Elle comme Loyauté (AMBW)

XI. Les masques tomberont

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• Trois jours plus tard•
Dillon, Montana, USA

Le paysage qui se dessinait à l'extérieur de la voiture lui était familier, Minori ne pouvait dire s'il se souvenait des lieux pour les avoir fréquenté autrefois ou si les souvenirs attachés à cette ville lui étaient tellement précieux qu'il essayait de se raccrocher au moindre détail.

À l'extérieur le temps était nuageux, le soleil ne faisait que de brèves apparitions dans le ciel dont la couleur tirait vers le gris. C'était comme-ci il miroitait ses émotions. Avant de prendre l'avion il avait prit soin de vérifier les conditions météorologique. Une averse se préparait, mais ils avaient encore deux heures devant eux avant qu'elle ne s'annonce et ils ne leur restaient que dix minutes de trajet avant d'atteindre leur destination.

Malgré sa taille, Dillon possédait un aéroport que la ville partageait avec les villages environnants. Il se trouvait à seulement vingt minutes en voiture et volait exclusivement à échelle nationale. Le panneau qui annonçait l'entrée de la ville finit par apparaitre sur le bas côté de la route. Normalement il ne tarderait pas à voir le manoir où il avait vécu de ses douze ans jusqu'à son départ au Japon à quelques mois de ses dix huit ans. La bâtisse se trouvait sur la plus haute colline et était à portée de vue par tous les habitants de Dillon. Quand il y habitait il la référait comme étant sa tour d'ivoire.

Minori jeta un regard vers Sira. Depuis le début du voyage elle n'avait échangé plus de trois phrases et la plupart avaient été adressé au personnel de l'aéroport. Ce mutisme ne dérangeait pas le Kyodai. Si cela pouvait lui permettre d'être à ses côtés il l'accepterait même si c'était à la condition de la voir dans cet état. Elle était recroquevillée sur elle-même la tête posée contre la vitre. Pensive.

Il essayait tant bien que mal de ne pas lui jeter des regards toutes les trois secondes ou de lui demander si elle avait besoin de quelque chose. Dans ces moments là il savait que la quiétude était la seule chose qu'il pouvait lui offrir. Il n'avait même pas osé allumer la radio. Le trajet se déroulait silencieusement si ça n'était pour le ronronnement persistant du moteur.

À l'annonce du décès de son propre père, il se rappelait son envie de vouloir être isolé de tous. Pourtant sa relation avec son géniteur était loin d'être parfaite. Il ne pouvait imaginer ce que traversait Sira en ce moment.

Lors de leur passage à la douane, elle avait brièvement dû retirer ses lunettes de soleil. L'espace de quelques secondes Minori avait vu à quel point ses yeux étaient gonflés et ne reflétaient plus la lueur espiègle qu'elle arborait en permanence. Ils lui parurent éteints.

Une vision déstabilisante. L'impuissance était un sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis son adolescence. Si il avait laissé libre cours à ses pensées intrusives, il aurait lâché ses bagages à ses pieds et aurait prit la jeune femme dans ses bras pour la protéger de tous les maux mais il savait que malgré ses bonnes intentions il ne pouvait malheureusement rien faire qui pourrait arranger la situation. Cette conclusion le rendait fou.

D'autant plus qu'il savait qu'il était partiellement responsable de la mort du père de Sira.

La cause officielle a été jugé comme accidentelle. L'ancien policier était en voiture quand les freins de sa voiture ont cédé. Il avait ensuite perdu le contrôle du véhicule et s'était encastré contre un arbre. Le rapport de police stipulait qu'il n'avait pas tout de suite succombé à ses blessures. C'est dans le camion qui le transportait vers l'hôpital qu'il finit par rendre son dernier souffle.