A comme Armoire

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"Chaque personne est une armoire pleine d'histoires, il suffit d'ouvrir les tiroirs, c'est comme un chapelet qu'on égrène."

Tahar Ben Jelloun.

Silencieux.

Silencieux comme une ombre.

Se déplacer lentement, ne faire aucun bruit.

Stiles respirait à peine. Le moindre bruit qu'il percevait l'arrêtait en plein mouvement. Il y était presque, plus que quelques centimètres et il atteindrait son but. La réunion de la meute n'était cette fois qu'une façade, bien sûr c'était important de bien s'entendre, d'apprendre à se connaître un peu plus, d'être soudés, unis. Mais il était un homme en mission. Il s'était éclipsé tranquillement, prétextant un besoin urgent alors qu'il les abandonnait dans le salon avec un quelconque film à l'eau de rose. Lydia avait été intraitable, ils avaient abdiqué faibles hommes qu'ils étaient.

Au lieu de continuer tout droit après les escaliers direction la salle de bain, il avait bifurqué à droite en direction de la chambre du grand méchant loup. Son coeur avait considérablement ralenti quand il avait ouvert la porte, inquiet à l'idée qu'elle puisse grincer, seulement, cela n'avait pas été le cas. Il avait pris ça pour un signe. Celui de continuer. Avec une lenteur exagérée, la musique de mission impossible dans un coin de sa tête, il avait repris son exploration, il avait besoin de ce t-shirt. C'était devenu une lubie qui l'empêchait presque de dormir, après de nombreux rêves érotiques impliquant un t-shirt de Derek porté sur sa personne totalement nu et un sourwolf très content et généreux de sa personne. Et c'était chaud, très chaud voir bouillant, il devait changer régulièrement ses draps, son père commençait à le regarder bizarrement. Enfin, plus que d'habitude.

Il aurait pu demander un t-shirt à Derek, seulement, ils ne sortaient pas ensemble. Il devait donc le lui emprunté. Oui emprunté, il n'allait pas le voler, puisqu'il avait l'intention de le lui rendre... un jour. Anonymement. Il était peut-être fou, mais absolument pas suicidaire. Non mais oh !

Il devait trouver un t-shirt, il aurait préféré un déjà porté mais la buanderie était hors de portée, trop près du salon à l'entrée et aucune raison valable d'y entrer. Il allait donc assouvir en partie son fantasme et enfin passer à autre chose. Qu'importe qu'il soit tombé amoureux de son Grognon Sexy. A force de se trimballer à moitié à poil, pour un oui ou pour un non devant lui, il ne fallait pas s'étonner du résultat. Bon, le physique seul n'était pas l'unique raison de son inclinaison pour lui. C'était tout à fait normal au vue de l'homme sombre, mystérieux et dangereux qu'était son ami, il était un jeune adulte normal avec une sexualité en accord avec son caractère. Pourquoi se limiter ? Pourquoi choisir ?

Finalement, on ne choisissait pas de qui on tombait amoureux. Mais Stiles n'était pas assez fou pour retomber dans les méandres d'un second amour non partagé. Il fera en sorte d'oublier Derek. Derek était un ami, rien de plus.

Son souffle se coince dans sa gorge alors que sa main attrape doucement la poignée de l'armoire noir laquée. Lentement les portes s'ouvrent sur le Graal, les affaires de l'être aimé sont là, rangées de façon claire et méthodique. Stiles sourit triomphant, finalement ce n'était pas une mission aussi difficile qu'il le pensait. L'objectif atteint, l'humain se détend considérablement alors qu'il farfouille, essayant de ne pas trop les froisser, ses yeux accrochent une couleur incongrue. Du rouge. Pas un petit rouge bordeau sombre, non, un rouge qui attire le regard, perdu entre des vêtements essentiellement noir ou gris.

- Du rouge ? Mais qu'est-ce que ... ?

Stiles intrigué par cette touche de couleur, sa main agrippe la matière étrangement épaisse pour un t-shirt en coton simple que Derek porte habituellement. Une capuche apparaît devant ses yeux ébahis, ce vêtement ne lui ai pas totalement inconnu.

- Mais c'est à moi !

Lui qui pensait l'avoir perdu au lycée, après tout, il l'avait cherché partout. Chez Scott, Lydia même chez Jackson, il n'y avait mis qu'une seul fois les pieds dans sa garçonnière outrageusement high-tech, enfant pourri gâté. Ça l'avait écœuré et rendu jaloux, soyons sincère un instant.

Les poils de Stiles se hérissent, son corps se tend instinctivement, tous les sens en alerte. Quelque chose ne va pas, peut-être a-t-il entendu quelqu'un monter les escaliers ou encore ses amis l'appeler de peur qu'il se soit perdu. 

Tout sauf quelqu'un derrière lui. 

Stiles inspire profondément et pris tous les dieux dont il peut se souvenir avec une rapidité effroyable. Trop d'information.

- Stiles...

Et merde. Les dieux n'écoutaient plus de nos jour, les bonnes choses se perdent. Un faible oui perce ses lèvres, le corps tendu, dans un arrêt stupide.

- Qu'est-ce que tu fais dans mon armoire ?

- Je veux aller à Narnia ?

- Stiles.

Stiles n'as vraiment pas envie de se retourner, parce qu'il allait sans doute avoir le droit aux yeux d'Alpha et aux sourcils accusateurs. Et il ne parle même pas de la rouste qu'il risque de recevoir pour avoir oser empiéter sur l'intimité du lycan.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je...

Ses mains se referme sur le sweat à capuche à la couleur indécente, il se retourne avec le vêtement. Stiles tente un sourire canaille, comme si, tout était absolument normal.

- Sérieusement du rouge ? Depuis quand tu portes du rouge, tu sais qu'on dirait celui que j'ai perd...

- Stiles.

La mâchoire de l'humain claque, est-ce que Derek était nerveux ? Son cou proteste lorsqu'il relève vivement la tête pour voir Derek fuir son regard. Stiles humidifie ses lèvres d'un léger coup de langue.

- Tu... attends...

Ses mains s'activent sur le vêtements pour trouver ce trou près de la poche droite ou encore ces points délavés près du coude gauche. A peine a-t-il trouver l'une de ces particularités que le vêtement lui ai retirée vivement. Stiles contemple le visage rouge de Derek dont les mains maltraitent distraitement son sweat alors qu'il contemple l'armoire derrière lui.

D'accord. Bien, c'était peut-être pas aussi impossible qu'il le pensait finalement.

- Je voulais un de tes t-shirt. Bon, j'aurai préféré un de ceux que tu as déjà porté mais... Bref, je comptais me masturbé avec une fois à la maison dans ma chambre. Juste moi, nu et ton t-shirt.

Les yeux de Derek se braquent dans ceux de Stiles, un océan noir de désir mange ses pupilles, l'humain se lèche les lèvres d'appréhension. La voix rauque du lycan s'élève, enflamme ses reins et crée une onde de plaisir.

- Montre moi.

Mission accomplis au-delà de toute espérance. 

Abécédaire de mots imposésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant