*** Athena ***

19 1 0
                                    

Depuis qu'il était arrivé à Paris, Hermes avait réussi à se mettre à l'abri financièrement, avant tout pour éviter de devoir dépendre des autres divinités qui avaient toujours une dent contre lui. Depuis la fin de la Commune, il avait réussi à se trouver un joli hôtel particulier dans le huitième arrondissement, qui avait aujourd'hui une superbe vue sur la Tour Eiffel pour les trois derniers étages. A un moment, il avait loué les appartements du bas à un écrivain célèbre, un certain Marcel Proust. Hermes avait trouvé que le type était un snob prétentieux insupportable mais son écriture l'avait séduit et il lui avait loué son appartement pour un prix modique, afin de servir de mécène au jeune artiste.

En bas, un interphone permettait d'accéder à l'immeuble. Impossible d'entrer discrètement dans ce genre de bâtiments, il y avait toujours soit un cerbère suspicieux, soit un vigile, soit un digicode, voire les trois. Athena s'annonça et évita l'ascenseur "d'époque". Elle préfera prendre l'escalier pour arriver au dernier palier. L'ensemble de la décoration de l'immeuble était impressionnante. Le style flamboyant fait de verre coloré et de fer forgé "Art Nouveau", comme disaient les artistes était là pour prouver au visiteur que le propriétaire était riche. Le palier était aussi grand que l'atelier de Zeus dans le troisième arrondissement et il n'y avait qu'une seule porte, en chêne décoré et sculptée de motifs floraux peints en peinture dorée, peut être en or véritable.

La déesse frappa à la porte de celui qu'elle appelait depuis des siècles "le petit chouchou de papa". En réalité, ce surnom venait d'Artémis, qui avait parlé d'Hermes en ces termes au moment où ils avaient dû quitter la Grèce par la faute du Dieu messager. Athena se souvenait qu'Apollon avait même été obligé de retenir sa soeur jumelle qui menaçait d'émasculer Hermes devant tout l'Olympe. Ce n'était pas vraiment le bon vieux temps.

La double porte s'ouvrit à moitié. "Bonjour Catherine. Entre.

_ Ne m'appelle pas comme ça."

Hermes ouvrit la porte en grand et invita la déesse à le suivre dans un salon richement décoré. Athena reconnut sur un des murs un tableau de Picasso, sûrement un original, et un bronze de Rodin. Curieusement, elle ne vit aucune antiquité grecque dans les deux pièces qu'elle traversa. Hermes avait toujours son air de jeune premier, beau gosse un peu flambeur et sûr de lui. Pour recevoir Athena, il avait choisi un superbe costume en lin blanc cassé et avait posté un gros cigare au coin de sa bouche.

"Que puis-je faire pour toi ma très chère soeur?

_ Arrête avec ça je t'ai dit.

_ Avec quoi? Le tabac? Tu veux que j'arrête de fumer.

_ Ne te fous pas de moi. Tu sais de quoi je veux parler.

_ Pas vraiment, mais je vais faire comme si. Tant que je te tiens, je t'ai vue à la télé récemment, un dessin animé. Tu étais pas mal, avec des cheveux violets et une bande d'ahuris en armure qui tentaient de te sauver.

_ Ce n'était pas moi. Répondit Athena, glaciale.

_ Très bien, bonne ambiance. Je ne peux rien faire pour toi alors? C'est une visite de courtoisie?

_ Ne rêve pas. Je sors de chez Hera. Elle m'a donné une lettre que tu lui as écrite.

_ Ca fait longtemps que je ne lui ai pas écrit."

Athena sortit de la poche de son pardessus la lettre qu'Hera lui avait confiée. Avec du mal d'ailleurs, puisque la déesse n'avait accepté de se séparer de la lettre que contre la promesse d'Athena de la lui ramener et de régler tous les problèmes.

Hermes prit la lettre et avant de la lire s'exclama :"Ah oui, c'est bien mon écriture!

_ Je sais. Tu te souviens de cette lettre?"

Hermes lisait rapidement le contenu de la missive :"Oui. Plutôt bien. Ca date un peu mais je m'en souviens.

_ Est-ce que tu sais que tu as encore foutu la merde avec ton petit message?

_ Non. Que s'est-il passé?

_ Hera a pêté un câble en lisant ça. Et du coup, elle a maudit l'enfant.

_ Pourquoi a-t-elle fait ça?

_ Parce qu'elle n'est pas foutue de s'en prendre à Zeus, tu sais bien.

_ Je ne pensais pas avoir si mal agi. J'ai fait ça pour son bien.

_ Le bien de qui?

_ Je ne sais pas. Je ne sais plus. Celui d'Hera peut être.

_ De toutes façons, le mal est fait. Je suis venue parce que j'ai besoin d'une information.

_ Dis-moi.

_ Tu connais l'enfant? Tu peux me dire qui c'est et où le trouver?

_ Je connaissais sa mère. Mais il est possible qu'elle soit décédée. Tu sais, les mortels vivent moins longtemps que nous. Ils sont... mortels, justement.

_ Ne me prends pas pour une conne. Je suis sûre que tu as le nom du fils de Zeus.

_ Son fils? Tu fais erreur ma grande. L'enfant était une fille."

Athena eut un petit mouvement de recul. Dans le temps, chaque fois qu'Hera avait vraiment pété un cable à cause d'une aventure de Zeus, c'était suite à la naissance d'un garçon. La déesse ne devait pas connaître ce détail non plus. Ou alors elle était bourrée plus qu'elle n'osait l'admettre. "Tu es sûr? Tu n'es pas en train de me mentir?

_ Non, je t'assure. La gamine s'appelle Olivia Martin. J'ai même son adresse si tu veux. Mais franchement, tu te fatigues pour rien. A ma connaissance, elle va bien.

_ Si tu as encore foutu la merde, cette fois, tu auras affaire à moi.

_ Je me tiens tranquille depuis que je suis ici. Cette histoire sur l'Olympe, c'est oublié non?

_ Je t'ai dit d'arrêter de rêver."

La Malédiction de la DéesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant