Chapitre 35

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Le bac blanc arriva très vite, trop vite. Je stressais comme un dingue. Pour ça, Aline et moi étions dans le même cas. Je passais toutes mes nuits à apprendre des cours par cœur et à me faire des fiches. 

Je restais conscient que mon atout, c'était l'écriture. Mon cerveau était en connexion directe avec mon bras quand j'écrivais, et les phrases se formaient comme par miracle, avec une bonne syntaxe et une orthographe experte. Le français, c'était mon point fort, et tous mes profs m'avaient toujours adoré. Aussi, avec ma mémoire et mon imagination, pas de souci à se faire. Je savais tout ça. Mais je paniquais surtout pour l'épreuve orale, car, quand Iliès n'était pas derrière moi, j'étais l'incarnation de la timidité. J'avais peur que mes mots se bloquent dans ma gorge, et d'avoir tellement le trac que je ne puisse plus articuler.

-Arrête-de-flipper. C'est que le blanc ! me répétait Iliès, pas paniqué du tout.

-C'est clair. Attend, tu crois qu'on doit aussi savoir définir la conjonction de coordination ? J'ai toujours du mal avec ça ! Et... bouclait Aline.

-Au pire, mon bac, je l'aurais avec mention. C'est le blanc, et j'ai révisé, et puis c'est le système qui veut nous faire flipper ! Ça, c'était Pierre.

-Je verrais bien, non ? Simple, sobre et clair, Emma était toujours aussi simplement elle-même.

-On compte sur toi, hein fiston ! répétait mon père.

-J'ai pas de doutes, ça va bien se passer, et sinon, c'est pas grave, tempérait ma mère.

On était la veille, et je me récitait par cœur des passages des Fleurs du mal de Baudelaire, au cas ou. Mon téléphone vibra.

Aline : Coucou, tu pourrais m'envoyer une photo de tes notes sur le cours sur le théâtre ? J'ai des doutes sur quelques définitions, pour les termes exacts ! désolée, merci beaucoup :)

Je lui envoyais la photo, et reçut un message de remerciement suivi de l'éternel smiley qui sourie. Quelques minutes plus tard, un nouveau message.

Pierre : T'amènes de la bouffe, demain ? J'ai pensé à des chips, mais ça risque de déranger les autres... Je déconne, j'amène des madeleines. On se retrouve devant l'intendance demain matin tous les quatre, ça te va ?

Moi : T'en serais capable ! Oui ok, a demain

Pierre : Pas faux, allez le stressé, révises bien !

Je souris. Je savais que lui aussi devais beaucoup réviser, mais qu'il ne le dirait pas pour faire semblant d'arriver "les mains dans les poches, en touriste" selon sa propre expression.

Mon père m'appela à table, et je descendis manger le gratin qu'avait préparé ma mère. J'écoutais leurs dernières recommandations, les espoirs de mon père tempérés par ma mère, et je me demandais si le bac ressemblait tant que ça à Koh-Lanta. Quand je remontais dans ma chambre, deux messages m'attendaient, probablement mes préférés de la soirée :

Iliès : Beau gosse, je me doute que tu dois réviser comme un ouf et je parle pas de ton stress (qui n'a pas lieu d'être). Mais je me suis dit que tu pourrais te détendre un peu, donc si l'envie te prend, appelle-moi. Et oublies pas, c'est le bac BLANC !

Iliès : PS : t'as remarqué j'ai fait des jolies phrases pour toi et aussi psk tu me serais tombé dessus la veille du bac hein, mais c'est pas si t'en as envie, tu m'appelles, point.

Je ne pouvais pas empêcher la joie de m'envahir tandis que je composais son numéro. Je n'avais pas été très présent comme je révisais, mais il était mignon quand même.

Un peu plus que la vie (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant