Des cartons

34 3 0
                                    

« ça ne se fera pas un en jour, mais un jour ça se fera. »

J'enjambe actuellement les cartons dans lesquels sont entassés mes centaines de bouquins, mon matériel de dessin, et tout les autres objets auxquels j'aurai pu tellement m'attacher au point de les emmener avec moi à...c'est où déjà ? Pfff

J'ai dis oui, enfin...en réalité j'ai rien eu à dire, d'après mes parents c'était déjà oui avant même de m'en avoir parlé. J'angoisse depuis environs trois semaines. Depuis que c'est devenu concret, ma mère m'a montré la maison qu'elle avait acheté, à première vue rien à voir avec la notre. Pas de grande allée en graviers, pas de lierre sur la façade, pas de jardin remplit de rosiers. Rien mise à part 4 façades blanches.

Pour résumer : je quitte donc, ma maison, mon père que je ne verrais qu'une fois par mois dès a présent, Charlotte ma psy (ça c'est le pire car elle me donnait la force d'avancer), je quitte ma routine...
Jamais je ne m'en sortirai.

C'est avec la boule au ventre et la nausée que je monte dans la voiture de ma mère pour une dizaine d'heure de route.

Il fait 7 degrés mais j'ouvre ma fenêtre, j'ai besoin d'air. Je vacille entre le fait de vider mon estomac d'un instant à l'autre et le fait d'avoir mal aux fesses d'être assise depuis quelques heures.

Ma mère essaye de faire diversion mais je ne prend pas le temps de répondre. Trop perdue dans mes pensées.
Je n'entretiens pas une bonne relation avec mon père mais je me ferai certainement une joie de revenir chez moi chaque mois.

J'ai fini par m'endormir. Mais les tournants des routes sinueuses du village dans lequel nous sommes arrivées perturbent mon sommeil.
- Nous sommes arrivées dans notre nouveau chez nous. Me dit ma mère dans un sourire presque convainquant.

Je sors de l'habitacle et m'étire. Un frisson parcours mon corps.
En effet la maison n'est pas attirante, elle est fade, sans vie. C'est claire, ça change et je déteste ça.

C'est sans grande conviction que je suis ma mère jusque dans le salon vide. Tout est blanc, froid. Elle me fait visiter mais je fais semblant d'écouter,  me tardant de m'habituer à ce nouveau lieu et Dieu sait que ça va être difficile.

Je suis plutôt pessimiste je l'avoue, je vois tout négativement mais c'est ma manière d'être et ça ne changera pas. Enfin pour l'instant.

Je regarde le passage incessant des déménageurs depuis le fauteuil brun, encore emballé. Je fais la tête mais ça n'a l'air de perturber personne à part moi. Ils montent et descendent tel un ballet créant des courants d'air froid, comme si l'hiver ne l'était pas assez.
Je déteste l'hiver.

Et s'il suffisait ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant