Le 3eme Prénom

Chapitre 48

Kian

Malgré mes demandes, ce ne fut pas ma mère qui vint à notre rencontre, mais un homme, vêtu d'une blouse blanche par-dessus un costume. Il fit ouvrir dans un premier temps la cellule de Silver, puis la mienne et enfin celle de Hack. Il se présentait propre sur lui, grand, classe, avec un visage sérieux, savant, celui du vécu. Même si cette absence de sous-vêtements me dérangeait au plus au point et me forçait à garder les bras croisés, je m'avançai et tentai de me donner un air imposant. Je n'étais ni grande, ni excessivement musclée, alors je m'étais tout en œuvre pour ne pas avoir l'air impressionnée. Mais nous ignorions où nous étions, où se trouvaient les autres et pourquoi nous étions ici. Je devais simplement ne pas me laisser faire. Nos cellules débouchaient sur un long couloir du même blanc pur et aveuglant que ce que nous avions vu du bâtiment pour l'instant.

- Bonjour, je suis le professeur Sutton.

- Nora, le coupai-je froidement sans manquer de lui décocher un regard noir.

Il sourit doucement comme s'il s'attendait à cette réponse ou que mon comportement l'amusait.

- Vous pourrez la voir bien assez tôt. Mais ici nous avons tous nos obligations.

- Et c'est où exactement ici ? demanda Silver sur la défensive.

Encore une fois, le professeur Sutton sourit. Je le haïssais déjà, lui, ses sourires et son horrible blouse blanche.

- Vous êtes au siège même de la fondation, dans nos services médicaux.

Il nous invita à le suivre d'un geste de la tête. Nous comptions protester, mais deux infirmiers à la carrure de colosses, probablement capables d'arrêter un bus à mains nues, nous forcèrent à le suivre tandis qu'il continuait son petit pitch.

- Lorsque nous vous avons trouvé, vous étiez en carence de nombreuses vitamines et minéraux. Mais étonnam...

- Vous ne nous avez pas trouvé, le contrai-je. Vous nous avez enlevés.

- Votre période « foras » avait pris fin. Vous deviez être rapatriés parmi nous.

Je fronçai les sourcils.

- Quoi ?

Le professeur Sutton se retourna quelques secondes, toujours avec le même insupportable sourire figé.

- La période « foras » est le temps que vous passez à l'extérieur, en survie. Vous êtes tous surveillés depuis le début, nous n'aurions pas permis qu'il vous arrive quoi que ce soit. Vous êtes pupilles de la fondation.

Ce qu'il disait n'avait aucun sens. Je ne pouvais pas croire que Novus ait toujours eu un œil sur nous, depuis le premier jour de notre voyage, quand il n'y avait que Hack, mon oncle et moi.

- Mais quand vous avez rejoint l'ampoule, c'est devenu plus difficile de vous suivre. C'est une zone sécurisée. Et tout va bientôt prendre fin. Nous avions besoin de vous savoir en sécurité, ici, et non pas là-bas, à porter des balles.

Ma langue me brûlait tant j'avais envie de l'insulter, lui et toute la fondation, des pires insultes qui ne me soient jamais venues à l'esprit. Je dus serrer les poings et enfoncer mes ongles dans mes paumes pour ne pas lui sauter dessus et le frapper jusqu'à ce qu'il perdre toute ses dents. Au moins il arrêterait de sourire comme le pire des cons.

- Pourquoi nous trois ? Pourquoi pas les autres ? l'interrogea Silver avec un contrôle que je lui enviais, j'avais juste envie de tout détruire comme une furie.

- Vous revenez à Novus.

Il regarda dans un premier temps Hack et moi, puis Silver.

- Théo et Hélène, vous êtes les enfants de Nora. Monty, vous et James avez participé pendant des années à nos sessions populaires, répondu à toutes nos questions. Il est donc légitime pour vous tous d'avoir une place en sécurité, ici.