Noël au Löwenstein [TERMINÉ]

23.

Sabine éteignit la lumière et ferma la porte de la chambre de Melek. Aussitôt après, on toqua à la fenêtre de la jeune femme. Elle sortit de son lit, le chagrin lui donna le vertige et elle en eut la nausée. Son cœur rata un battement, cela ne pouvait être que Wilhelm. Au début, elle refusa de lui ouvrir. Elle avait promis à Madame Sophia. Puis elle se ravisa. Wilhelm ne la laisserait pas dormir sans avoir d'explication. Et c'était la dernière fois qu'elle le verra. Son ventre se tordit douloureusement à cette idée.

Elle espérait juste que personne ne l'est vu. Madame Sophia devait s'en douter, pensa-t-elle. Peut-être lui laissait-elle ce soir ? Peut-être lui laissait-elle cet au revoir. Elle ouvrit la fenêtre et Wilhelm l'escalada aussitôt. Melek douta qu'il eut pris la peine de la regarder. Et quand il s'approcha de son amie pour l'embrasser, elle se recula.

« Melek, murmura-t-il dans une complainte. Melek... »

Elle croisa la douleur des deux yeux turquoises et se sentit faiblir. Les larmes lui montèrent aux yeux et elle se laissa enlacer par Wilhelm. Elle resta un long moment, blottie dans ses bras, dans l'obscurité et le froid de sa petite chambre. Elle aurait souhaité que le monde disparaisse autour d'eux.

« Que t'a-t-elle dit ? »

Retour à la réalité. Melek mit du temps à répondre. Car elle avait besoin de temps pour mentir à Wilhelm.

« Rien de spécial, commença-t-elle en se dégageant des bras de Wilhelm pour aller s'asseoir sur le lit. »

Il la rejoignit aussitôt, paniqué à l'idée de ce que lui cachait Melek. Il s'assit à côté d'elle et s'empara de ses deux mains pour l'encourager à lui raconter le reste.

« Pourquoi tes bagages sont-ils fait ? s'inquiéta-t-il après avoir regardé autour de lui.

— Demain soir, je dois quitter le château et rentrer à Munich. »

Melek se leva en dégageant brusquement ses mains de celles de Wilhelm. Elle lui tourna le dos et se passa une main désespérée sur le front. Il lui était insupportable de lui mentir. Et le faire en l'affrontant était tout bonnement impossible.

« Il faut que tu t'en ailles, lui intima-t-elle. »

Il se leva pour protester.

« S'il te plaît, le supplia-t-elle en se retournant vers lui. »

Silence. Elle osa rencontrer le regard de Wilhelm. Qu'elle s'était sentie belle sous ses yeux, désirée. Désormais, ces deux turquoises voulaient pleurer, l'interrogeaient. Cela lui brisait le cœur de leur dire adieu.

Wilhelm s'avança lentement vers la fenêtre. Avant de la franchir, il se tourna une dernière fois vers Melek.

« Tu m'as longtemps reproché de t'avoir caché la vérité... »

Il escalada la fenêtre, laissant sa phrase se terminer dans le vide. Melek comprit qu'elle vivait là ces derniers moments avec Wilhelm. Et elle ne voulait pas qu'il parte avec cette image d'elle. L'image d'une lâche. Elle se précipita à la fenêtre et s'y accouda pour le rattraper.

« Wilhelm, l'appela-t-elle tout bas. »

Il leva la tête vers elle. Il faisait sombre, mais Melek aurait juré voir une larme dans le coin de ses yeux. Elle posa une main sur sa joue. La dernière fois.

« Je suis sincèrement désolée.

— De quoi ? insista-t-il.

— De toute cette histoire. »

Il attrapa la main de Melek sur sa joue pour l'embrasser. La dernière fois.

« Elle n'est pas finie. »

Melek se tut. Elle ne pouvait lui mentir davantage.

« Demain soir, je partirai avec toi, lança-t-il sur un coup de tête irréfléchi. »

Melek paniqua et retira sa main.

« Ne dis pas de bêtises, Wilhelm. »

Le Prince avança d'un pas vers la fenêtre. Melek se redressa pour mettre plus de distance entre eux.

« Il vaut mieux que tout cela se termine ici, commença-t-elle. C'était beau et je ne t'en remercierai jamais assez. »

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et sa voix commençait à défaillir.

« Mais il faut que nous ouvrions les yeux, cela ne pouvait pas continuer ainsi plus longtemps. »

Wilhelm voulut riposter, mais Melek ferma la fenêtre.

J'ai fait vite la correction - je vais vite continuer pour le 24.

Ça sent pas bon, hein?! Est-ce que j'ai vraiment prévu une happy-end? HAHAHA !