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•Boston - Avril 1979

Je suis hors de mon corps, dissocier de cet espèce de carcasse de chair et d'os. Tout va vite, beaucoup plus qu'à l'habitude. Plus que la lumière, toujours plus vite...

Les étoiles ressemblent maintenant à de simple points lumineux. Je ressens une force, un truc de dingue. Une longue route se dresse devant moi. Des sons de glissement, des pshhh me propulsent vers le long chemin. Des arbres, de l'herbe et plein de couleurs agrémente le long passage.

Le sol est sans couleurs, sans formes et ni texture, je marche dans le vide. Des milliers de sphère voyagent sous mes pieds. Je force mes yeux pour voir. On dirait qu'elles contiennent chaque partie de mon existence.

J'ai encore cette impression de vitesse, alors que je ne fais que du surplace.

Angie avait raison, elle a aussi voyagé dans cet endroit. Elle arrivait à atteindre d'autre lieu, dont nous ne connaissons pas le nom.

Regarder, écouter, comprendre et revenir. Ces mots repassent en boucle dans ma tête.

Et soudainement, j'aperçois un trou. Un trou noir. Je dois m'y rendre, je me sens poussé par une puissance qui dépasse les limites dé l'explicable.

Et le vide, une lente descente...

– Aaaaahhhhhhhhhhh, outch!, hurlé-je en tombant sur le sol.

Je me relève avec difficulté et je regarde autour de moi. Deux personnes me font face : une magnifique femme aux yeux et aux cheveux bruns et un homme à peu près de mon âge avec des yeux d'un bleu étourdissant.

– Qui êtes-vous ?, leur demandé-je.

– Bonjour Harry, me répond la femme et elle se tourne vers le garçon qui l'accompagne, ignorant totalement ma question. Comme tu peux le constater Louis, c'est très inhabituelle que les gens tombent du ciel. Habituellement, ils entrent pas la grande porte. Cela veut dire qu'ils ne sont pas prêts.

Le dit Louis hoche la tête.

– Pas prêt pour quoi ?, demandé-je curieusement.

– Pour votre mort très cher, sourit-elle.

– Ma... quoi ?

– Bienvenue en Enfer, mon nom est Lucy, célèbre gardienne de ces lieux maudits. Je vous invite à me suivre. Nous devons voir ce qui s'est passé pour que tu atterrisses ici.

Nous la suivons dans un immense couloir aux milles et une porte....

Nous nous arrêtons devant une fontaine, elle m'arrache une poignée de mes cheveux et je sursaute.

Les centaines de petites sphères, celles qui flottaient sous mes pieds, sont rependu dans l'eau à l'apparence brouillée. Elles se bousculent à une vitesse folle, mais nous parvenons à voir et ressentir le mal. La souffrance. Ma souffrance et celle que j'inflige autour de moi.

Des visages défilent. Angie.

– Angie, crié-je en essayant de plonger mes mains dans l'eau.

Mais pas une goute. L'eau s'évapore à mon contact et les bulles se désintègre. Ils m'échappent une à une, pour finalement disparaître complètement. L'eau redevient clair et de minuscules gouttelettes glissent de mes doigts.

L'homme Me regarde attentivement.

– Mec, tu as vraiment déconné. Tu as vraiment besoin de toute cette merde ? Tu es en train de te tuer à petit feu, dit-il le premier.

– Je ne sais pas quoi dire. J'aime avoir mal. J'aime avoir mal, parce que quand j'arrive à soulager la douleur, la sensation est encore plus exquise.

– Moi je sais quoi te dire, me dit l'étrange femme. Harry, tu te détruis à petit feu.

L'homme lève les yeux au ciel et rajoute :

– Fait pas attention à Lucy, elle n'est pas habituée d'être gentille. Ton heure n'est pas venu Harry. Tu joues avec le feu, toutes ses drogues, ses substances, qu'est-ce qu'elles t'apportent ?

– La liberté, plus rien ne m'atteint, je suis bien...

– Ses sentiments là sont éphémères, intervient Lucy. Tu en as toujours besoin de plus, et encore plus. Et ça te détruit, un jour tu y laisseras ta peau.

– Pense à ceux qui compte sur toi et pour toi, c'est ça que tu veux leur laisser comme souvenir ? Mort d'une overdose ? C'est de ça que tu veux que les gens se souviennent ? Harry était toujours gelé, il était toujours parti dans son monde...

Je vis depuis des années comme un Boeing en panne d'essence et mon vole plané vient de piquer du nez. Mon corps manque de carburant et la thérapie sera en quelque sorte ma piste d'atterrissage d'urgence avant le crash ultime.

•New Jersey - Avril 1982

J'ai cherché plus d'une fois une explication à cette expérience. Même si je reste convaincu que c'était belle et bien réel, mon côté rationnel du gars dégelé tente à mettre dans la tête que c'était plutôt une hallucination. Après avoir traversé le pays sans presque jamais m'arrêter, je suppose que la fatigue et la quantité exorbitante d'héroïne que j'ai pris cette nuit-là ont sans doute contribué à se voyage astral.

Est-ce que j'aurais préféré mourir cette nuit-là... à quoi bon me poser la question. Je suis déjà mort de toute façon. Je ne suis qu'une âme dans son enveloppe corporelle. C'est ce que ma sœur m'a écrit dans une lettre. Elle m'a dit mot pour mot « Je n'ai aucune envie d'aller te voir, tu n'es pas mon frère ». Mais je ne lui en veux pas, je la comprends. Mais tout ça, c'est assez, ça dure depuis beaucoup trop longtemps. Pour moi et pour les gens que j'aime, je dois mettre un stop à ce jeu maudit.

Reste que sans cette nuit d'avril, je n'aurais pas atterri dans ce centre et je n'aurais jamais réussi à reprendre le contrôle de ma tête. J'ai toujours bien rigolé de mon père qui à chaque fois qu'il prenait un verre de trop et disait « je vois clair » maintenant, c'est à mon tour de reprendre ces paroles. Je vois clair. Et il ne reste que quelques heures avant l'ultime crash.

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Chapitre écrit en collaboration avec CupOfTeaNmilk , qui se retrouve dans sa fiction Damnation, ça vaut le détour, et aussi dans un recueil d'OS sur le compte de la talentueuse -literharry . Je vous recommande fortement d'aller jeter un coup d'œil, elles sont extrêmement talentueuses et très gentilles.

Fanatique (H.S.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant