F comme Fraise

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"Le cœur en forme de fraise,

S'offre à l'amour comme un fruit inconnu."

Fiançailles pour rire (1939)

Louise Lévêque de Vilmorin.

Stiles trouvait ça drôle. Sincèrement. Le comportement de son compagnon était hilarant, deux heures qu'ils faisaient les magasins, pas ceux en centre ville, avec des fringues, des bric à bracs. Non, ils écumaient les grandes surfaces, rayons fruits et légumes. Derek regardait attentivement les étales, les fusillant du regards, marmonnant à chaque fois quelque chose inintelligible dans sa barbe de trois jours. Seulement, à chaque fois qu'il lui demandait ce qu'il cherchait, il fronçait les sourcils, le regardait de haut en bas avant de reprendre sa marche direction la sortie et un autre magasin en périphérie d'une autres villes à quelques kilomètres de Beacon Hills.

C'était hilarant. Jusqu'à un certain point, maintenant, ça rongeait la curiosité de Stiles et ses nerfs commençaient à le fatiguer. D'autant que Derek ne voulait toujours rien dire, grognant tout seul dans son coin et les conduisant de magasin en magasin. Stiles regardait la route défiler à travers la fenêtre passager, la jambe tressautante et la mâchoire serrée. Il avait bien tenté de se calmer à coup de musique mais son homme avait éteint tout de suite. Il avait soupiré, demandé ce qui n'allait pas, malheureusement le lycan n'avait daigné que lui lancer un regard en coin. C'était frustrant, pourtant, Stiles s'était battu pour que le grincheux comprenne l'importance de la communication dans leur couple.

- Je ne sais pas ce que tu cherche Der' mais tu sais qu'il y a des primeurs dans le centre ville de Beacon Hills, hein ?

Le bruit d'une claque le fait sursauter, qu'est-ce qui vient de se passer ? Ses yeux se braque sur l'homme de sa vie, scrute attentivement son visage alors que la camaro fait une brusque embardée sur la ligne droite pour faire un demi-tour sur les chapeaux de roues. Une marque rouge s'étale sur le front de Derek et Stiles glousse, hilare.

Les enjambées du lycanthrope sont vives, rapides presque fébriles et l'humain voudrait pouvoir en rire comme un peu plus tôt dans la voiture sauf qu'il doit presque courir pour suivre Derek et ce n'est pas drôle. Pas drôle du tout parce que les gens autour se moquent de lui. Et il a l'impression d'être un stupide chien qui poursuit son maître. Il ne manquerait plus qu'il batte de la queue tient ! Bref, ce n'est pas bon pour son ego et sa confiance en soi. Qui a tendance à être très bas en dehors de la chambre conjugale. C'est un faible prix pour être maquer avec un dieu grec.

Stiles passe les portes de la boutique quelques secondes après le loup-garou, il le cherche un instant des yeux pour tomber sur son dos large à moitié plié vers des fruits.

- Des fraises ?

- J'ai envie de fraise.

Derek grogne, les oreilles rougies par la gêne.

- T'es enceinte ?

Un profond soupire répond à cette question totalement idiote, mais, Stiles ne pouvait pas, ne pas la faire. C'était beaucoup trop tentant pour son cerveau d'hyperactif. Son conjoint le fusille du regard avant d'aller payer son achat. Stiles sourit, son homme était une véritable guimauve, qui aurait pu croire qu'il soit aussi tenace pour une envie subite. Il était loin le temps ou pour calmer sa frustration il se réfugiait dans le sport intensif. Il s'ouvrait plus au monde, bon, beaucoup plus facilement à lui qu'avec le reste de la meute. Mais il ne couchait qu'avec lui en même temps. Enfin... non... Derek était du genre très fidèle après tous les déboires amoureux qu'il avait connu.

Derek installe délicatement les fraises dans le coffre de sa voiture à côté des autres courses qu'ils avaient éffectué un peu plus tôt.

- C'est étrange, je ne savais pas que tu étais un grand fan des fraises... il faudrait de la chantilly avec...

- On en a acheter.

- Quoi ? Quand est-ce qu'on en acheter ?

- Dans le premier magasin, l'habituelle.

- Mais tu n'aimes même pas la chantilly.

- Faux.

Derek s'engage sur la route, les yeux braqués devant lui. Sa main droite se pose délicatement sur la cuisse de son compagnon, le visage serein maintenant qu'il avait acheté ses fraises.

- Faux ? Tu te fous de moi ? Ce n'est pas moi qui ai refusé une part de gâteau parce qu'il y avait de la chantilly !

- Pourtant, j'adore la combinaison chantilly et toi qui la déguste...

Stiles sourit, plongé dans un souvenir assez lointain, les yeux dans le vague. Ce passage là avait été interdit au moins de 18 ans. La meute avait évité la cuisine pendant deux mois, tant ils avaient été créatifs et plein de lubricité, cela avait imprégné la pièce, c'était un souvenir épique absolument délicieux. Stiles enlace les doigts de Derek sur sa cuisse.

- C'est vrai. Ça a le don d'accroître ton imagination et ton ardeur. Et pourtant, tu n'en manque jamais... Mais là c'est clairement pour manger avec des fraises, j't'avoue, je ne comprend pas...

Derek presse légèrement les doigts de son amant avant de caresser du pouce le dos de sa main, un léger sourire étire ses lèvres pleines.

- Je me rappelle d'une discussion, ça parlait de nos fantasmes et nos désirs... Chantilly, fraise et...

Derek se lèche les lèvres, le coeur battant vite et fort, légèrement nerveux. Pas qu'il avait peur, juste une légère appréhension.

- Et ?

- Que tu voulais me prendre.

Stiles ouvre grand la bouche, les yeux rond de surprise. Oh bordel ! Il en avait parler, c'est vrai mais il ne pensait pas qu'il accepterait un jour. Derek le satisfaisait complètement, tendre, doux quand il le fallait. Dur, passionné presque violent quand il en avait besoin. Animal et hors de contrôle lors des pleines lunes. C'était ainsi qu'était leur vie, pleine de passion, de dispute et de réconciliation. Aucun des deux étaient faciles à vivre, mais, ils se complétaient à merveille.

La voiture s'arrête devant leur immeuble dans un silence agréable et légèrement excité pour Stiles.

- Et c'est pour quel occasion ? Notre anniversaire est dans deux mois.

Derek secoue la tête alors qu'il porte la totalité des courses, laissant les fraises à Stiles et les clefs de la voiture pour la fermer à distance.

- On est le 14 demain...

- Je sais, on a tout les deux un jour de congé et alors ? Ce n'est pas la première fois.

- Février.

- Oh putain !

Derek passe la porte de l'immeuble alors que Stiles s'élance à sa poursuite. 

Est-ce qu'il avait déjà mentionné le côté fleur bleu de son compagnon ? 

Abécédaire de mots imposésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant