Chapitre 16

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-Alors, t'as rêvé de moi beau gosse ?

-Quel délice d'être réveillé par ta voix gracieuse et douce !

-T'en as de la chance.

-T'en es sûr ?

-Lèves-toi ou tu vas regretter ton insolence !

-J'arrive, maître ! plaisantais-je en me levant.

-Je préfère ça.

On déjeuna joyeusement, puis il décida de m'emmener dans l'un de ses endroits préférés de la ville.

-Tu veux dire, à part les boîtes de nuit ?

-T'as tout compris.

Et on partit sur sa moto. Je m'accrochais agréablement à son torse, en laissant reposer ma tête sur son dos. Quelques minutes plus tard, il se gara devant le cimetière.

-Attend, me dis pas que c'est là ?

-Et si.

-J'avais raison pour la nécrophilie alors ?

-T'es con !

-Et toi t'es canon ! répliquais-je en l'imitant.

-Monsieur a une bonne mémoire...

Il m'attrapa par l'épaule et m'entraîna dans le cimetière.

-Sérieusement, j'aime cet endroit. C'est silencieux, et j'ai l'impression que tous ces gens qui sont morts ont une histoire particulière... Y'en a que j'aime bien ! Des dont les proches viennent souvent nettoyer la tomber et mettre des fleurs... D'autres qui sont oubliés...

-Tu viens souvent ?

-Assez. Et j'aime le calme. Ces gens ne peuvent plus être agressifs, ils ne jugent pas... Ils sont libres.

Je frissonnais, mal à l'aise.

-Je ne suis pas d'accord, moi, je suis toujours embarrassé dans un cimetière. Je pense aux centaines de corps pourris, aux gens dont les dates indiquent une mort jeune... J'ai peur quand je vois notre année inscrite sur une tombe. Et pour finir, ils sont enfermés dans la terre, sous un gros carré de pierre et bouffés par les vers. J'appelle pas ça la liberté.

-Et dire que t'es romantique pourtant ! Je te parle, spirituellement... Et je trouve ce lieu carrément apaisant. Mais si t'aimes vraiment pas, on peut s'en aller.

-Non, on reste, décidais-je.

Il s'assit sur un des murets et je l'imitais. Il passa son bras autour de mes épaules, et ce simple geste me rassura.

On resta silencieux un long moment, je réfléchissais à ce qu'il m'avait dit. Je commençais à comprendre.

Ça devait faire une demi-heure qu'on était là, quand soudain je songeais à quelque chose en voyant l'église juste devant.

-Mais attend, c'est une église catholique ici ? Du coup...

-Ça n'a pas d'importance pour moi, me coupa t-il.

-Tu vas à la mosquée, parfois ?

-Quand mes parents m'y obligent, oui.

C'était une nouvelle partie de lui que je découvrais.

-Tu n'aimes pas ?

-J'aime pas prier dans un cadre précis, à une heure choisie, lors d'un moment prévu. J'aime l'idée de pouvoir prier quand je veux, quand j'ai besoin de me sentir mieux. Je trouve ça mieux comme ça.

Un peu plus que la vie (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant