Elle comme Loyauté (AMBW)

XVIII. Cause du décès.

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Le temps était couvert. Obscurcit par des nuages gris, le ciel menaçait de pleurer sur la ville de New York et plus particulièrement le gros nuage qui englobait le quartier de South Bronx. Il n'y avait pas âme qui vive mise à part les quelques chats errants regroupés autour de poubelles pleines des habitations environnantes. 

Il n'était que six heures du matin sur Morris Park*.

Sira marchait d'un pas déterminé en direction de chez Isaiah. Minori s'était d'abord montré réticent et avait insisté pour qu'il l'accompagne mais elle lui avait assuré qu'elle ne risquait rien. Il n'habitait qu'à quinze minutes à pied de chez elle. Elle avait fait ce chemin un nombre incalculable de fois et savait se défendre si sur sa route elle faisait une mauvaise rencontre. 

Elle avait dû lui rappeler pour la énième qu'elle faisait pratiquement partie des forces de l'ordre et qu'elle n'avait pas besoin qu'il la protège.

Il lui fallait impérativement récupérer la seule chose qui la rattachait encore à son père, ses écrits ainsi que ses photos qui étaient stocké en sécurité dans l'ordinateur que Isaiah avait récupéré la veille. Tant pis si il n'avait pas eu le temps de le cracker, elle s'en soucierait plus tard. Bien que Minori finit par accepter il ne lui avait laissé que trois heures pour se préparer à quitter la ville. 

Pour aller où? 

Elle n'en savait que trop rien, et elle n'avait pas pensé à lui demander ne voulant pas se retrouver face à un énième choc.  Les révélations de la veille étaient encore fraiches dans sa mémoire et Sira avait également besoin d'un moment de répit pour pouvoir commencer à les digérer. 

C'était aussi la raison pour laquelle elle avait refusé que Minori l'accompagne, elle avait besoin de temps à elle pour elle.

Minori et Eiichiro étaient des Yakuzas. 

— Minori et Eiichiro sont Yakuzas. 

Elle ne voulait pas se dissocier de cette vérité qu'on lui avait annoncé. Prononcer ces mots à voix haute, même sans tomber dans l'oreille d'un interlocuteur rendait les choses plus concrètes. Indéniable et indélébile.  

Il avait donc était arraché à elle pour suivre la lignée tracée par son père au Japon. Rejoindre les rangs d'un gang en déclin qui cherchait désormais à s'exporter en Amérique et plus précisément à New York. 

Sira se surprit à repenser à leur jeux d'enfants qu'ils affectionnaient tant. À l'époque déjà, il ne rétorquait jamais quand constamment elle lui demandait de prendre le rôle du méchant.

Quelle ironie sordide !

Pour les deux amis d'enfance, un destin aux itinéraires contraires s'était tracé. Ce même destin qui des années après les réunissaient de manière inéluctable. Maintenant qu'il était à nouveau à ses côtés Minori l'avait choisi. Il avait balancé d'un revers de la main tout son héritage pour sa sécurité à elle. 

C'était romantique si elle ne prenait pas en compte le fait qu'on voulait l'enterrer six pied sous terre.

Si son père avait encore été là, elle l'aurait appelé pour lui demander des conseils ou même pour entendre sa voix. Monsieur Brown avait toujours énormément apprécié Minori. Même après son départ.

Il est vrai qu'à partir de ses 15 ans, il voyait d'un mauvais oeil, les allées et venues de ce dernier après une certaine heure et avait réclamé que les deux adolescents ne se voient que les week-end prétextant les devoirs que Sira devait faire.