Lieu : Dakar, un après-midi de septembre.
-"Ami ! Ami ! Viens m'aider ! "Un cri se fit entendre de la chambre à coucher parentale. Ami, se trouvait allongée dans le canapé, fatiguée par l'extrême chaleur qui se faisait ressentir.Au cri de désespoir de son père, Ami sursauta et se précipita dans la chambre.
-"Papa je suis là qu'est ce qui se passe !", s'écria Ami.Son père était allongé sur une natte, se tordant de douleur.
-"Ma chérie appel vite ton oncle Dramane, qu'il vienne avec son taxi, j'ai très mal, je dois aller à l'hôpital".
La jeune Ami, affolée par les événements, couru à toute vitesse hors de la maison pour avertir son oncle Dramane qui habitait à cinq minutes de marche de la maison familiale. "Mon oncle, mon oncle" dit - elle.
"Papa fait encore une crise, il faut l'amener à l'hôpital, le temps presse"."Retourne voir ton père, je vous rejoins avec mon taxi !",répondit Dramane.
Ami rebroussa chemin, le cœur battant à toute vitesse afin de retrouver son vieux père. En effet, Salif Diawara, avait toujours été un homme fort et courageux, il avait beaucoup d'amour pour sa famille et son pays. Après avoir servi son pays en tant que militaire, il a finalement pris sa retraite afin de s'occuper des siens, usé par la vie et ses diverses épreuves, avec 55 ans de vie portées par son corps qui lui rappelait bien que même les vaillants soldats restent vulnérables face à l'épreuve du temps. Dramane, Ami et son père embarquèrent dans le taxi de son oncle, direction l'hôpital.Après cinq heures passées entre les mains des docteurs et de diverses infirmières, Salif était hospitalisé afin de subir davantage d'examens. À cette nouvelle, Ami, consolée par son oncle, ne put s'empêcher de verser quelques larmes, des larmes de fatigue et surtout de tristesse.Pendant ces longues heures d'attente à l'hôpital, Maryam, mère d'Ami et son petit frère Traoré la rejoignirent afin de soutenir Salif dans cette épreuve douloureuse. Ami aimait beaucoup son père, c'était son conseiller, son protecteur. Assise dans la salle d'attente, auprès de sa famille, elle leur racontait ce qui s'était passé l'après-midi. "Maman j'ai peur, qu'est ce qui se passe avec papa?" soupira Ami.
-"Je ne sais pas Ami, nous en saurons davantage bientôt. Espérons que tout se passe pour le mieux" répondit Maryam, essayant de cacher son inquiétude.La nuit tombait et il était tant de rentrer à la maison. La famille quitta l'hôpital, abattue, dans un silence qui laissait entendre la peine de leurs cœurs.
-"Maman, quand est-ce que papa pourra rentrer avec nous?"dit Traore.
-"Je ne sais pas encore, j'espère très bientôt", rétorqua Maryam, d'un air pensif.Ils espéraient tous avoir une bonne nouvelle de l'hôpital pour les jours à venir, une nouvelle qui ôterait la tristesse dans leurs coeurs, les questions sans réponses et qui rétablira leur vie d'avant, une vie de famille au complet.Chaque jour, après son travail de caissière dans une épicerie de la ville, Maryam rendait visite à son mari, en lui apportant à manger et quelques journaux. Trois jours après son hospitalisation, la famille fut convoquée par le docteur pour de nouveaux résultats. Toute la famille était réunie au chevet du lit d'hôpital de Salif, face au docteur Sow, connaissance de l'oncle Dramane et ancien camarade de classe de Salif.Leurs yeux écarquillés, submergés de larmes, étaient la conséquence de la terrible nouvelle du docteur, qui venait de les assommer.
-"Madame Diawara, votre mari souffre d'un cancer de l'intestin, il faudrait agir très vite afin de pouvoir lui sauver la vie, la tâche s'avère très difficile car votre mari souffre de ce cancer depuis déjà plusieurs mois".
Aucune réponse ne se fit entendre après le monologue du Docteur Sow. Ami se demandait pourquoi personne ne criait, ne se jetait par terre? Rien que des pleures silencieux, la peine était trop lourde pour pouvoir l'exprimer. Comme seule réponse à cette nouvelle, à travers la fenêtre on pouvait entendre quelques oiseaux chanter sur les branches d'un arbre. Salif restait sur son lit, le visage triste, les yeux dans le vide sans même regarder sa famille. Lorsque le docteur sortit de la chambre, Maryam s'empressa de sortir de son sac un coran qu'elle posa sur le chevet de son mari. Elle qui ne priait pas souvent, malgré les critiques et remontrances de sa belle famille très stricte sur la pratique de l'islam chez les Diawara, avait pensé à ramener ce livre, qui était cher aux yeux de Salif.Salif laissa échapper un simple "merci" avant de fermer les yeux et s'endormir. La famille retourna à la maison avec cette douleur dans leur coeur, troublés par la terrible nouvelle. L'école allait bientôt reprendre, mais personne ne pensait à cela. Traoré aimait l'école, mais ne rêvait plus de ces moments de retrouvailles avec ses camarades. Ami avait arrêté ses sorties entre copines et leurs habituels tournois de basket. Maryam se demandait comment payer les soins de son maris? L'oncle Dramane, frère de Salif avait payé les premiers soins, mais maintenant qui allait pouvoir l'aider ?Maryam avait de très mauvaises relations avec sa belle famille qui la jugeait trop laxiste et moderne.Sa propre famille la soutenait en payant la scolarité des enfants, mais avait très peu de moyens financiers. Maryam se sentait seule, presque abandonnée. Était - ce la punition divine, à cause de son manque d'implication pour la religion musulmane ? Ou encore à cause de sa relation conflictuelle avec sa belle famille ? Elle ne le savait pas. Tout ce qui comptait à cette heure était la santé de son cher mari, celui qui avait toujours été là pour elle. Les vacances se terminèrent dans la peine et la désillusion. Pour la famille, Salif n'allait pas rentrer de sitôt.

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Père ou es tu?
SpiritualitéL'histoire d'une jeune sénégalaise dont la vie sera totalement bouleversée après la crise de son père, son modèle. Ces péripéties nous ferons aborder le thème de l'amour, la paternité, la foi, la famille recomposées etc.... Je vous souhaite une bonn...