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• Boston - Février 1978

Quand j'étais enfant,
une vision m'a traversé l'esprit, furtivement.
Je me suis retourné, mais elle avait disparu.
Je n'arrive pas à mettre la main dessus.
L'enfant a grandi, le rêve est partie.
Et je suis devenu, confortablement engourdi.

– La violence, l'éternelle violence... pourquoi tant de morbidité, me questionne Charles.

Mes yeux quittent la pochette du vinyle et se tournent vers Charles. Il m'observe avec son petit sourire malicieux, limite inquiétante.

– Personnellement, je n'ai jamais été attiré par tout ce qui a trait à la violence, lui confiai-je. Sauf si c'est nécessaire, terminé-je.

Il relève le menton vers moi, septique, et vient s'asseoir à mes côtés.

– En tout cas, la majorité des jeunes en sont fanatiques. Savais-tu que si tu intègres la violence dans une œuvre, peu importe la nature, il a beaucoup plus de chance de se vendre.

– Ça me surprend quand même, m'étonné-je.

– Pourquoi ? Regarde la pochette... tu l'as tiens quand même entre tes mains, malgré ton supposé désintérêt.

Mes yeux baissent vers celle-ci. Un serpent tire la langue vers moi. Il est dégoulinant de sang. La violence, l'éternelle violence.

– Je te corrige. J'ai acheté cet album pour me faire violence avec la musique, alors que toi tu parles de violence physique. Nuance.

– Tu es dure à suivre le jeune, soupire Charles avant d'éclater d'un rire assourdissant.

Je l'observe un moment. Il se fout de ma gueule ou il est sérieux ? Impossible de savoir avec lui, un trait de sa personnalité qui m'agace d'ailleurs.

– C'est ton anniversaire aujourd'hui ?

Aujourd'hui, j'ai 19 ans. Dix-neuf années de vie terrestre et presque une année de vie intra-utérine.

– Ouais et je dois y aller d'ailleurs, Angie m'attend.

Charles se lève et fouille à l'intérieur de ses poches en marmonnant des mots inintelligibles en signalant à un mec louche, qui végète dans l'herbe en compagnie de plusieurs paumés, de s'approcher.

– As-tu quelques choses de prévus ce soir, le jeune, je veux dire pour t'amuser, à part Angie, ajoute-t-il avec un clin d'œil qui me donne envie de l'enterrer vivant.

– Non, en fait, c'est pour ça que je suis là, dis-je en sortant des billets de ma poche arrière.

– Garde ton argent, c'est la maison qui offre.

Charles est un taulard, qui en impressionne plus d'un. Moi, j'en ai rien à foutre. J'ai pour dire que seul les brillants réussissent à ne pas se faire prendre. Enfin bref, derrière ses cicatrices, ses tatouages peu significatifs et son air, je contrôle le monde, se cache un homme faible. On oublie les marques de scarification et on s'en fait un nouvel ami, pour les besoins de la cause.


– Tiens, me lance-t-il en brandissant un sachet devant mes yeux.

Il n'a même pas besoin de me dire ce que contient le bag, j'ai déjà accepté. Ce n'est pas ce que j'avais en tête, mais...

Je peux soulager ta douleur et te remettre sur pied.
Détends-toi.
Il me faut quelques renseignements.
Juste les symptômes de bases.
Peux-tu me montrer où sa fait mal.

Fanatique (H.S.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant