Début avril, nous voici donc à Berlin. On a emménagé dans une maison où toute la classe habite ensemble ! Même les cours sont dispensés dans la maison, dans une salle au rez-de-chaussée ! C'est une expérience intéressante, je peux vous l'assurer. Avec J., on ne se pose même pas la question : je dépose mes affaires dans ma chambre, mais je dormirai tous les soirs dans la sienne. Ce sera "notre chambre". Par contre, une autre question pointe le bout de son nez : ses parents habitant Berlin, quand allais-je les rencontrer ? Je lui ai toujours dit que la décision lui appartenait, qu'elle prenne le temps qu'il faut. J'aime faire les choses avec simplicité et légèreté. C'est un peu mon motto. Pas de pression, ni sur moi, ni sur mes proches.
Agréable surprise, elle m'invite chez sa famille le premier week-end. Avec Kh., certes, mais cela reste assez significatif pour moi. Sa famille est géniale. Son père est très pragmatique, mais avec un regard plein de malice. Sa mère est une louve, elle ferait, donnerait et sacrifierait tout pour ses enfants. Mais à la fois, elle a un regard très apaisant. Sa petite soeur est d'une intelligence stupéfiante à son âge. Et son petit frère est un artiste hors-pair. La soirée se passe très bien, et on rentre avec le dernier bus, avec Kh. J. reste dormir chez ses parents. Je dors donc seul dans notre maison, c'est une sensation étrange quand on a l'habitude de dormir chaque nuit aux côtés d'une personne très appréciée.
La routine s'installe à Berlin, on va en cours, on cuisine, on va au sport, on regarde un film, on va au lit. On se sent parfois un peu enraciné, puisque tout se passe dans notre maison. On n'a pas vraiment besoin de bouger, même le supermarché le plus proche se trouve à une minute. Mais dans notre couple, au contraire, aucun ennui, aucune routine. On se découvre un peu plus chaque jour, et, aussi bizarre que cela puisse paraître, on ne connaît aucun conflit, ce qui arrive à beaucoup de couples lorsqu'ils passent 24h/24 ensemble. Cela peut peut-être s'expliquer par le fait qu'on a habité ensemble dès le début. Quoi qu'il en soit, je chéris tous ces moments passés avec elle, surtout pour nos rigolades. Je n'ai jamais autant ri avec une petite amie. C'est la que j'ai commencé à me dire : "J., c'est peut-être la bonne".
Heureusement, pour sortir de cette routine géographique, J. trouve un petit boulot, dans un bar-théâtre où elle travaillait déjà des années auparavant. Je vais parfois la chercher le soir, et c'est là que je découvre une tout autre facette de ma petite amie. Elle n'a qu'un statut de serveuse, mais elle effectue plutôt les tâches d'une manageuse. C'est une femme mature, organisée, déterminée, qui sait se faire obéir et respecter. J'adore m'installer au bar, avec une Weizenbier savoureuse, et l'observer travailler. Je fais la connaissance de ses patrons, un couple sexagenaire formidable, ainsi que de leur fils, gérant du bar, lui aussi très sympathique. Elle se fait beaucoup draguer par les clients ou les artistes du théâtre, mais cela m'amuse plus que cela ne m'agace. En ayant assisté, en cumulé, à plusieurs heures de son travail, je suis persuadé qu'elle saura toujours trouver sa voie professionnellement parlant.
Un peu plus d'un mois après notre arrivée dans la capitale allemande, J. part en long week-end à Barcelone, chez des amis. Je suis un peu tourmenté. Pas triste, mais tourmenté, puisque j'avais perdu l'habitude de ne pas l'avoir à mes côtés, depuis bientôt 4 mois. Pour me consoler, je saute dans le premier train pour... aller acheter la nouvelle console Nintendo, la Switch (défiant ainsi l'interdiction de J.). Lors de ce week-end, je remarque qu'elle est distante, voire froide. Elle m'explique avoir du mal à exprimer ses sentiments et son affection, surtout par message. Pas de problème, chacun a sa façon de gérer ce genre de choses. Et comme évoqué plus haut : simplicité et légèreté. Je ne vais - et ne veux - pas la mettre sous pression pour si peu.
Je vais l'attendre à l'aéroport à son retour, et je suis choqué par son bronzage, très prononcé : j'ai réellement l'impression d'avoir affaire à une autre personne. D'autant plus qu'elle est toujours aussi distante. Cela s'estompe néanmoins le lendemain, où elle redevient la petite amie collante, caline, et aimante qu'elle a l'habitude d'être (elle émet sans cesse des requêtes de "kuscheln", câliner en allemand). Mais je suis quand même tracassé par ce comportement, et c'est la première fois que je me pose la question si elle m'apprécie moi, pour ce que je suis, ou simplement ma présence, et ce qu'elle lui apporte. Ne voulant pas ruminer de pensées négatives, j'oublie cela et passe vite à autre chose.
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J.
Non-FictionRécit autobiographique de ma dernière rupture amoureuse, qui m'a profondément marqué. Vous pouvez, bien entendu, donner votre avis ou juger mon comportement, son comportement, notre relation, notre rupture, mais je vous demande simplement d'être re...