Arrive le moment fatidique des adieux. Mon ami, mon frère, Kh., doit partir très tôt le matin pour avoir son avion. J'en ai encore le coeur déchiré. Je pleure, mais parvient à ravaler mes larmes au bout de 5 secondes. Heureusement, J. ne pleure pas. Je n'aurais pas pu me retenir si ça avait été le cas. On a vécu dans un triangle amical avec J. et Kh. pendant les 5 derniers mois, et on a vécu des moments très forts. On se promet de se revoir l'année suivante, en allant lui rendre visite en Indonésie. J. et moi, on quitte la maison avant midi, avec A., le parisien, et M.-L., sa petite amie italienne, aussi de notre promotion. On a décidé de passer le week-end à Prague avant de rentrer chez nos familles respectives.
Le week-end se passe bien, on s'amuse, mais je n'apprécie pas vraiment la ville. Et surtout, je redoute le moment du départ, puisqu'il est prévu qu'on soit séparés pendant 5 semaines (on travaille chacun de notre côté pendant l'été) ! J'ai même du mal à me souvenir de la vie avant ma rencontre avant J. Je ne veux pas dire par là qu'elle m'obsède, mais je suis vraiment habitué à sa presence. Et il me semble que c'est réciproque. Sur le quai qui va l'emmener à Berlin, et moi en Moselle, quelques heures plus tard, on se promet de ne pas pleurer. Et puis 5 semaines, c'est pas la mort. Je vois son bus s'éloigner, et ne la quitte pas du regard. On s'ecrit 5 minutes après pour se dire à quel point on se manque déjà.
A peine arrivé en France, j'ai le cafard. Je suis content de voir ma famille et mes amis, mais il n'y a vraiment pas grand chose à faire ici. Et puis je veux simplement être avec J. Profiter du temps qu'il nous reste. En effet, elle part au Pérou, pour son stage, deux semaines avant que j'aille au Japon. Elle va y rester 5 mois, ce qui va porter notre séparation à 4 mois minimum. C'est difficile à accepter, mais c'est la vie. Ce sera une épreuve mais on en sortia plus forts ! On parle de mon éventuelle venue au Pérou, après mon stage, qui se finit à Noël. J'aimerais bien lui rendre visite pour Nouvel An, et rester jusqu'à son retour. Ainsi, je passerai un mois avec elle au Pérou, avant de rentrer ensemble en Europe. Mais on préfère ne pas précipiter la chose, nous qui fonctionnons de manière spontanée. On se dit qu'on avisera à environ six semaines de l'échéance, pour minimiser le coût du vol, tout de même.
Sur un coup de tête, je décide de la rejoindre à Berlin, en voiture, le mercredi suivant le lundi de notre séparation. Deux jours sans elle, c'est déjà bien assez, et je ne suis censé commencer mon job étudiant que la semaine suivante. Elle se réjouit quand je lui annonce la nouvelle. On se retrouve donc le mercredi soir, la joie est palpable. Je reste quatre jours, et je fais l'expérience de Berlin en voiture, ce qui est loin d'être désagréable. En effet, cette ville est bien plus optimisée que Paris ou Londres, par exemple, pour ce type de transport. Le dimanche matin, au moment de partir, elle est distante. Se protège-t-elle ? Où est-elle dans une de ses phases de doute ? Aucune idée, mais je n'aime pas ca, et le lui en fais part. Un message d'elle, le soir, me rassure.
Je commence ce job étudiant, abrutissant, le lendemain. Je n'ai vraiment pas le moral et je regarde l'heure toutes les 15 minutes, dans l'espoir que le temps fasse un bond spectaculaire en avant. Le lundi suivant, je me mets en arrêt maladie. J'ai très mal au dos, et aussi une énorme flemme de continuer ce travail. J'attends quelques jours avant de réserver un billet de bus pour la rejoindre à Berlin. Le lundi suivant, je suis chez elle. Je suis très content, mais je sens tout de suite que quelque chose cloche. En effet, c'est la première fois qu'on a été séparés si longtemps. Et son manque d'affection lors de nos communications numériques se fait ressentir. On en rigole, en admettant tous les deux que c'est bizarre. Mais au fond de moi, j'espère que ça va passer, et que je retrouverai vite la copine adorable que j'ai quittée il y a quelques temps de cela.
