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Chapitre 2

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Mont Hymette, 389 av. J.-C.
14ème jourdu mois d'Elaphébolion (Mars)

Icare serait bientôt là et elle ne pourraitrien y faire.

Lyssipée courut pour sa vie, car elle savait que malgré les années d'amitié qu'elle partageait avec Icare, il ne lui faudrait qu'un coup de patte pour la tuer.

Elle faillit ralentir lorsqu'elle entendit au loin le râle douloureux d'un de ses amis lycanthropes.

Son regard se dirigea l'espace d'un instant derrière elle et put voir avec horreur que le corps de Clio gisait au sol, inerte, à côté de celui de Démophon.

Elle savait bien qu'ils n'étaient pas morts, simplement sonnés, mais elle se demandait jusqu'où la bête qui possédait Icare était capable d'aller.

Lys entendit bientôt un dernier cri, signe que ses amis avaient tous été mis hors d'atteinte. Elle était désormais seule à être poursuivie par ce monstre sanguinaire qui n'avait plus rien de l'ami qu'elle avait connu autrefois. Ses jambes avaient de plus en plus de mal à la supporter, elle craignait de ne pas pouvoir y arriver.

Alors qu'elle accélérait encore sa course, la bête l'imita. Ses cuisses puissantes la propulsaient à une vitesse phénoménale entre les arbres. Lyssipée crut la fin arrivée lorsqu'elle fondit sur elle tel un prédateur féroce.

Non ! s'écria-t-elle. Elle y était presque ! Elle arrivait même à apercevoir la maison d'Horace plus loin.

Lorsque les crocs pointus de la bête pénétrèrent sa chair, Lyssipée poussa un hurlement strident qui alerta les loups du village.

La douleur se répandit en elle alors que ses yeux se révulsaient en une expression d'agonie. Elle savait que cette douleur ne s'arrêterait jamais totalement. Elle connaissait les règles de la transmission du gène du loup-garou. Elle était condamnée.

Des larmes apparurent aux coins de ses yeux.

La bête serrait toujours son bras fermement. Elle tourna la tête à droite, s'apprêtant à déchiqueter le bras de Lys. Celle-ci ferma les yeux et serra les dents. Elle ne pouvait rien faire contre ce monstre et elle préférait même mourir maintenant plutôt que d'en devenir un comme son ami. L'horreur de la situation lui donnait la nausée.

Alors que la bête allait commencer sa torture, elle retira brusquement ses crocs du bras de la jeune fille.

Celle-ci poussa un cri de douleur avant de tourner la tête vers ce qui restait de l'âme de son ami.

Devant lui se dressait de toute sa hauteur un loup gris trois fois plus grand qu'un loup normal. Horace, reconnut-elle.

Il lui fit signe de partir et après un instant où choc et émotion se mélangèrent en elle, la jeune fille s'exécuta.

La peur au ventre, elle s'en alla à l'opposé du lieu du prochain affrontement. Elle ne souhaitait pas laisser la meute, mais elle savait qu'elle ne s'y sentirait plus en sécurité. Dès l'instant où Icare avait goûté à son sang, la bête en lui l'avait prise enchasse et elle n'aurait de cesse de la traquer jusqu'à sa mort. Elle devait fuir.

Elle courut, tenant son bras blessé de sa main droite. Le sang s'écoulait lentement de la plaie telle sa vie paisible qui s'en allait toujours plus loin. Elle rejoignit le temple en l'honneur de la déesse de la nature, celle qu'ils priaient le plus : Rhéa.

Lorsqu'elle l'eût atteint, elle s'agenouilla promptement sur les marches et joignit péniblement ses mains en une pieuse attitude.

— Rhéa, déesse de la nature et des animaux, toi dont le fils régit la malédiction des lycanthropes. Aide-moi, ne permet pas que je me transforme en un monstre comme Icare... La pria-t-elle avec ardeur.

Esclave de sa NatureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant