•5

122 31 116
                                    

Boston - Mai 1978

– Harry attend ! Viens ici une petite minute s'il te plaît, me chuchote la voix de Sami.

Je reste de marbre devant la réalité qui me rattraper. Ou celle qui m'a échappé. Son corps amaigrit, son sourire qui se force pour vivre encore un peu, dans un visage qui ne demande qu'à se reposer, un corps qui n'attend plus rien d'autre que le jour où le moteur cessera de tourner.

– Est-ce que tu chantes ce soir ?

– Oui-oui, dis-je après m'être raclé la gorge. Tu aimerais venir, je peux t'installer confortablement dans un endroit calme et tu...

– Non, me coupe-t-elle sans attendre, je suis beaucoup trop fatigué Harry.

– Comment ça va... je veux dire... heu... l'évolution est-ce que, je m'arrête devant ma maladresse.

– Ça va Harry, ne fais pas cette tête, rigole-t-elle. J'ai connu mieux, je dois t'avouer. Tu sais, la fin n'est pas bien loin, je le sais, je le sens.

Je ne trouve rien à dire. Que pourrai-je dire, la mort rôde, ça sent. Ça se voit.

– Angie, elle-elle va trouver ça difficile. Elle va avoir besoin de toi, plus que jamais, ajoute-t-elle en effaçant une larme qui s'est glissée sur sa joue.

J'acquiesce d'un mouvement de tête.

– Tu veux faire quelque chose pour moi ce soir ?

– Évidemment Sami.

– Chante-lui une chanson. Celle-là, me demande-t-elle en me remettant un bout de papier.

Je le déplie et observe le titre du morceau. Un sourire, que je n'arrive pas à contrôler prend vie sur mon visage.

– Je vais le faire Sam.

Je lui donne un baiser sur le front avant de prendre la direction du couloir, mais juste avant de franchir la porte sa voix me freine :

– Tu es une personne extraordinaire Harry, ne laisse rien, ni personne te faire croire le contraire.

– Aller repose-toi, je m'occupe de ta diablesse de sœur, terminé-je en lui offrant un clin d'œil.

– Je ne suis pas inquiète, je sais que je peux dormir sur mes deux oreilles.

Une main agrippée sur la poignée de la porte, je reste scotché un instant, le temps de me ressaisir, avant de basculer dans un autre monde. Angie.

– Harry !

– Hum...

– Tu n'oublieras pas de lui dire à quel point je suis fière d'elle et combien je l'aime, termine Sami en refermant la porte sans m'adresser un seul regard.

Je n'oublierais pas Sam...


Je pose ma tête contre la porte pour observer ma belle blonde devant son miroir. Ses cheveux sont encore humides, j'aime l'odeur de ses cheveux fraîchement lavés. La pièce est emplie de cette odeur que je pourrais retrouver parmi des centaines d'autres.

Fanatique (H.S.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant