Hidden

Oser

Shen:

L'être est toujours face à moi et elle est des plus ravissantes. Son regard argent m'a percuté directement. Je sens qu'elle reste les yeux rivés sur ma personne.

Je regarde tout, sauf elle. Mes amis, la sportive qui est magnifique ou l'environnement comme si je ne l'avais pas aperçu avant la conversation. Mais pas elle... Plus elle !

Je me suis senti tellement étourdi, tellement happé... que je me l'interdis. Les cieux m'ont élevé dans une spirale que je ne souhaitais pas...

- C'était quoi ta réaction bizarre, au départ ?

Elle veut en rajouter une seconde couche ? Elle désire que je me perde dans la honte en plus de ce qui m'est arrivé... Je ne désire pas tomber plus qu'il ne faut. Je me terre dans un silence qu'elle ne doit pas apprécier. Vu la fougue qu'elle a...

- Un truc de loup. Annonce Aly.

Je vois que mon ami masculin n'a pas saisi mon état, mais Alysia... cela ne lui a pas échapper. Je pensais que quand ce jour arriverait, elle aurait ri aux éclats. Mais me sentir ainsi, doit la peiner, alors aucune moquerie et elle vient de me soutenir en répondant à ma place...

- C'est à lui que je demande et j'aimerais qu'il arrête de me snober. À avoir le regard aussi fuyant, ça me donne pas envie de filer un coup de main.

Bon sang ! À cause de moi, elle pourrait refuser ? Je ne peux me le permettre. Que cette créature n'ait pas envie par égoïsme, c'est une chose. Mais si c'est parce qu'elle n'a pas eu confiance par ma faute, non !

Je prends sur moi et relève les yeux sur sa personne. Le mal me ronge plus encore et le souffle de mon cœur est différent. Il bat anormalement et je sais ce que cela signifie.

Elle me fixe avec un air satisfait, puis elle lève le menton vivement pour que je lui explique.

Dois-je vraiment lui confier ? Elle va me prendre pour un cinglé. Quoique elle connaît notre univers, elle ne peux que saisir que je ne contrôle rien de tout cela...

- Je... je ne sais pas si c'est bon de vous le dire.
- Craches ta pastille ou partez tout les trois et ne revenez jamais... Je serais moins conciliante.

Car elle était aimable jusqu'à présent ? Impressionnant !

Mettant les poings sur ses hanches sculpturales, elle me montre que la patience et elle, ne sont pas de grandes amies.

Ma vision dessine chaque courbe de son corps pour les mémoriser, au cas où je ne la reverrais plus. Cette phrase me fait grandement souffrir. Ne plus la voir... c'est déchirer une partie de moi-même.

Son corps dans sa combinaison en cuir noir, est à se damner. J'ai déjà un pied aux enfers de toute façon, alors autant être sincère. Je ressens que si je ne le suis pas, nous allons la perdre...

- J'ai... Oh merde, c'est dur à avouer... J'ai imprégné. Ai-je la tête basse juste après mes mots.
- Pas... avec moi, rassures-moi ?

Cette question me broie le cœur à l'entendre. Pourquoi, cette réaction ? Car j'ai l'impression que c'est une offense pour elle...

- Je ne l'ai pas souhaité ! Ai-je répondu amèrement.

C'est la première fois que je lui parle ainsi et elle a l'air troublée. Une grande première également...

- C'est pour ça que je te trouve mignon, alors que les mâles de ton espèce me répugnent ? C'est pas vrai...
- Je ne veux pas de ce lien, alors rassures-toi, je ne vais pas tout faire pour que tu viennes à moi. L'ai-je tutoyé sans m'en rendre compte.

Un sourire se dessine sur ses fines lèvres. Elle m'exaspère ! Je me sens bouillir et je ne peux que répliquer...

- Ça te fait rire... Ça te valorise un peu plus. Tu te crois assez supérieure pour ne pas entraider les humains et des loups qui essaient de maintenir la vie. J'en ai assez de ton arrogance !
- Dis donc mon loup... enfin tu te rebiffes, j'aime ça. Tu sais pourquoi ?
- Non. Ai-je énoncé sèchement.

Je ne parviens pas à la cerner. Un comble quand on sait que mon esprit vient de trouver son âme-sœur. J'ai un doute sur ce sujet. Mon corps me fait-il une farce ? J'aimerais...

- Car même en étant en colère, tu te contrôles. Tu es fascinant.
- Désolé pour le tutoiement.
- Non, continues. Ils sont très rares les loups dans ton genre.
- Si tu croyais que j'allais t'agresser ou te forcer à quoique soit, en effet tu ne me connais pas. Nous ne sommes pas venus pour t'obliger, nous souhaitons juste une aide qui n'est pas que pour notre ville, mais pour d'autres à l'avenir.

Je ressens déjà certaines de ses émotions. Ma première phrase l'a heurter. Une souffrance en elle, s'est manifestée. Elle l'a ravalée rapidement. Cette femelle a un lourd secret et elle est assez forte pour prendre sur elle.

Je ne sais pas ce que mes semblables lui ont infligés. Mais nous ne sommes pas les mêmes...

- Je sais... enfin, je pense. A-t'elle répondu à mes songes et elle s'est adoucie.

Elle m'impressionne d'autant plus. Est-ce le lien qui fait qu'elle a des brides de mes pensées ? Je suis complètement perdu...

- Je me prénomme, Énalïs. Il faut rentrer, car ma mère va mourir d'inquiétude.
- Je le conçois. Moi, c'est Shen et voici Camden et Alysia.
- On entre et vous m'en direz plus, je verrais ce que je fais.
- Très bien, faisons comme ça.

Nous la suivons et malheureusement, son odeur me parvient. J'ai inspiré trop profondément. Son parfum est exquis. Je crois qu'à partir de maintenant, je vais trouver tout de beaux chez elle... enfin peut-être pas son caractère, par contre.

Mon âme l'a appelée et mon cœur s'est emprisonné à elle. Pourquoi il a fallu que je baisse la garde. Je m'étais dit qu'il fallait faire attention en sachant que mon père était avec une femme et Camden a eu également une humaine... Mais Énalïs est mi-humaine et moitié vampire. Comment j'aurais pu songer que son âme devait être liée à la mienne.

C'était limite insaisissable cet événement. Un être aussi fort, serait fait pour moi ? Je vais contrôler du mieux que je puisse cette imprégnation. Le souci, c'est maintenant que je la ressens réellement dans mon for intérieur, je saisis que c'est une trop lourde tâche qui m'est destiné.

Je l'admire déjà, sans y prêter attention et je suis effrayé par mes ressentis.

En sachant qu'elle a une aversion pour mon espèce, elle ne voudra jamais d'un compagnon comme moi. Offrir son aide peut-être, mais pas m'ouvrir son cœur pour m'y laisser une place.

Et moi qui songe comme si je souhaitais cette union. Je suis révolté par mes réflexions...