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Chapitre 7

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Athènes, 389 av. J.-C.
15ème jour du mois d'Elaphébolion (Mars)

— Maintenant, c'est l'heure. Montre-leur qui tu es.

Lyssipée s'avança alors avec une lenteur craintive vers le fond de la salle. Quand elle approcha, les convives, ayant sûrement remarqué son entrée, se tournèrent vers elle.

Sous leurs regards de juge, elle se sentait mise à nue. Elle ne souhaitait réellement qu'une chose : qu'ils arrêtent de lavoir comme un objet que l'on pouvait modeler, toucher, étudier à son gré.

Elle était humaine, comme eux, et bien qu'esclave elle avait du mal à supporter leur inconsidération.

Lorsqu'elle arriva devant le maître des lieux, elle baissa respectueusement la tête. Celui-ci eut un rictus mauvais et hocha hautainement la tête en retour.

Alexandre prit alors la parole, d'une voix forte et assurée que Lys ne lui avait encore jamais entendu.

— Tu es devant le citoyen Arès Callops, ton maître et ton sauveur. Tu lui devras à partir de maintenant respect et obéissance.

(N.B: Je n'ai pas pu trouver les paroles de cette cérémonie alors j'invente)

Sa voix malgré ses paroles solennelles était presque imperceptiblement bloquée par la force des mots que lui-même avait dû entendre.

— Voici le citoyen Parîs Callops, ton maître et ton sauveur. Tu lui dois maintenant respect et obéissance.

Quand le dit Parîs fut désigné il la regarda dans les yeux et sourit faiblement à Lys. Mais même si elle apprécia ce geste, elle ne put s'empêcher de s'en demander la raison profonde.

Alexandre continua avec une ferveur assommante.

— Voici ici Dame Catherine, fille de citoyen et dorénavant ta maîtresse. Tu lui dois respect et obéissance.

Quand elle fut désignée, elle fit un instant un geste imprécis avant de poser sa main sur sa hanche, montrant avec dédain son sublime déhanché. Elle tint la pose jusqu'à la fin des présentations.

Alexandre désigna ensuite de la main les deux jeunes hommes derrière le lit de jour qui regardèrent Lys avec curiosité. L'un avait des yeux d'un gris clair surprenant tandis que l'autre possédait une couleur tenant plus du bleu lagon.

— Voici Jules Callops et Luke Callops, dit-il en désignant d'abord celui aux yeux bleu lagon puis celui aux yeux gris clair. Tu leur dois dès à présent respect, obéissance et indulgence.

Maintenant qu'elle connaissait chaque membre de l'assemblée, elle se demandait avec inquiétude quelle serait la suite de cette cérémonie.

Elle tremblait presque, de froid ou d'appréhension elle n'aurait su le dire.

Alexandre, ayant fini sa première tâche entama la suivante. Il demanda à voix basse à Lyssipée de s'agenouiller.

Le regardant avec crainte, elle s'exécuta.

Une fois ses genoux sur le sol froid de pierre, elle regarda furtivement le père Callops dans les yeux avant de détourner le regard autant par peur que par honte et atterrit dans les yeux bleu vif de Parîs.

Elle ne put, en les voyant, s'empêcher de croire que la suite irait pour le mieux s'il ne lâchait pas son regard et elle inspira profondément dans l'intention d'en tirer du courage.

Elle tourna de nouveau la tête vers Alexandre quand celui-ci prit la parole. Zéna observait silencieusement la scène loin derrière Lys.

— Maintenant, le rite d'asservissement.

Il prit alors une coupole en fer dont Lyssipée ne parvenait pas à distinguer le contenu et la tandis dans une courbette à Catherine. La dame des lieux la prit dans ses mains et s'approcha avec nonchalance d'elle.

Alexandre, tout en se reculant, continua.

— Toi, Lyssipée, es maintenant asservie en tant qu'esclave de la famille Callops. Tu leur dois à tous la plus profonde des reconnaissances, l'obéissance aveugle ainsi que la soumission la plus totale. Tu seras marquée à tout jamais du sceau des esclaves et ne pourras plus te soustraire à ta condition. Tu peux relever la tête.

