Il y a cette pièce qui n'a pas encore été complètement écrite, mais dont nous nous efforçons d'apprendre chaque réplique par coeur.
Une scène, volée au coin de la rue: elle était accrochée sur la facette d'un kiosque , coincée entre un journal bidon et un jeune plant de cactus.
Elle avait deux personnages.
Un te correspondant: drôle, simple, passionné, mais troublant.
L'autre me collant à la peau: attentionné, jovial mais dépendant de ta joie.
On a survolé le script un peu septiques, cherchant l'erreur dans la distribution des rôles. Tentant de trouver l'intrigue de l'histoire... espérant avoir le caractère nécessaire pour jouer une pièce qui serait ressentie.
Je te jure, j'ai pas changé grand chose, lors de la première lecture. J'ai lu comme un robot, mot après mot, moment après moment.
Je ne t'avais pas encore vu, toi, le comédien véritable, tu étais caché sous ton personnage fier et charismatique,pas la moindre trace de ton visage perdu dans les notes troublantes de ta tristesse.
Puis, on a commencé à jouer.
Acte un, scène un.
Il écoute sa musique. Elle le regarde. Il chante, dans sa bulle, l'air triste. Elle s'approche.
Il lève la tête. Elle le salue. Il lui donne un écouteur. Elle entre dans son monde à lui. Il partage ses inquiétudes. Elle sourie, triste et émue. Il arrête la musique. Elle ne sait que répondre. Ils restent là. Ils se regardent, silencieux. Chacun dans leurs pensées, et dans les pensées de l'autre. Il se lève. Elle le regarde partir, avec la musique et la complicité qu'elle avait créé.
C'est l'acte un, scène un.
C'est les débuts. La rencontre et tout. C'est les découvertes et les surprises. Mais même si c'est que le début et qu'on ne connait pas encore le nombre de scènes qu'ils partageront, je sais quelque chose...
Et si, tu veux, je peux déjà te prédire la fin: il ne meurt pas. Ils s'embrassent?
Peut-être, Peut-être pas.
Mais il ne meurt pas et ils sont heureux.
Ensemble, ou pas.
