Le 3eme Prénom

Chapitre 49

Kian

- Je sais que c'est difficile pour vous de comprendre nos motivations. Nous nous sommes montrés trop brusques dans notre approche, tout le monde n'a pas compris que la fondation ne recherche que le bien être des Hommes. La surpopulation, la surproduction, la surconsommation... Nous ne pouvions pas continuer comme cela. Alors la fondation a mis en place un plan de reprogrammation de l'espèce humaine et de tous ce qui constituait son quotidien. Mais peu importe, je vous en reparlerai plus tard, pour l'instant je dois vous embêter !

Le sourire de Nora, ma mère, s'élargit tandis que son regard se posait tantôt sur mon frère, tantôt sur moi. Je me forçai à avoir l'air heureuse de la revoir. Depuis plusieurs heures maintenant, je l'écoutais parler de Novus, et d'à quel point la fondation était formidable à ses yeux, et en retour, j'inventais notre périple. J'ignorais ce qu'elle pouvait savoir de nous, alors je gardais les mêmes destinations, mais cachais toute la partie où j'exprime ma rage contre elle et sa fondation infernale. Mes joues se crampaient à force de sourire bêtement. Mes mains restaient sagement posées sur mes genoux, sous la table, afin que je puisse serrer des poings à ma guise sans que Nora ne s'en aperçoive.

Hack restait silencieux. Je savais que cette rencontre le perturbait. Même en ayant compris mon manège, il avait en tête l'image d'une mère aimante et meurtrière. Il ne pouvait pas feindre un amour infantile comme je le faisais, mais il ne pouvait pas non plus lui tourner le dos complètement. Parce qu'en dépit de tout, elle restait notre mère, et il ne parvenait pas à se détacher de cette idée. Silver se tenait dans un coin de la pièce. Il écoutait calmement notre discussion, sans oser se mêler aux retrouvailles. De temps à autres, Nora s'adressait à lui avec une certaine fierté, comme s'il devait lui être redevable pour une quelconque raison.

- Vous aurez chacun une chambre au septième étage, j'y ai un logement. Samuel et Jackson, les fils de Dominic Preston, ont hâte de te rencontrer Hélène.

- Dominic Preston ? répétai-je avec un faux sourire distrait.

- L'homme que vous avez pu voir sur vos écrans, il y a quelques mois de cela. C'est lui qui est à l'initiative de la fondation. C'est un grand homme, malheureusement trop occupé pour que vous ne puissiez le rencontrer.

- Quel dommage, soufflai-je alors que je n'éprouvais que du dégoût pour cette homme.

La porte s'ouvrit alors sur le professeur Sutton, ce connard que je ne pouvais supporter.

- Docteur Jemlins, le sujet mélas lúkos est prêt. Nous n'attendons plus que vous.

- Très bien professeur, j'arrive, répondit-elle avec sérieux.

Elle se leva solennellement et nous adressa tout de même un sourire maternel.

- Je suis désolée de ne pas pouvoir rester avec vous, mais j'ai du travail ici, c'est important. Je vous retrouverai dans quelques heures, pour le repas. En attendant, Monsieur Rayers va finir de vous faire visiter les étages qui vous sont autorisés et vous conduire à vos chambres.

- D'accord, à tout à l'heure.

Hack hocha doucement la tête et Silver la salua respectueusement. Ils se montraient si distants que j'avais peur d'en faire trop. Mais si nous voulions avoir une chance de sortir d'ici rapidement, nous devions coopérer, ou du moins leur en donner l'impression. Dès que ma mère eut quitté la salle, suivie par le professeur Connard, un garde vêtu de gris nous fit signe de le suivre, tout en gardant le sourire malgré tout. Comme s'il n'avait pas une arme à sa ceinture. En passant à côté de lui, je ne pus m'empêcher de loucher sur l'étui et dus me faire violence pour ne pas m'emparer immédiatement du pistolet et le forcer à nous conduire à la sortie. Mais ça n'aurait pas marché. Nous étions trois et il aurait pu nous conduire à d'autres gardes plutôt qu'à la sortie. Je savais que nous allions devoir prendre du temps pour gagner leur confiance. Il allait falloir jouer le jeu, nous livrer à la performance de notre vie.