Trois jours ont suffi à me rendre mon bonheur. On vivait exactement de la même façon qu'avant, riant, débattant sur des sujets variés, faisant l'amour comme des fous. J'ai même l'impression que cette fameuse gêne à bientôt dit son dernier mot. On se quitte à l'arrêt de bus, le samedi après-midi, mais je serai de retour très rapidement, puisque le jeudi suivant, je suis déjà sur la route. Il est prévu que je passe une semaine chez elle, qu'on fête son anniversaire, en compagnie de sa famille - notamment de son oncle et sa compagne, venus du Canada - et de ses amis, puis qu'on aille en vacances en Ardèche avec mes parents, pendant une semaine, avant que je la ramène à Paris, prendre son bus pour Londres, où l'attend son avion pour le Pérou. Je sens déjà l'atmosphère pesante de la séparation, mais je préfère ne pas y penser, et profiter à 100% de chaque instant avec elle. Sa fête d'anniversaire est géniale, je la vois sourire, avec ses amis d'enfance, et rien ne me rend plus heureux. Je danse avec sa mère, c'est tellement drôle. Entre temps, certainement dans un de ces élans d'amour pour moi - car il est vrai qu'elle ne m'a jamais aimé inconditionnellement à 100% - elle insiste pour que je prenne un billet pour le Pérou, dès maintenant. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, les choses peuvent changer d'ici là, mais je m'exécute. En plus, je trouve une offre alléchante au départ de Luxembourg. Je vais donc aller au Pérou du 27 décembre au 26 janvier, pour y passer un mois avec la femme que j'aime, dans son pays natal, avec sa famille encore sur place. Je me réjouis.
Les vacances en Ardèche ne se passent pas très bien. Elle se sent enfermée, car coupée du monde : il n'y a pas de réseau ni internet, ni téléphonique, et on est en plein milieu de la cambrousse. Ce n'est pas évident pour une personne qui a grandi dans une mégapole comme Berlin. Et comme à son habitude, elle accentue cette situation par sa négativité, et voit des problèmes un peu partout, notamment dans notre couple. La connaissant, je me tais, car je ne veux pas envenimer les choses, et je sais que tout rentrera dans l'ordre. C'est exactement ce qu'il se passe une fois de retour "à la civilisation". Les deux derniers jours passés avec elle, à Paris, ont été parfaits. La veille, on a fait l'amour trois fois, sauvagement, et à la fois sensuellement. Sans aucune gêne, sans aucune retenue. C'était onirique. On formait une harmonie parfaite. Je redoutais donc son départ plus que tout, mais savoir que je la rejoindrai d'ici un peu moins de quatre mois me réjouissait. Et puis j'allais partir au Japon, mon pays favori. En aucun cas je n'allais gâcher cette expérience par manque d'elle. On s'est quitté sur le quai de Gallieni. La tristesse était palpable dans nos regards, mais il fallait penser à une seule chose : on allait vivre chacun une aventure folle à l'autre bout du monde, et dans quatre mois, on se retrouverait. Si j'avais su que c'etait la dernière fois que je la verrai, j'aurais sauté dans le bus avec elle, ou je l'aurais empêchée de s'en aller.
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J.
Não FicçãoRécit autobiographique de ma dernière rupture amoureuse, qui m'a profondément marqué. Vous pouvez, bien entendu, donner votre avis ou juger mon comportement, son comportement, notre relation, notre rupture, mais je vous demande simplement d'être re...