Noël au Löwenstein [TERMINÉ]

6.

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Les deux jours séparant Melek de Wilhelm étaient passés à la fois trop vite et trop lentement. Trop lentement, car Melek s'était impatientée de revoir le jeune homme dès son retour du village et trop vite, car elle s'était employée à travailler autant que possible pour faire passer le temps. Toutefois, cela ne lui épargnait pas les questions taquines de Sabine. Si cela amusait Melek au début, elle commençait à trouver cela de plus en plus agaçant. Mais son amitié pour la gouvernante lui intimait le silence. Elle finira bien par se lasser, pensa Melek.

Comme à son habitude, Melek informa Sabine de son départ et partit rejoindre Rainer et sa voiture après avoir bouclé son sac. Sabine lui fit un clin d'œil. Melek lui sourit, mais ne dit pas un mot.

Quand Rainer la déposa près de la poste, Melek tarda un peu à le quitter. Elle appréhendait autant qu'elle s'impatientait de passer la nuit avec Wilhelm. Il y avait quelque chose d'excitant à l'idée de découvrir un corps nouveau, un corps qu'elle désirait voir. Mais cela l'angoissait de dévoiler le sien. Se mettre à nu devant un inconnu exigeait une confiance absolue. Melek avait confiance en Wilhelm. Enfin, elle voulait le croire. Elle savait qu'il aurait quelques questions à poser – et elle n'en voudrait pas à Wilhelm de les poser – mais Melek n'était pas sûre de vouloir y répondre. Tout de suite du moins.

Il neigeait ce soir-là. Quelques flocons tout au plus, mais Melek s'arrêta pour lever les yeux vers le ciel. La nuit commençait à tomber, assombrissant le ciel dans la teinte bleu-roi que Melek aimait tant. Elle avait l'impression que les étoiles tombaient du ciel à cet instant.

« Melek ? »

La jeune femme sortit de sa contemplation et se tourna vers la voix qu'elle s'étonna de reconnaître aussitôt. Elle sourit à Wilhelm et tendit le cou pour attendre son baiser. Si Wilhelm semblait s'habituer à l'embrasser, Melek était surprise de redécouvrir ses lèvres à chaque baiser. Elle glissa ses mains le long des côtes de Wilhelm pour l'enlacer. Les pans de son manteau ouvert vinrent la recouvrir. Et les bras de Wilhelm les accompagnèrent pour embrasser le dos de Melek.

Elle aurait pu rester là des heures durant, au chaud dans les bras de ce bel inconnu, à découvrir encore et toujours la chaleur de ses lèvres.

« Où m'emmènes-tu, ce soir ? finit-elle par demander. »

Wilhelm garda Melek auprès d'elle.

« J'ai préparé du thé dans une thermos, commença-t-il. Je te propose de quitter les lumières du village pour observer au mieux le ciel étoilé. »

En temps normal, Melek aurait souligné le cliché d'une telle soirée. Mais c'était Wilhelm qui la proposait, alors Melek était aux anges, impatiente. Elle sortit une main du cocon de chaleur que Wilhelm lui apportait et attrapa la main de Wilhelm.