20 : Promenade le long du quai

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Tôt ce matin, je suis sorti dehors. J’aime bien me promener le long du quai, quand il n’y a encore personne. Il faisait encore un peu nuit, et le soleil se levait doucement. Je marchais tranquillement, pensant à ce que j’allais faire aujourd’hui. Plus le jour se montrait, plus je commençais à voir  de promeneurs qui, comme moi, se baladaient pour se réveiller en douceur.

J’habite dans un village d'une taille relativement modeste, environ 700 habitants, alors je connais la plupart des gens qui viennent le matin, sur le quai. Il y a les habitués, à qui je dis bonjour quand je les croise. Néanmoins je ne m'arrête jamais pour les saluer, j'ai horreur de m'interrompre. Et de l'autre côté, on trouve les personnes qui viennent juste de temps en temps. Généralement j’arrive à mettre un prénom (ou à la limite un lien de parenté) sur tous les visages que je croise.

Mais ce matin, alors que j’étais à mi-chemin, j’ai croisé une personne que je n’avais jamais vue de ma vie. C’est quelque chose qui arrive vraiment rarement. Comme j’étais très étonné, j’ai attendu qu’il passe derrière moi. Il descendait le quai, contrairement à moi qui montais. J'en ai profité pour l’observer, car je voulais vraiment savoir qui c'était. Contre toute attente, il s'est également retourné. Et c’est là que je l’ai reconnu. Mon oncle, qui habitait le village voisin mais que curieusement, je n’avais pas vu depuis au moins 5 ans.

J’étais plutôt content de le voir, alors je me suis dirigé vers lui. Au début il n’avait pas l’air de me reconnaître, alors quand je me suis trouvé proche de lui, je l’ai salué, lui ai dit mon prénom et je lui ai demandé si il me reconnaissait. L’expression de son visage, qui était jusque là un peu vide, est devenue plus amicale. On a parlé un bon quart d’heure. En fait, c’était plutôt moi qui parlais, il se contentait juste d’acquiescer la plupart du temps. C’était agréable de ne pas se faire interrompre, mais j’aurais bien aimé qu’il me raconte un peu plus ce qu’il avait fait durant ces 5 ans.

A un moment, il a détourné le regard en direction du soleil, qui se levait presque totalement et m’a dit qu’il devait retourner chez lui. Je lui ai demandé s’il voulait passer chez moi un de ces jours, mais il n’a pas répondu et a continué sa marche, de manière un peu plus rapide qu’avant. J’ai continué la mienne également, et arrivé au bout du quai, j'ai fait demi-tour puis je suis allé acheter le journal, comme chaque matin, avant de rentrer.

Je le feuilletais tranquillement, avec mon café. Rien d’intéressant, comme d’habitude, mais il me faut absolument quelque chose pour accompagner mon café. Il ne me restait qu’une page à lire.

Celle des avis d’obsèques. Le nom de mon oncle y figurait. 

PSi

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