H comme Hortense

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"Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches et puis mon cœur, qui ne bat que pour vous"

Paul Verlaine.

Stiles regardait son téléphone, obnubilé par le message que son petit-ami lui avait envoyé quelques minutes plus tôt. L'annulation de son cours à domicile l'avait rendu fébrile et impatient, il allait pouvoir avoir une soirée en tête à tête avec l'homme de sa vie. C'était un peu précipité, mais, depuis le temps qu'il travaillait au corps Derek, il avait le droit de s'emballer. L'homme était un collègue de son père shérif, de six ans son aîné et le respect qu'il portait à son paternel l'avait freiné. Stiles s'était ridiculisé un nombre incalculable de fois avant d'avoir un seul rendez-vous. Puis, à partir de là, il avait fini par être moins réticent et depuis, ils coulaient des jours heureux. Enfin, il le pensait. Jusqu'au sms.

"Je ne peux pas. J'ai rendez-vous avec Hortense."

Ouais.

Son mec préférait voir une meuf plutôt que sortir avec lui. Il avait tenté de l'appeler, deux fois, pour tomber sur la messagerie, ce qui l'avait fait rager. Sa déception et sa colère, lui hurlaient de laisser un message, sarcastique et plein de venin. Mais, finalement, il s'était abstenu, rien n'affirme que la fameuse Hortense, soit une femme fatale de vingt-cinq ans, les obus pointant vers le ciel, hurlant à la terre entière sa contrefaçon et sa tricherie. Après tout, c'était peut-être une cousine, une soeur ou encore une grand-mère. Avec un dentier et une vision vraiment, vraiment très réduite.

Pour se changer les idées et parce qu'il avait un meilleur ami du tonnerre, ils avaient décidé de faire une sortie dans le nouveau bar, à quelques rues de leurs appartements. Depuis le temps, qu'ils souhaitaient y faire un tour. C'était un établissement agréable, fréquenté en grande partie par des étudiants et des artistes en tout genre. Le bar faisait des soirées à thèmes prisées et ce soir ne dérogeait pas à la règle. Des musiciens passaient sur la petite scène au fond de la salle, où des gens sur des banquettes en cuir et dans des alcôves pouvaient les écouter en toute tranquillité. Stiles papotait tranquillement avec Scott en sirotant un Mojito quand un artiste fut présenté sous le pseudo de "Sourwolf", le jeune homme se retourna vivement manquant de peu de tomber de son siège sous le regard ahuri de son meilleur ami.

- Stiles ?

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Là, sur la scène, un homme sublime apparaît une guitare à la main, un blouson en cuir sur le dos et une magnifique et excitante barbe de trois jours.

- Oh putain.

Les premières notes s'elèvent accompagnées de la voix grave et ensorcelante de son petit ami, des mots se forment pour directement s'enfoncer profondément dans son coeur de midinette qu'il ignorait jusque là avoir. Putain, il était en train de virer fangirl en moins de vingt secondes de chant. Sa queue se redresse dans son jean slim, c'est douloureux et excitant en même temps. Un côté maso en plus. C'était la soirée des découvertes. Ses yeux restent braqués sur l'homme de sa vie, scrutant et dévorant cette vision. L'intensité de son regard avait réussi à perturber Derek, qui jusque là gardait les yeux fermés, les avaient brusquement ouverts, plongeant directement dans ses orbes whisky. L'étonnement avait traversé son visage une fraction de seconde, loupant une seule note avant de reprendre, plus grave et sexy encore.

Jusqu'à la fin, ils ne s'étaient pas lâcher du regard. Puis, le glas, trop rapide, trop brusque, Derek avait rompu le contact pour descendre de scène.

Une éternité plus tard, il l'avait rejoint au bar, un léger sourire aux lèvres, sa guitare à la main.

- Bonsoir, Stiles.

Scott et le monde n'existaient plus, il n'y avait qu'eux. L'homme happa ses lèvres, l'entrainant dans un baiser exigeant, impitoyable, ses orteils se recroquevillent de plaisir, un feu ardant dans le creux de ses reins. Ses mains partent à l'assaut de la crinière ébène, l'attire toujours plus près de lui. Il a besoin de se fondre contre lui, de couler en lui, de ne faire qu'un. C'est impérieux, vital et le besoin d'air dans leurs poumons les écarte de quelques millimètres, le front coller l'un à l'autre. Une pensée traverse la bouillie qu'est devenue ses méninges. Derek avait de nombreux dons, mais, le plus remarquable était de faire taire la fourmilière qu'était son cerveau hyperactif.

Un véritable don du ciel.

- C'est qui Hortense, du coup ?

Derek glousse, c'est un bruit étrange, un genre de râle grave et incroyablement sexy. Un frisson parcourt la peau de Stiles en réponse.

- Ma guitare, Stiles. Je t'en ai parlé la semaine dernière.

- Ah bon ?

Derek brosse les lèvres de son homme, lentement, puis du bout de la langue goûte la peau.

- Hum-hum... je faisais mes tractions pendant que tu buvais ton café...

- Ah mais... j'ai une attention très diminuée quand tu es à moitié nu alors si en plus tu faisais tes exercices... normal que je n'ai pas enregistré.

Une toux insistante les éloignent l'un de l'autre pour se tourner vers le gêneur.

- Tient Scotty ! Qu'est-ce que tu fais là ?

Scott le regarde totalement ahuri, parce qu'il est sérieux ?

- Je t'ai accompagné !

- Ah oui... tient... peut-être...

Derek rit contre la gorge de Stiles, qui ferme les yeux, oublieux du monde une fois de plus, Scott soupire bruyamment et se casse en marmonnant des trucs sans queue ni tête pour les deux amoureux idiots et légèrement exhibitionnistes.

Abécédaire de mots imposésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant