36 : Mon ex n'arrêtait pas de m'envoyer des sms...

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"Tu me manques."

J'ai résisté à l'envie d'avoir un téléphone aussi longtemps que possible. Je n'avais pas vraiment de bonnes raisons, je crois, autres que le prix. Quand j'ai pris mon indépendance, je n'avais aucun moyen de me payer un forfait mensuel. J'étais la seule de mes amis à avoir seulement un fixe, et ça rendait tout le monde dingue. J'ai réussi à attendre jusqu'à mon vingt-cinquième anniversaire, quand je me suis finalement sentie assez à l'aise financièrement pour m'en acheter un. Tous mes amis ont ri de mon changement d'avis, mais je peux dire que ça les a soulagés. Pour tout dire, j'étais assez satisfaite moi aussi. Il s'avère que les téléphones portables sont ridiculement pratiques, qui l'aurait cru ?

J'ai commencé à recevoir des messages seulement environ un mois après avoir acheté mon téléphone. C'était le premier message d'un numéro inconnu que je recevais, et ça disait simplement : "Tu me manques."
J'ai d'abord été troublée - drôle de manière de se présenter, non ? Ça me semblait un peu trop dramatique... Et ça l'était quand j'ai fait le lien.

Environ un an plus tôt, j'avais rayé de ma vie mon bon à rien d'ex petit ami. En y repensant, je peux affirmer sans me tromper qu'il n'était rien d'autre qu'un grand enfant. Il voulait que je fasse la cuisine, le ménage, que je m'occupe de ses rendez-vous médicaux, et que je lui donne - oui, lui DONNER - la moitié de mon salaire chaque mois, parce qu'il ne trouvait pas ça nécessaire de trouver un travail. Je n'aurais pas dû rester avec lui aussi longtemps - foutue belle gueule - mais une fois que j'ai repris mes esprits, je l'ai mis à la rue, comme toutes ses autres copines/victimes l'avaient fait avant. Ma supposition était qu'il me stalkait sur Facebook, ou alors qu'il avait poussé mes amis à lui donner mon nouveau numéro. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'il essayait de reprendre contact avec moi, et je me suis dit que ça ne serait pas la dernière.

Au final, j'ai choisi de ne pas répondre. D'une, je savais qu'il voulait juste essayer de me manipuler si je lui en donnais l'occasion, comme il en avait l'habitude. De deux, ça me donnait une petite satisfaction de le laisser se sentir ignoré. En principe, j'essaye de ne pas être mesquine, mais parfois une occasion aussi parfaite est vraiment séduisante.

Les prochains mois ont semblé confirmer ma déduction. Ses attaques n'étaient pas constantes, mais étaient toujours de vagues réclamations qui semblaient indiquer qu'il avait besoin de profiter d'une nouvelle personne, et qu'il n'arrivait pas à en trouver une. Ce n'était pas surprenant qu'il essaye de me contacter la première, vu que j'avais été sa plus longue relation, la plus loyale de toutes ses copines... Et la plus naïve. J'étais la cible parfaite.

Les messages étaient toujours dans le même esprit, et sont vite devenus pénibles.

"Tu me manques."
"J'aimerais pouvoir te voir..."
"J'ai cru te voir dans la foule aujourd'hui, mais ce n'était qu'un rêve."

Beurk. Pathétique.

Une nuit, environ huit mois après avoir eu mon téléphone, j'ai dérapé.
Je dois l'admettre, j'avais bu. Ça a commencé par une bière pour me détendre après le travail, et ça a vite tourné en beuverie solitaire. J'étais complètement bourrée quand j'ai reçu un message plus long que d'habitude.

"Tu me manques tellement. Je sais que tu ne lis pas ça, mais aujourd'hui plus que jamais, j'ai besoin que tu saches à quel point je t'aime. Je ferais tout pour te voir encore une fois..."

"Aujourd'hui plus que jamais ?" me suis-je questionné. J'ai essayé de réfléchir malgré mon cerveau en bouillie. Dès la première pensée que j'ai eue, j'ai compris. "Aujourd'hui ça aurait sûrement été notre anniversaire." Certainement, pourquoi pas ? C'était l'occasion parfaite pour un peu de manipulation. C'était un connard, mais il était intelligent.
Et puis, j'ai eu une idée.
"Il veut jouer ? Ok. On va jouer. Mais je vais changer les règles." ai-je juré en bafouillant.
J'ai commencé à écrire et mon correcteur a lutté pour clarifier mes propos malgré mon ivresse.
"Si tu veux venir me voir, alors pourquoi tu ne le fais pas ?" Et puis, en prime, je lui ai fait savoir que je savais qu'il m'avait stalkée. "Tu sais où me trouver."
J'ai envoyé, et avec ça, j'ai changé le destin.

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