À ce moment, l'humiliation que ressentait Lyssipée de s'être fait à ce point rabaisser lui semblait déjà à son maximum, mais elle atteint son paroxysme seulement lorsqu'elle sentit une pâte visqueuse et collante couler sur son visage.

Elle recula alors vivement la tête pour s'essuyer les yeux de ses mains. Lorsqu'elle put les ouvrir de nouveau elle se rendit compte que la substance s'était avérée être de la pulpe de figue et des noix et avait été versée par Catherine elle-même.

Lyssipée regardait ses mains avec un effroi empli d'incompréhension. Sa bouche s'était ouverte en une expression indistincte de surprise et de honte. Elle tourna ensuite la tête vers Parîs mais il ne disait rien, il regardait simplement son intendant. Quand elle se retourna pour croiser le regard compatissant de Zéna, elle voulut pleurer.

Comment était-elle donc arrivée à cette humiliation ? Pourquoi lui montrait-on si cruellement une infériorité de peu infondée ?

Elle se retint d'exprimer sa honte et sa peine et fit pleinement face à ses maîtres. Alexandre reprit après un coup d'œil impatient de Arès.

— Te voilà maintenant femme, esclave, domestique de la maison des Callops.

Après ces mots, Arès partit en vitesse de la salle sans un regard pour sa nouvelle esclave. Puis Catherine le suivit, bientôt imitée par ses trois fils.

Ne resta plus dans la pièce alors que les trois esclaves de la maison. Tous perdus dans leurs pensées ou leurs souvenirs.

Quelques minutes après le départ des Callops, Lyssipée, n'y tenant plus, laissa s'écouler silencieusement des larmes amères.

Elle tentait en vain d'enlever les traces encore visibles de son humiliation qui ne daignait pas disparaître de son visage. Étant restée à genou, elle grelotait sous la coupe gelée du sol. Elle s'y épancha longuement dans un geste autant d'apitoiement que de renfermement.

Elle ne voulait pas qu'on la voie si bas. Elle-même ne voulait pas se sentir diminuée par cette cérémonie passée, mais commentfaire quand une famille entière vous avait clairement signifié votre infériorité ?

Lorsqu'elle entendit des pas légers se diriger vers elle, elle se releva légèrement et jeta un coup d'œil vers la source du bruit.

Zéna lui présenta une moue contrite, compatissante à son état. Prise de sympathie pour la jeune femme dont elle venait de faire la connaissance, Lys se leva et avança vers elle.

Sans un regard pour l'intendant silencieux, elles quittèrent à leur tour la pièce pour rejoindre dans un même élan la salle d'eau.

Une fois entrée dans la pièce, sensiblement plus chaude que le reste de la maison, Zéna entreprit de nettoyer avec une douceur fraternelle le visage souillé de Lyssipée. Celle-ci se laissa faire sans un bruit et s'assit sur le bord de la cuve.

— Si tu veux en parler... souffla Zéna sans trop y croire.

Lys prit avec bonne humeur sa gentillesse et lui présenta un petit sourire pour décliner poliment son invitation.

Elle ajouta d'une voix entrecoupée :

— Plus tard peut-être... Pour l'instant puis je me reposer ?

Zéna acquiesça avec confiance et termina de nettoyer son visage en silence.

Lyssipée appréciait la considération de sa nouvelle amie et lui en était reconnaissante. Elle n'avait pas la force de parler, le froid, la cérémonie ou bien cette accumulation d'événements la dépassant totalement lui avait coupé ses dernières ressources d'énergie de la journée.

Elle ne souhaitait plus qu'une chose : un repos bien mérité.

Ce fut Zena qui le lui apporta en l'amenant dans un quartier de la résidence qu'elle n'avait pas encore vu.

Là, Lys sans se préoccuper de quoi que ce soit ou de ce qui l'entourait, s'allongea sur le premier lit qu'elle vu et y trouva vite un lourd sommeil.

Esclave de sa NatureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant