VI

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18:34, je sors de ma douche. Au lieu de partir dans ma chambre directement, je reste devant mon miroir et je m'observe. J'aimerai pouvoir dire que je me trouve « jolie », mais malheureusement, ça serait me mentir à moi-même. Des cernes se sont formées en-dessous de mes yeux, et bien évidemment, elles apparaissent le jour où je suis censée sortir avec un garçon. Munie de ma crème hydratante ainsi que d'autres produits de beautés, je passe bien un quart d'heure de plus dans ma salle de bain. Quand je me décide à sortir, la voix d'Amy Winehouse résonne dans tout mon appartement. Marie sait bel et bien comment me donner le sourire et me détendre.

18:56, me voilà devant mon armoire, après avoir chanté avec cette belle blonde, en train de chercher une tenue pour ce soir. Je ne veux pas arrivée avec une tenue qui dit « je suis sexy et oui on va baiser ce soir » ou encore « tu ne m'intéresse pas, je viens par pure politesse ». J'opte pour un jean slim noir accompagné d'un col roulé blanc ; exactement comme vous pouvez le penser, c'est pour mettre ma petite poitrine en valeur dans ce haut moulant. Marie me supplie de la laisser me maquiller, j'accepte car il est vrai qu'elle est douée et beaucoup plus calée en maquillage que moi.

19:15, je suis prête. Il me reste 15 minutes avant de devoir prendre le métro pour rejoindre ce fameux « L ». Je suis dans mon salon sur mon canapé et je regarde Marie qui a l'air perturbé.
« Qu'est-ce que t'as ?
-Je viens de recevoir un message chelou.
-Quel genre de message ? Montre! »
Elle me tend son téléphone et j'aperçois une conversation ayant pour destinataire Noah :
« Marie, on doit se voir demain dès que t'es libre. C'est important. »
Noah n'est autre que l'ami de Marie, ils se sont rencontrés dans leur école de journalisme et sont devenus amis très rapidement. Bien que pour moi, il est évident que Noah ressent plus que de l'amitié envers Marie. Je me rappelle d'une fois où nous étions au cinéma tous les trois. Marie était partie acheter du popcorn ainsi que des confiseries en attendant notre séance. J'avais alors vu que Noah la regardait s'éloigner de nous. Quand Marie annonçait la commande, elle regardait une pub avec des bébés et a commencé à rire car l'un d'eux venait de s'étaler du chocolat sur le visage. À ce moment-là, je vis Noah qui la fixait et qui avait un grand sourire sur son visage, mais lorsqu'il m'a aperçu, il s'est mis à rougir et à passer nerveusement sa main dans ses cheveux.
« Effectivement, étrange ce message.
-Je ne le comprendrai jamais, souffle Marie. Je dois lui rappeler qu'on se verra dans tous les cas demain vu que ça sera la reprise des cours ? »
Ma meilleure amie est un peu bête. Elle ne tient pas compte des signaux que lui envoient les gens. Elle est comme moi, pour comprendre, elle a besoin que les gens soient directs et ne passent pas par quatre chemins. Il est vrai que je fais attention aux détails, mais pas quand cela me concerne.
« Dis-lui seulement d'accord, tu verras bien ce qu'il aura à te dire. Peut-être qu'il te demandera des cours de soutiens mdr.
-Mdr t'es conne. T'as vu l'heure ? Tu vas être en retard ! »
Voilà comment se faire virer de chez soi en à peine quelques secondes.

19:28, je sors de mon immeuble. Il me faut tout juste 2 minutes pour atteindre ma station de métro, j'en profite alors pour envoyer un message à Marie lui disant de ne pas détruire mon appartement durant mon absence. Comme je m'y attendais je l'avoue, je reçois un message lorsque je rentre dans mon wagon :
« Vous serez toujours présente ce soir ?»
Je confirme que ce mec est très insistant. Je ne prends pas la peine de répondre, il me verra arriver dans tous les cas. Du Nelick dans les oreilles, j'observe les gens qui m'entourent. Ils rentrent tous de week-end ou du travail car plusieurs personnes portent leur mallette dans les mains. Je descends à la station se trouvant au plus près du restaurant. Quand je sors, le bruit des voitures et des klaxons, des vélos ainsi que des personnes marchant sur les passages piétons, m'envahit et surpasse même le volume de ma musique. Me voilà en plein cœur du dynamisme de cette ville, et j'aime ça.

19:56, je me retrouve devant le restaurant. 4 minutes d'avance, je me demande s'il est déjà arrivé. Je décide de lui envoyer un message pour lui signaler ma présence et dans la minute qui suit, la porte s'ouvre et le voilà, devant moi, un sourire aux lèvres.
« Bonsoir, je vous attendais. »
En plus d'être beau et charmant, il arrive même légèrement en avance à ses rendez-vous, pour l'instant, je n'ai absolument rien trouvé à lui reprocher. Il me désigne l'étage et je monte alors les escaliers afin de rejoindre notre table. À ma grande surprise, nous sommes seuls, pas un seul client n'est présent dans cette pièce.
« J'ai réservé l'étage pour nous ce soir. »
Alors comme ça il lit dans les pensées ?
« Oh, je vois, tout s'explique. Mais vous êtes au courant que c'était assez exagéré ? Après tout, un restaurant est fait pour être rempli, et non vidé.
-J'en suis conscient, mais je ne voulais pas que des bribes de conversations interfèrent dans la nôtre ce soir. »
Il prend mon manteau et l'installe sur la chaise à côté de lui, heureusement que mon téléphone se trouve dans ma main et que mon sac est déjà au sol près de ma chaise, je déteste que l'on s'accapare mes affaires, bien qu'il ne l'ait pas fait exprès. Nous nous installons et la serveuse arrive pour nous demander si nous prendrons un apéritif avant de commencer. C'est là que monsieur me surprend et commande du rosé. La serveuse part, et j'observe à travers la fenêtre la ville illuminée durant la nuit. C'est magnifique. Les arbres sont ornés de guirlandes lumineuses, car les décorations de noël commencent à faire leur apparition, ce qui donne cet aspect magique aux rues de Paris. Les lumières non éteintes des pièces présentent dans quelques immeubles, permettent de voir un peu plus clair dans cette pénombre. La lune siège au milieu de ce ciel étoilé et je regrette de ne pas être en été, assise sur un transat à regarder les étoiles tout en écoutant du Ray Charles accompagnée de mes amis ainsi que d'une Vogue.
« Je m'appelle Leroy, Leroy Benett. »
En voilà une façon de couper court à mes pensées.

Be mine Où les histoires vivent. Découvrez maintenant