Noël au Löwenstein [TERMINÉ]

17.

Au midi, Wilhelm avait annoncé sa volonté de partir en randonnée le lendemain et qu'il partirait en début de soirée pour dormir sur place. Elena l'avait ignoré. Il ne méritait plus son attention depuis qu'il l'avait humiliée de la sorte. Madame Sophia avait levé les yeux au ciel. Elle condamnait ce comportement qu'elle jugeait sauvage : c'était un Prince ! Et justement, parce qu'il était Prince, elle se tut.

Wilhelm osa un rapide regard complice à Melek qui se tenait droite près de la porte. Celle-ci retint un sourire. Depuis leur baiser de la matinée, la jeune femme ne tenait plus en place et s'impatientait de la fin d'après-midi pour qu'elle puisse le retrouver.

L'après-midi lui sembla durer une éternité. Elle s'activait pour se changer les idées. Wilhelm, quant à lui, trouvait difficile de garder une certaine distance avec Melek. Il finit par quitter le château plus tôt que prévu pour ne pas avoir à la suivre partout, pour attraper un regard ou un de ses sourires. Dès que Sabine donna congé à Melek, celle-ci partit en courant dans sa chambre pour préparer son sac et se changer. Rainer n'allait pas au village aujourd'hui. Aussi dût-elle descendre au village à pied. À plusieurs reprises, elle faillit chuter, mais rien n'y faisait, elle ne pouvait pas ralentir.

Melek était à une centaine de mètres de la première maison du village, quand elle entendit un klaxon. Elle sursauta et tourna la tête pour voir d'où provenait le bruit. C'était Wilhelm et une voiture de location. Elle courut vers lui. Quand elle ouvrit la portière, elle balança son sac sur la banquette arrière et se précipita à l'intérieur sans penser à refermer la portière. L'embrasser. Au plus vite.

Elle rit contre les lèvres de Wilhelm.

Melek ne fut pas tant surprise de le voir la reconduire au tipis de la semaine précédente. Melek s'étonna : une semaine seulement ? La pire qui fut depuis très longtemps, certes, mais il lui avait semblé que ses nuits à pleurer pour s'endormir avaient durer depuis plus d'une éternité.

Ils avaient prévu de se promener et de manger au chalet le soir, avant de passer la nuit dans le tipis. Et Melek savait qu'ils y dormiraient peu. Puis fatalement, ils s'envolèrent directement pour le tipis. Le soir, ce fut Melek qui descendit au chalet récupérer un repas chaud pour deux.

Quand Melek revint, Wilhelm l'attendait allongé sous les couvertures. Elle en oubliait la dernière semaine. Il lui semblait n'avoir jamais quitter cet endroit. Ce tipis était la bulle de Wilhelm et elle. Elle s'y sentait bien, elle y était heureuse.

Wilhelm se redressa et chercha un pull des mains. Melek lui tendit une couverture – elle portait le pull de Wilhelm sur elle. Elle songeait à le lui voler, tellement l'odeur la rassurait.

Melek posa les deux plats sur le parquet du tipis, après avoir écarté quelques couvertures, puis elle vint s'installer au plus près de son amoureux. Elle le laissa déballer le papier aluminium, puis se précipita sur la nourriture : elle était affamée. Elle n'entendit pas le petit rire de Wilhelm.