Le samedi arriva rapidement. Je préparais dans mon sac à dos toutes les leçons de français depuis le début de l'année.-On va réviser pour le bac avec Pierre, dis-je à ma mère.
Un demi-mensonge.
Je sonnais chez Iliès a 10h45. C'est son plus petit frère qui m'ouvrit.
-Lili, y'a ton ami de la dernière fois il est là !
-J'arrive, pousses-toi h'nine.
Il ouvrit la porte en grand et je pus l'admirer en jogging, torse nu et le regard vague.
-Viens, on monte, fit il en me prenant par le bras.
Ça allait devenir une habitude !
Je m'assis sur son lit. Ça faisait longtemps qu'on n'avait plus été totalement seuls, depuis avant les vacances en fait. J'allais le lui faire remarquer quand j'aperçus le sachet de poudre blanche sur sa table de chevet. Je compris alors que son regard vague, que j'avais pris pour un regard mal réveillé, venait en fait de ce petit sachet aux trois quarts entamé.
-Iliès, tu...
Il grogna.
-P'tain, j'étais sûr que t'allais me faire la morale, mais t'sais, j'en prend pas tout le temps hein... Mais hier en fait ben j'en avais besoin et Élie m'a donné à la fête, Nancy m'a ramené et...
Il s'interrompit brusquement. Son discours n'avait ni queue ni tête.
-T'en as pris beaucoup ?
-Y'avais le sachet et l'autre hier et puis les pilules d'Élie, et ce matin lui...
-Beaucoup, conclus-je.
-T'en veux ? proposa t-il.
Je secouai la tête. Drogue dure, non merci. Il sembla comprendre et sortit un autre sachet avec ce que je reconnus être de l'herbe.
J'hésitais.
-Tu verras, c'est trop et puis si t'en prend qu'un peu ça fait rien j'te promet !
-Je sais pas, Iliès...
-Plus vite on finit moins j'en prend non ?
Je crois que c'était la pire excuse que j'ai jamais entendu. C'est sûrement pour ça que j'acceptais.
Je regardais ses mouvements précis tandis qu'il me préparait un joint. Je savais que c'était une mauvaise idée, mais tant pis.
De son côté, il sortit un mince bout de carton, et, appuyant sur sa narine gauche, il aspira la poudre avec sa narine droite. Il secoua la tête et renifla, puis il me sourit.
Je décidai de tirer sur le joint qui se consumait entre mes doigts, et je faillis m'étouffer !
-Mais c'est horrible !
Il rit et je ris avec lui.
Vers 13h, sa sœur était montée nous proposer un plateau-repas, et Iliès l'avait insultée. Puis on en avait rigolé, avant de reprendre là où on en était.
Au début, c'était une sensation de malaise, mais plus j'inhalais, plus je me sentais bien. De temps en temps, pour faire une pose, il nous sortait une bière chacun.
-Cul sec ! disait t-il.
Et on buvait d'un coup.
On termina toutes ses réserves à deux, en bref, on se défonça jusqu'à 15h environ, lorsqu'il réalisa qu'il n'en restait que pour un seul joint. Il le roula attentivement, pour ne pas en perdre une miette, et je le regardais faire. Ses mains tremblaient et, quand il tourna la tête vers moi, je voyais le rouge sous ses yeux. Il passait sans arrêt son doigt sous sa narine droite en reniflant, comme un tic que je n'avais pas encore.
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Un peu plus que la vie (TERMINÉ)
Teen FictionIliès et Thomas, Thomas et Iliès. Selon Thomas, Iliès est le genre populaire orgueilleux, superficiel. Selon Iliès, Thomas est un intello stressé, et un romantique. Je suis Thomas. Je ne suis pas un intello ni un romantique, j'aime seulement appren...