Chapitre 1

542 34 31
                                    

Oui, j'ai un doudou.

C'est un lapin, avec de longues oreilles, qui pendouillent de chaque côté de sa grosse tête toute douce. D'ailleurs, ses oreilles sont un peu usées, car je le tiens toujours par les oreilles. 

Il (oui, parce que c'est un garçon) s'appelle... roulement de tambour... Doudou.

Oui, je suis très originale dans mes prénoms. Faut dire que j'avais même pas un an quand je devais lui choisir un prénom, et comme je n'avais pas encore le cerveau très développé (qui, d'ailleurs, à gardé cette intelligence), je n'ai pas fait compliqué.

Attention à celui qui dit que Doudou est une "peluche" !

Une peluche, c'est une chose mignonne qui décore ta chambre, ton lit, tes fauteuils, exct.

En revanche, un doudou, c'est une religion. Tu dors avec lui (ou elle) toutes les nuits, tu te sens mal sans, tu l'emportes partout.

Je pratique le Doudounïsme.

Une prière le soir et une autre le matin, le laisser sous la couette quand je pars au collège et lui faire des bisous quand je reviens, voilà les pratiques fixées pour pratiquer le Doudounïsme. Et dire le mot peluche pour désigner mon Dieu est le plus gros juron du monde !

À chaque fois que j'invite mes amies chez moi, elles s'exclament : "Lise, encore cette fichue peluche ?!"

Assez souvent, ça se termine en bataille d'oreiller. 

Mes parents aussi, en on un peu marre de me voir traîner avec Doudou.

- Lise, tu peux lâcher cette peluche, s'il te plaît ?! s'exclame mon père en posant bruyamment sa fourchette dans son assiette.

- Il s'appelle Doudou, papa, dis-je en le fusillant du regard. C'est comme si je disais "cet humain" en te désignant, c'est glauque et banal, non ?

- Comme tu veux, soupire t-il. Mais ne le laisse pas là !

J'attrape Doudou et le pose sur mon sac, dans l'entrée. Je le remontrais tout à l'heure.

- Bon, alors, ma chérie ? Tu ne nous parles plus de tes notes ! dit ma mère en me servant de l'eau.

- J'ai eu 16 en arts plastiques, dis-je en mâchouillant ma purée.

Oui, bon, d'accord, j'ai aussi oublié de mentionner que mon prof d'arts avait confondu mon travail avec celui de ma voisine, qui, elle, avait reçu un 9. Mais bon, elle n'est pas obligée de savoir...

Je monte dans les escaliers, Doudou sous le bras. Ma petite prière... 

- Doudou, mon Dieu, je n'ai que fait penser à toi. En cette belle soirée, si ta bonté est grande, et que ma croyance en toi est assez puissante, tu m'accompagneras au pays des rêves, repoussant ainsi les vilains et odieux cauchemars... 

Je trace le symbole des doudous sur mon front du bout du doigt, et m'enfonce sous mes draps.


Doudou au collègeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant