I comme Il y a longtemps que je t'aime...

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"Je voudrais que la rose

Fût encore au rosier,

Et que mon doux ami

Fût encore à m'aimer."

A la claire fontaine.

Stiles contemplait sans voir les tours imposantes de la Cathédrale de Notre-Dame, l'esprit à mille lieues de là. Deux mois qu'il était à Paris pour ses études, deux mois qu'il vivait dans la capital de l'amour, privé de la chaleur de l'homme de sa vie. Il avait naïvement pensé que Derek accepterait de continuer leur relation malgré la distance, qu'il n'y mettrait pas fin comme si ce n'était pas grand chose. Juste un cailloux qu'on pouvait éjecter de sa chaussure en cours de route.

Pas de préambule.

Juste va étudier, adieu, ne me parle plus. Jusqu'à la dernière seconde, il y avait cru.

Il avait guetté la silhouette imposante de cet homme qui venait de lui briser le coeur d'un revère de la main.

Quantité négligeable.

Stiles n'avait jamais voulu douter de l'amour de Derek, mais, force était de constater que le seul véritablement impliqué dans leur histoire, c'était lui.

Il s'était prit à rêver des vacances qu'il passerait chez lui en Amérique, vivant d'amour et de sexe pour recharger ses batteries et survivre à ses quelques années d'études. Après tout qu'est-ce que 5 ans maximum contre le reste de sa vie au côté de Derek ? Rien. Une broutille. Juste le battement d'un coeur. Et puis, il avait voulu que l'homme vienne prendre des vacances dans la ville lumière, prendre un petit-déjeuner typiquement français sur les champs élysée. Avoir le vertige en grimpant la tour Eiffel, entendre les voix chantantes parler français. Tellement romantique. Et peut-être même, à la fin de toutes ces années d'études, le demander en mariage dans la section Égyptienne du Louvre. Ou peut-être devant la Statue de la Victoire de Samothrace, comme un pied de nez au destin et à toutes les mauvaises langues qui affirmaient qu'il ne serait personne. Et qu'aucun être sensé ne voudrait de lui. Une victoire et la première pierre de l'adoration qu'il vouait à Derek Hale. Dieu grec foulant la terre des mortels.

Une larme coule sur sa joue, tombe sur le croquis qui prend vie sous le fusain qui glisse précautionneusement sur sa feuille à dessin. D'une main rageuse, un peu noire, efface la trace de larme sur sa peau et reporte toute son attention sur le devoir qu'il est train de réaliser. Les arches qui ornent les trois entrées commence à apparaître alors que la rosace de la façade est là, grossièrement exécutée pour le moment. Il se plonge dans sa réalisation, l'ébauche, les détails d'un côté. La découverte des courants et des inspirations d'architectes de génie et d'une envie de créer une Cathédrale unique en son genre. Un emblème à travers les siècles. Un trésor de la capitale française.

Son coeur saigne, mais, son esprit se nourrit de la beauté sous ses yeux. Ca l'aide a avancé même si, c'est différent d'avant. Il se sentait complet avec Derek et l'art. Maintenant qu'il n'y a que le deuxième, il ne fait que survivre. Il n'ose même plus demander des nouvelles de l'homme à son père. Trop peureux de savoir qu'il a refait sa vie, loin de lui. Alors, il étudie, se plonge dans l'histoire de l'art et la réalisation de projet. Il y a encore beaucoup trop de croquis, de livres d'esquisses qui ne comportent qu'un seul modèle humain, marqué au fer rouge d'un triskèle dans le dos.

Prit dans son dessein avec une intensité accrue, Stiles chantonne une chanson française, qu'il a appris au cours de ces semaines en compagnie de ses collègues étudiants. Ils mettaient un point d'honneur à lui apprendre plein de chose sur leur pays avec un engouement communicatif.

- Il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne t'oublierais ~

Le ton n'était pas tellement enjoué, juste concentré et peut-être un peu douloureux. Quelqu'un s'assoit à ses côtés, silencieusement, il sent le regard de la personne sur ses croquis et Stiles ferme la bouche, pour fredonner doucement la chanson. Il s'attend à un boujour et peut-être une discussion sur ce qu'il croque, peut-être un cours d'histoire, mais, rien. Que le silence, il se détend imperceptiblement. Il adore les français, ils sont complexes, certains joyeux, d'autres renfermés, encore certain coléreux mais ils sont vrais, vivants et si quelques choses les gènes, ils ne tournent pas autour du pot. C'est différent. Stiles adore ça. Ca lui donne une légèrement impression d'être un explorateur et un observateur. C'est drôle et agréable.

- Tu es sublime.

La main de Stiles s'arrête, son coeur s'emballe comme un fou et sa tête se relève vivement, craquant sous la sollicitation. Ses feuilles et son support tombent à ses pieds alors qu'il se relève, un bras tendu, armé de son fusain braqué sur l'intru.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Stiles...

- Non pas de Stiles ! Tu m'a quitté ! Sans que j'ai mon mot à dire !!! Rien ! Je t'ai appelé, je suis venu et je me suis même ridiculisé devant les collègues de mon père !!! Je t'ai annoncé que j'étais accepté aux beaux arts à Paris et puis après rideau !

- Je... je pensais que tu voulais rompre ! Je veux dire, toi seul dans la ville de l'amour, tu es étudiant, tu as la vie devant toi, je suis plus vieux et il est normal que je te rende ta liberté !

La bouche de Stiles s'ouvre, se ferme plusieurs fois, estomaqué. Finalement, il soupire profondément, ferme les yeux pour bloquer le torrent de larmes qui menace de dévaler ses joues. Sa voix se brise.

- J'ai tellement envie de te frapper.

Derek se relève et l'asphyxie dans son étreinte.

- Je le mérite.

- Je veux t'insulter, te maudire jusqu'à la dixième génération...

- Tu en a le droit... Je suis Stilessexuel, je ne compte pas avoir d'enfant de mon sang...

- Je t'aime tellement.

- Pas autant que moi.

- Oh si. Si tu m'avais seulement laissé le temps de t'expliquer, tu aurais compris que dans ce projet, tu y étais compris !

- J'aurais dû parler de mes peurs, mais, tu sais très bien que je ne suis pas doué pour ça... Je compte me faire pardonner, je te le promet !

Stiles renifle dans le cou de Derek, inspire ainsi l'odeur musqué et virile de l'homme de sa vie.

- Combien de temps restes-tu ?

- Jusqu'à la fin de tes études.

- Quoi ?

L'étudiant s'écarte, plonge dans le regard de Derek, les yeux écarquillés de surprise.

- J'ai trouvé un boulot à l'ambassade américaine le temps de tes études, avec la bénédiction de ton père et l'aide de mon oncle. Enfin, si tu veux.

- Si je ? Oh putain oui !

Sa bouche s'écrase sur celle de son âme-sœur, conquérant ce qui lui appartenait depuis le jour où il avait posé les yeux sur lui. Le moment venu, il lui dirait qu'il était tombé amoureux de lui le jour de la rentrée au collège, il l'avait croisé avec à son bras Paige, un sourire tendre accroché aux lèvres.

Il avait attendu son heure, jurant à son meilleur ami, que l'homme serait à lui.

Abécédaire de mots imposésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant