Père ou es tu?

Chapitre XI: Elle ne tient qu'à un fil

Le premier samedi de décembre chez les grands-parents.

Depuis la séparation de la famille, Maryam avait décidé d'être une autre personne. Elle ne voulait plus se sacrifier pour qui que ce soit et avait même décidé de refaire sa vie, après les conseils de sa mère. Papi Issa était contre ce nouveau comportement, car il ne trouvait pas cela très digne pour une femme encore mariée et une mère de famille. Il était seul contre les deux femmes de la maison qui ne cessait de lui hurler que Maryam était désormais libre, même si les papier du divorce n'étaient pas encore signés. Traoré avait changé d'école pour se rapprocher de la maison de ses grands-parents. Il n'était pas pour cette décision mais n'avait pas grand-chose à dire face à sa mère.

Maryam se sentait différente, elle se sentait puissante. Depuis quelques mois elle avait rencontré à son travail un voyageur, il s'appelait Roger. Cet homme était arrivé à Dakar pour quelques mois pour de raisons professionnelles. Sa mission de quelques mois ne l'avait pas empêché de rencontrer Maryam et de vouloir l'amener en France, avec lui. Devant cet homme Maryam rêvait d'un futur en Europe, loin de sa famille, pour vivre sa relation avec cet homme qu'elle ne connaissait à peine.

En effet Maryam avait rencontré cet homme à la fin du mois de septembre, en allant se promener dans le centre-ville. Depuis plus de deux mois, elle avait gardé ce secret à son mari et ses enfants. Chaque semaine, ce Roger la couvrait de cadeaux, ce qui motivait davantage Maryam à quitter le Sénégal.

Ce premier samedi de décembre était aussi pour Maryam un jour très spécial. La jeune dakaroise avait laissé Traoré avec ses grands-parents avant de partir en week-end avec Mr Albert.

Maryam rangeait sa valise quand son père toqua à la porte.

-"Maryam tu es là?" dit papi Issa.

-"Oui je prépare mes affaires" répondit Maryam.

-" Ma fille je ne te reconnais plus. Tu as tellement changé. Tu te comporte comme une irresponsable. La Maryam que je connais n'aurait pas accepté de sortir avec un inconnu, de se comporter comme une naïve adolescente. Tu cours après du vent... Cet homme ne t'apportera pas le bonheur. Ton bonheur viendra de la guérison de ton coeur, ainsi que de ta famille", continua papi Issa.

-"Papa, tu ne connais pas Roger. Il est très gentil avec moi. Il veut même rencontrer les enfants et veut m'épouser. N'est-ce pas toi qui voulais que j'aille aussi en Europe comme mes frères et soeurs ?" répondit Maryam.

-"Mais ça c'était avant que tu ne te maries Maryam ! Je ne t'ai jamais dit d'aller en France pour trouver un mari. Je t'ai dit d'y aller pour faire tes études. Maintenant que tu as un mari et des enfants au Sénégal je ne t'autorise pas à te comporter comme une femme insouciante ! Tu es quand même chez moi ! Mariée ou pas tu reste ma fille !.. On ne la jamais vus ici ton Roger. Peut-être qu'en Europe il est déjà marié et qu'il fait souffrir sa famille à cause de toi. Maryam, tu as toujours été intelligente. Qu'est ce qui t'arrive aujourd'hui ? Pourquoi tous ces mauvais choix ?" Termina papi Issa.

-" De toute façon il vient vous voir avant que nous partions. Si tu veux le voir, tu le verras" murmura Maryam, l'air de ne pas s'inquiéter des conséquences de ses paroles.

Papi Issa sortit de la chambre, déçu par l'entêtement de sa fille.

En longeant le couloir pour rejoindre le salon une prière montait de son coeur: "Dieu aide ma fille". Il était effrayé par la tournure des événements. Il se sentait coupable d'avoir été si absent. Il ne savait pas comment réparer les dégâts et se disait que peut être il n'y avait que Dieu pour les délivrer de cette situation.