CHAPITRE IX LA VISITE AU ZOO

5 0 0
                                    


Heureusement, il y avait l'école ! C'était sympa !

On voyait comment la vie était dans les autres contrées et comment ça pouvait être différent.

Peut-être bien que ma famille vient d'un autre pays, d'une autre époque, d'une planète éloignée, pas encore découverte d'un autre système solaire...Ca je le devinais.

Entre enfants, on ne parlait pas de comment ça se passait chez les uns, chez les autres.

Un beau mercredi de début mars ; et c'est tant mieux, on est tranquille pendant un an avec les tentatives répétées de Dad Harry de grimper sur le toit, en effet,

le 29 février, c'est son anniversaire, et il faisait une ascension tel un président et sa cour ; cette année, il n'y avait même pas eu besoin d'appeler les pompiers, il était tombé tout seul de la fenêtre lors de sa deuxième tentative et s'est endormi aussi sec, les Gamma GT gonflées à bloc ; la maîtresse nous a annoncé la bouche en cœur, que nous allions faire une sortie au zoo.

En y repensant, je crois qu'il y avait des promotions sur les visites au zoo à la fin de l'hiver, c'est le moment où les animaux font leur cure d'amaigrissement et qu'ils ont l'œil vif deux minutes par journée. Peu importe ! On allait au zoo dans dix jours et j'étais enchantée !

Fallait nous faire un sandwich. Dad Harry a dit que mon frère et moi, on aurait des casse-croûte jambon beurre « comme ça, je ne serai pas tentée de faire l'Abbé Pierre ». Je n'ai pas bien compris et préféré ne pas comprendre.

Je suis arrivée toute énervée à l'école avec trois quarts d'heure d'avance et mon petit frère. On a même failli camper devant l'école.

La maîtresse fait l'appel ; elle aurait dû faire curé, la maîtresse, je serais allée à la messe tous les dimanches, sa voix vous enveloppe comme les grosses couettes chaudes. Quand elle parle, on a l'impression de faire une balade sur un cumulo nimbus. C'est peut-être pour ça que je réussis à l'école, pour lui faire plaisir.

Je n'ai pas entendu mon nom et c'est mon petit frère qui m'a tiré par le bras « à cause de toi, on va louper le repas des loups ». Il s'en fait une fête du repas des canidés, moi je ne raffole pas de la boucherie.

On monte dans le bus, avec des chromes tellement propres qu'on se voit dedans, on a vérifié avec ma copine-voisine, et des rétroviseurs comme des antennes d'extraterrestres.

Je l'appelle copine-voisine parce que c'est le cas. On ne serait pas copines si nous n'étions pas voisines ; en même temps, on s'aime bien même si elle m'agace parfois à aller discuter avec les jolies du devant, avec des cheveux bien attachés dans des chouchous multicolores et aux cahiers beaux comme des livres d'art.

Perdue dans mes pensées, je n'ai pas été vigilante et je me retrouve assise à côté de Diana. J'ai entendu les grands dire qu'elle était bête à bouffer du foin mais qu'elle était bonne. Je ne suis pas certaine de tout comprendre.

De plus, elle n'arrête pas de parler : « je suis allée en vacances aux sports d'hiver dans les Alpes, j'ai passé ma troisième étoile. Et toi ? »

Moi, rien ou pas grand-chose... je ne vais quand même pas lui raconter mes soit disant vacances avec des ours mal léchés. J'invente mais ça sonne faux. Ce n'est pas très grave car elle n'écoute pas la réponse. Je me tais au beau milieu d'une phrase et contemple le paysage.

On traverse la ville : quelques pauvres Pères Noël finissent leur ascension un rien difficilement, l'un en perd son pantalon rouge, l'autre fait du surf sur la vitrine des Pompes Funèbres. Faire du surf sur le dos de la mort, l'idée me séduit !

Les fées n'existent pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant