III

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En croisant pour la première fois le regard vipérin du dieu – car oui, maintenant qu'il était en face d'elle, elle reconnaissait bien Loki, l'Asgardien – Harleen en oublia presque de respirer. Et pourtant, pendant deux bonnes minutes, elle avait lutté pour chaque goulée d'air. Mais ce sourire mesquin, ces yeux bleu-vert plantés dans les siens, cette voix froide... tout ça la paralysait. Ça, et le souvenir des évènements de New York. Les Chitauris, ces horribles créatures... Elle avait été présente ce jour-là. Avait failli se faire tuer, même. Sauvée de justesse par Captain America d'une bombe extraterrestre. Et tout ça, toute cette destruction, toutes ces morts... c'était le dieu en face d'elle qui en était responsable.

— Vous... bredouilla-t-elle, terrifiée. Vous êtes...

— Loki. Mais tu me connais probablement déjà, vu ton expression. En revanche, je n'aime pas me répéter.

Le ton glacial tranchait avec le sourire presque gentil qu'il lui servait. Elle sentit son estomac se nouer. C'était quoi, la question, déjà ?

— Non, je... faciles... finit-elle par murmurer, soutenant difficilement son regard intense.

Son front se plissa, comme s'il réfléchissait intensément.

— Hmm... Vous avez des menottes, dans vos véhicules ?

Qu'est-ce qu'il veut avec ça ?

— Poche arrière du siège passager.

Mensonge. Elle le savait, mais le proféra malgré tout avec toute la conviction qu'elle était capable de mettre dans sa voix.

— N'essaie même pas.

Le cœur de Harleen rata un battement en voyant son expression, faussement avenante, se durcir imperceptiblement. Son instinct se mit immédiatement en mode « alerte rouge », signalant le danger imminent. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert. Pas qu'elle aie été douée pour mentir, de façon générale.

Et puis, pour quoi faire, de toute façon ? Elle n'était clairement pas de taille à lutter. Si même Captain avait eu du mal, seul en face à face, à Stuttgart, elle, la petite agente moyenne... Elle sentit une vague de désespoir la submerger.

— Boîte à gants.

Vérité. Et il le vit. Sourit, se redressa, et lui tendit une main pour l'aider à se relever. Une fausse galanterie, vu l'arme qu'il braquait toujours sur elle. Son propre calibre. Harleen prit la main tendue, frémissant au contact des doigts glacés. Essaya – sans y parvenir – de ne pas regarder le corps inerte d'Aaron, ainsi que ceux des deux agents, étendus une centaine de mètres plus loin, tandis qu'ils contournaient le véhicule. Mais, quand elle voulut tendre la main pour ouvrir la portière, un sifflement presque serpentin l'interrompit. Loki le fit lui-même. Et elle devinait pourquoi. S'il y avait eu une arme, dans la boîte à gants, en plus des menottes – il y aurait même dû y en avoir une, d'ailleurs, mais elle n'y était pas, pour une obscure raison – elle n'avait pas à pouvoir l'atteindre.

— Crois-moi, fit-il, refermant le premier anneau sur son poignet droit, si j'avais mon sceptre, tout aurait été bien plus simple.

Il la mena à nouveau de l'autre côté de la Jeep, lui fit signe de grimper sur le siège conducteur, et lia ses mains au volant. Ainsi attachée, Harleen n'avait aucune chance de s'échapper, même si le moteur tournait encore. Le levier était sur Parking, et elle ne pouvait pas l'atteindre. Loki put donc tranquillement enfiler les habits d'Aaron, avant de venir s'asseoir à côté d'elle.

— Vas-y, je t'en prie.

Harleen avala difficilement sa salive.

— C'est à dire que...

Psychosis 1 : Blissful sorrow [Marvel/DC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant