Doudou au collège

Chapitre 10

Non...

Il ne s'y trouve plus ! 

J'ai beau retourner les manches, les poches, rien, rien, RIEN, RIEN !!!

Je suis en colère contre Lucille, qui a eu l'idée de sortir Doudou de mon casier, mais aussi contre moi-même. Pourquoi l'ai-je amené au collège ? Je suis vraiment nulle...

Maintenant, Doudou est perdu !

Un horrible sentiment me déchire le cœur. Mes amies me soutiennent.

- Allez, t'inquiète pas... On va le retrouver !

- Il n'est pas perdu !

- Promis, tu dors avec ce soir !

Elles sont gentilles, mais je n'ai plus aucun espoir...

"Doudou... S'il te plaît, revient !" 

- Eh, mais c'est pas ta peluche, là-bas ?

Je lève la tête. 

OH MON DIEU !!!

En effet, une jeune sixième s'apprête à quitter le CDI, et mon doudou est accroché à son sac à dos. Elle ne semble pas l'avoir remarqué...

Je saute de mon siège, et pars en courant derrière elle. Je sors de la bibliothèque à la hâte.

- EH !

Mais évidemment, c'est le moment que choisit la cloche pour sonner.

Tout d'un coup, des centaines de collégiens sortent de nulle part, remplissant les couloirs et me faisant perdre de vue la jeune fille.

- Par là ! Me crie Hannah.

Je bouscule deux filles, qui me crient des jurons. Mais je n'écoute plus, je suis en train de courser la jeune fille au sac à dos rose. Elle monte les marches lentement, mais je n'arrive pas à la rattraper.

Soudain, en descendant dans le hall, Doudou se décroche du sac !

Il tombe dans la foule. Oh non, c'est pas vrai ! Les collégiens shootent dedans sans s'en rendre compte. Mon doudou fait ainsi tout les étages de cette façon.

Je rentre dans le hall. C'est la grande pagaille ! 

Puis, je le vois, près de la plante verte ! Je vais l'atteindre... Oui, il n'est plus qu'à quelques mètres... Toute cette histoire va enfin se terminer...

Mais trop tard...

Une jeune fille en troisième l'a déjà saisit.

Mon cœur manque un battement. Elle lit l'étiquette, puis elle crie :

- QUI EST LISE MAGNAUX ?!

Soudain, tout le monde s'écarte de ma route. Un silence religieux s'installe dans le grand hall, qui est si bruyant, d'habitude. Je suis démasquée.

C'est bon, tout le monde va se moquer de moi...

- C'est toi ? Me demande amicalement la jeune fille.

- Je... euh... Oui, je bredouille.

- Ah ! C'est parce que, j'ai quasiment le même, donc j'ai cru que c'était le mien. Tu vois, j'ai eu peur ! Je n'aime pas trop le sortir, de peur de le perdre...

J'écarquille les yeux, désemparée et stupéfaite.

- Tu... Tu as un doudou ?

- Qu'elle question ! Bien entendu, que j'ai un doudou ! Il s'appelle Sweetie. Je l'adore ! Je ne dors jamais sans. 

- Oh, tiens ! s'exclame un autre troisième. Moi, il s'appelle Tweetie ! Et c'est un tigre. Il sent super bon ! C'est ma mamie qui me l'avait offert quand j'avais 1 an...

- Moi, j'ai Némo ! Dit quelqu'un d'autre. Il repose toujours sur mon oreiller...

Je n'en crois pas mes yeux !

Tout le monde parle de son doudou ! Certains sont même aussi croyant que moi ! On pourrait fabriquer un temple de doudou pour faire une prière commune... Quand j'aurais le budget. 

Soudain, le CPE sort de son bureau. 

- Qu'est-ce que c'est que ce bazar ? demande t-il, ses yeux lançant des éclairs. Pourquoi vous êtes tous ici, et non en cours ?

Puis, son regard se pose sur mon doudou... Et son regard s'illumine !

- Oh ! Ça alors ! Il est vraiment mignon, le tiens. Mais le mien, c'est le meilleur !

Il rentre dans son bureau, et ressort... un doudou-chaton ?

- Je ne me sépare jamais de Tikon ! Dit-il en lui déposant un baiser entre ses deux oreilles. Minou, minou...

Ça par exemple ! Le CPE, le type le plus sévère de tout l'établissement, est en train de dorloter son doudou !

Je vis la scène la plus époustouflante de toute ma vie.

Et peut-être aussi la plus traumatisante, je ne sais pas ^^

Et le pire ?

Lucille apparaît dans le hall, et crie :

- C'est quoi vos délires avec vos peluches ?!

Eh bien, je n'ai jamais vu quelqu'un de plus hué de toute la planète.

Tous les collégiens ont commencé à crier, jurer, même le CPE ! Tellement que le proviseur est arrivé, pour renvoyer tout le monde en cours. Heureusement, il est plutôt gentil, il ne nous a pas mit de retard. Il a simplement justifié aux professeurs qu'il y a eu un "léger retour en enfance".