Impuissant

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Shen:

Mon ami loup, Camden provoque des vibrations sur le sol, près du magasin de Tom et Géna Bloderow. Les quatre pattes tapant à terre, font qu'il peut ressentir si des sangs-froid sont dans les parages. C'est la spécialité de ce loup-garou aussi brun que ses cheveux. Notre espèce a souvent une musculature saillante. Mon ami l'est d'autant plus.

Il me fixe, car il n'y aucun être aux canines acérées. Alysia, sa louve blanche aux reflets dorés, hurle de rage.

Le vent pénètre vivement dans mon pelage gris bleuté. Nous avons été contraints de nous séparer de la troupe, une nouvelle fois. Je secoue la tête tout en continuant de courir, c'est répétitif cet enchaînement. À une vitesse fulgurante, j'essaie d'arriver à temps.

Les battements de mon cœur, se déchaînent. Mon organe ressent que d'autres pertes sont inévitables. Ma poitrine qui me compresse, le confirme.

Je me doutais que l'attaque du commerce des Bloderow, était un leurre. Je commence à saisir leurs mode de fonctionnement. Ces sangsues se jouent de nous depuis des semaines. Autant dire que nous savons assurément qu'ils frappent à plusieurs endroits différents, au même moment et nous sommes pratiquement impuissants face à cette situation.

Le soucis, c'est que sur trois tentatives, l'une d'elles nous retarde pour rien. Ils débutent leurs agressions et se volatilisent pour rejoindre d'autres vampires qui saignent un groupe de personnes.

Nous, les loups-garou, pendant que nous faisons le chemin inverse, nous perdons notre temps, mais pas que... Nous perdons les nôtres et les humains que nous essayons tant bien que mal de protéger.

Quand Camden, Alysia et moi arrivons, il est déjà trop tard. Le massacre a déjà eu lieu. Ce soir, Jarell, Mégane et Lily ont rejoins nos ancêtres.

Nous sommes dépités et c'est avec la tête basse que nous rentrons à la réserve. Alysia coure s'isoler dans son logement. La perte de Mégane la touche plus que les deux autres. C'était l'une de ses meilleurs amies...

- Shen...
- Oui, vas la consoler. Je comprends Camden.

Quel loup ne réconforterait pas sa moitié... aucun ! La tristesse d'une âme-sœur, se propage dans notre être. Je le savais par avance que j'allais être seul pour voir notre chef. Mon père !

J'avance jusqu'à sa petite maison en crépi rose vieilli. Sous le perron en bois brun, je l'entends s'écrié...

- Entres mon fils.

La bouche de travers, avant de clencher la porte rosée comme les murs extérieurs.

Je me place sur le palier, frotte les chaussures sur le tapis caramel et je pénètre.

Il est dans le vieux fauteuil en cuir. Craquelé par les années. Un marron délavé, mais il aime ce fauteuil et le lâcherait pour rien au monde. Des petites habitudes qui ne peuvent s'effacer.

Bien qu'il garde des meubles anciens, mon père est un alpha moderne. Sa coupe courte et ses cheveux poivre et sel, lui vont à ravir. La plupart des loups de son âge, ont les longs cheveux raides qui sont plaqués sur chaque côté du visage. Lui, il a du volume et je le trouve classe également. Pas de poncho ou de marques indiennes. Il sait ce qu'il est et n'a aucun besoin de le démontrer.

Il est vêtu d'une chemise en blue-jean. Les boutons de celle-ci, sont couleur métallique. Un jean noir et ceinturon argenté.

En cette soirée, il courbe l'échine, ce qui est extrêmement rare. Il a le crâne entre les mains...

- J'ai senti... ma tribu s'amenuise et la faiblesse devient trop grande.
- Papa, il faudrait peut-être jouer un coup de poker.
- La vie n'est pas un jeu, mon fils ! Tonne-t'il.

Il se redresse et se retourne pour me faire face. Ses yeux couleur encre, sont à la fois peinés et remplis d'incompréhension. Je n'ai pas ses iris, j'ai hérité de celles de ma mère. Les miennes, sont d'un bleu océan pure. Ma mère, Luann a dû déjà partir à la rencontre des parents endeuillés...

- Je voulais dire qu'il faudrait laisser une des attaques.
- Comment pouvons-nous parier sur la vie humaine ? Est-il outré.
- Il faut réagir ! À chaque fois, ils font une frappe éloignée pour que nous courions jusqu'au bout de la ville. La plus loin est à bannir pour moi. C'est un leurre !
- Es-tu Alpha, mon fils ?
- Non, mais depuis plusieu...
- Assez ! Crois-tu qu'ils vont s'en tenir à chaque fois à cette stratégie ? M'a-t'il interrompu.
- Je n'ai pas dit ça, mais si nous ne tentons rien, nous arriverons trop tard pour notre meute. Nous sommes peu nombreux à force.
- J'ai remédier à cela. M'annonce-t'il.

Je penche le visage pour qu'il m'en dise plus. Il reprend...

- J'ai contacté l'alpha de Cherphill. Yugi vient nous aider. Il saisit que si nous ne nous allions pas, les vampires finiront par envahir Cherphill. Alors en protégeant Maryll, il aura des chances de sécuriser sa propre ville.

Yugi est un loup sage et réfléchi. S'entraider pour maintenir nos deux villes, ce n'est pas une si mauvaise idée. Mon père, William Talhao montre à cet instant, pour quoi il est devenu l'alpha des Una.

Il me précise que la meute Tsu-Ki, arrive dès demain. Il va songer à ma proposition de laisser une attaque, mais pour le moment, ce ne sera pas d'actualité...

- Maintenant, peux-tu me laisser me recueillir ?
- Bien-sûr papa. À demain.

Il me tend les bras pour une accolade chaleureuse, puis je prends la direction de la sortie.

Marchant dans le campement, je rejoins ma propre demeure. Elle est moderne contrairement à celle de mes parents. Son toit plat noir ébène, les murs d'un blanc immaculé, deux piliers cylindriques et une voûte de même teinte que les murs, font offices d'entrée.

Je déverrouille la porte noire et je pénètre dans les lieux. Un logement avec un étage, grand et lumineux. Trop grand pour moi seul, d'ailleurs. Je ne vais pas m'en plaindre. Je n'ai pas imprégné avec qui que ce soit de la meute.

Avançant jusqu'au bar gris anthracite pour poser les clefs, j'arrête mon geste au dessus du comptoir... une appréhension me gagne. Et si mon ame-sœur était dans la tribu qui arrive demain ? Merde ! Je ne souhaite pas avoir d'empreinte moi ! Aucune imprégnation, ce n'est pas la peine. Je ne désire rien de tout cela.

Il est sur qu'un loup qui reste seul, a un manque à la longue et il se meurt sans sa moitié. Mais je n'ai que vingt-deux ans, j'ai le temps de méditer pour me caser. Il n'y a pas le feu.

J'ouvre le réfrigérateur américain et me saisis d'une petite bouteille d'eau. Je tire la poignée du placard noir et j'attrape un paquet de chips. Trop claqué pour me préparer à dîner, vu l'heure. Pourtant, j'ai les crocs. Je pourrais manger un poulet rôti à moi tout seul. Mais je suis vanné et après ce grignotage, j'irai me doucher et plonger dans le grand lit qui m'attend.

Je repense aux corps sans vie de mes compagnons. C'est pour cela que je souhaite toujours avoir Alysia et Camden à mes côtés. Je ne pourrais supporter leur perte à tous les deux. Si je suis présent, je meurs avec eux. Mais si nous sommes séparés, nous serions vraiment anéantis si l'un de nous s'éteignait et que les autres survivent...

HiddenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant