Nous voilà donc arrivés au grand jour du déménagement et du départ pour le Royaume-Uni et la bourgade de Canterbury, à 2h de Londres et non loin de Douvres. L'excitation au sein du groupe était palpable, et le trajet s'est très bien déroulé. C'était vraiment amusant de voyager avec la vingtaine d'étudiants de notre classe ! Et puis on allait tous vivre ensemble, puisque pour ce trimestre et le suivant, c'est l'école qui se chargeait du logement. Il était donc prévu qu'on habite dans des maisons de 5 chambres. Sur la route de l'aéroport de Londres à Canterbury, un parisien de notre classe, A., m'a proposé de changer de chambre avec lui, après en avoir appris la distribution, qui ne lui convenait pas vraiment. Il m'a vendu la chose en insistant sur le fait qu'ainsi, je pourrais être avec "ma pote J." Quel argument intrigant, ce n'est que "ma pote", après tout. Mais pour le récompenser de sa malice, j'ai accepté.
Nous voilà donc installés sur le campus, dans des petites maisons très accueillantes et relativement bien équipées. On partage la nôtre (J., L. notre déléguée, et moi-même) avec une étudiante indienne et un étudiant américain, qui ne font pas partie de notre programme. Mais il est toujours bénéfique de rencontrer des gens d'autres groupes ou horizons. A partir de la, notre amitié s'est encore renforcée avec J., à force d'habiter ensemble, et notamment par solidarité face à la difficulté de vivre avec L. C'est une fille très gentille, mais terriblement éprouvante à côtoyer au quotidien. J. et moi, on se retrouvait donc souvent dans sa chambre pour regarder des films, le soir. Sans que je m'endorme, en plus ! Mais croyez-le ou non, je n'avais aucune arrière-pensée. C'était ma bonne amie J., point à la ligne.
10 jours seulement après notre arrivée à Canterbury, je suis parti au ski, dans les Alpes, sur un coup de tête. J'y ai rejoint des amis de Moselle, ma région natale. J'ai rarement autant ri pendant des vacances, j'en avais mal aux abdominaux. Mais une chose me tracassait, ou plutôt m'intriguait. Je recevais quotidiennement des messages de J., qui me demandait quand je rentrais, ou qui me disait que je lui manquais. Alors bien entendu, c'était dans la continuité de notre jeu de flirt, mais le nombre de messages et les termes employés m'ont parfois laissé perplexe. J'espérais simplement que tout se passait bien pour elle à Canterbury et qu'elle n'avait pas de souci. La semaine est passée très vite, comme toutes les semaines de vacances, et avant de traverser la Manche à nouveau, j'ai fait une escale à Paris pour y voir mes deux amis de longue date, Pi. et Ar. Avec Pi., on parle très rarement de filles, de nos relations ou de nos sentiments. Mais avec Ar., c'est bien plus facile. On a donc échangé sur nos activités sentimentales récentes, et on en est venu à parler de J. Pour lui, c'était clair, je devais tenter quelque chose. La pire chose qu'il aurait pu m'arriver était un refus. Alors qu'en cas de succès, je pourrais vivre quelque chose de bien, voire de fort, en avait-il déduit de la description que je lui avais faite de J. Le jeu en valait clairement la chandelle.
Malgre cette discussion, je n'étais pas convaincu. Mais vous savez, quand vous êtes seul (seul physiquement, mais aussi sentimentalement), comme lors d'un vol retour de Paris à Londres, vous avez le temps de réfléchir, et parfois, des idées farfelues peuvent naître dans votre esprit. Je me rappelais également les paroles de T., à Nice, et de fil en aiguille, j'en suis arrivé à cette conclusion : si deux de mes meilleurs amis me le conseillent, je devrais peut-être les écouter. Ils ne veulent que mon bien, après tout. Quelques heures de réflexion solitaire plus tard, ma décision était prise : à mon retour, je tenterai (enfin ?) quelque chose avec J. Mais j'attendrai le moment opportun.
Cependant, jamais je n'aurais pensé que ce moment arriverait si vite. Et pour cause, tout s'est passé le soir même de mon retour ! Je suis arrivé vers 22h, et à partir de là, j'ai perdu totalement le contrôle de la situation. Mais parfois, je pense qu'il faut simplement suivre son instinct et se laisser porter par le courant de ses pulsions. Tout d'abord, J. m'a demandé comment s'étaient passées les vacances au ski et le week-end à Paris. Ne me demandez pas pourquoi, encore aujourd'hui je ne saurais vous répondre, mais je lui ai annoncé la chose suivante : j'avais couché avec une fille, une de mes anciennes relations, à Paris. Pur mensonge. Mais je pense que mon for intérieur voulait observer la réaction de J. et voir, notamment, si elle en serait jalouse. Je ne pourrai pas dire que j'ai perçu de la jalousie, mais une grande surprise, cela, il n'en fait aucun doute. Aujourd'hui encore, je ne lui ai pas dit la vérité. Elle l'apprendra par ce récit si j'estime bon qu'elle le lise, et si elle accepte de le lire, bien entendu. Cette péripétie passée, tout s'est emballé. On est allé acheter à boire à la supérette du campus : du vin et de la bière. Puis on s'est installé dans ma chambre, pour regarder un film, comme d'habitude. Et on a commencé à boire. Et on a vidé les bouteilles. Et elle a tendu son bras, partie interieure vers le haut, pour que je lui fasse des "papouilles". Dans mon esprit, c'est l'effervescence. Je ne sais plus quoi faire. Mais je décide de me ressaisir. Je l'observe, je la regarde, dans les yeux, elle me rend ce regard, et finalement, on s'embrasse.

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J.
Non-FictionRécit autobiographique de ma dernière rupture amoureuse, qui m'a profondément marqué. Vous pouvez, bien entendu, donner votre avis ou juger mon comportement, son comportement, notre relation, notre rupture, mais je vous demande simplement d'être re...