni trop grande ; je suis parfaitement banale. Avant, j'étais pleine de vie, on entendait toujours mon rire, j'étais heureuse. Désormais, je sais sourire quand il le faut pour paraître bien à l'intérieur, et mon rire a presque disparu.

Cela fait un mois que je réfléchis sérieusement au fait de m'ôter la vie. Comme le ciel ne semble pas vouloir me la prendre de force, je vais la lui donner. Je ne compte même plus les nuits blanches que j'ai passé à pleurer et à réfléchir. Quelquefois quand j'étais seule chez moi je pleurais, criais, hurlais de toute mes forces, j'injuriais le ciel, je frappais les murs. Puis je m'écroulais au sol, et restais comme ça pendant de longues minutes. Quand j'ai commencé à réfléchir à ce choix que je veux prendre, j'y réfléchissais tellement que je n'arrivais pas à me concentrer pendant les cours. Je me mettais à pleurer silencieusement en classe. Personne ne me posais de questions dans ces moments là.

Ces derniers temps la solitude que je ressens est encore plus grande, étant donné que je suis toujours seule chez moi. Nathan est parti il y a huit jours en centre de désintoxication, ma mère est chez sa soeur pour se changer les idées, et mon petit frère Jules est parti avec elle, lui permettant ainsi de passer du temps avec sa tante. Ma mère a cru bon de me laisser de l'espace afin de respirer. Le problème c'est qu'elle ne s'est pas rendu compte que ça fait l'effet inverse : seule, je  m'étouffe dans ma solitude. Je n'ai personne à qui parler, personne à qui confier toute la rage et la tristesse que je ressens.

J'ai beaucoup réfléchis à la façon dont j'allais me ...m'ôter la vie. Malgré mon choix, je n'arrive toujours pas à prononcer le mot en question. Je n'ai toujours pas décidé. Malgré cette idée ferme qui m'est ancrée dans la tête, je continues à me rendre en cours, car cela me fait sortir de ma bulle de solitude car j'ai quand même, malgré la perte brutale et blessante de ma meilleure amie, quelques amies très gentilles. De plus je ne veux que personne ne se doute de quoi que ce soit. Je ne veux pas qu'ils me supplient, ou qu'ils me prennent en pitié. Je ne parle donc pas de la destruction progressive de ma vie. Je me contente d'agir normalement, de parler comme d'habitude, et de ne pas trop attirer l'attention sur moi et sur mon sort. J'ai pris goût à ma solitude. C'est elle qui renforce ma conviction chaque soir.

Et ma famille me diriez-vous , ou du moins ce qu'il en reste. Ai-je pensé au mal que ça leur fera d'apprendre ma mort ? Oui j'y ai pensé, pendant ces nombreuses nuits blanches. Que ressentirons ma mère, Nathan et Jules quand ils sauront que j'ai décidé de faire ce choix ? Pour Nathan c'est simple. Son choix à lui pour se sortir de tout ça, c'est l'alcool et la drogue. Mon choix à moi est simplement différent. Malgré le fait qu'il soit en centre de désintoxication il ne fait aucun effort pour aller mieux, alors que moi je sais que j'irais mieux. A propos de ma mère elle m'a laissé ici sans chercher à m'apporter son soutien. Et puis deux enfants sont déjà assez difficile à gérer avec cette situation. Quant à Jules, il n'est pas un argument suffisant pour me faire rester dans ce monde. Ce n'est pas méchant, je pense seulement que deux personnes pleines de chagrin sont amplement suffisantes. Je n'aurais rien à lui apporté, je ne suis désormais plus qu'une coquille vide.