Désolé.

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Désolé.

Je n'aurais pas dû faire ça.

Désolé.

J'aurais pu faire plus.

Désolé.

Je sais que je devrais être fière d'être trop faible pour pouvoir faire plus que cela.

Désolé.

Je ne voulais pas.

Désolé.

Je désire retourner sous cette barrière élémentaire.

Et puis, désolé encore.

Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait.

Désolé.

Désolé.

Désolé.

Désolé.

Désolé...






Mais j'ai aimé ça.

J'en ai peut-être ris aussi.

Sur le moment, je me sentais bien.

Je croyais avoir un certain pouvoir face à moi-même, comme si faire cela pouvait tuer toute la jalousie que je ressens parfois face aux autres et la haine que j'ai envers moi-même.

Sentir mes pensées s'écouler avec l'eau au fur et à mesure que ma peau prenait une teinte rougeâtre, ça me donnait la bête illusion de contrôler l'avenir.

Comme si me faire du mal ferait que ma vie me plairait plus ensuite.

Comme si attaquer ce que je n'aime pas sur mon corps ferait que je serais plus belle.

Comme si laisser les larmes coulées ferait de moi une personne moins susceptible d'échouer...

Comme si j'avais le pouvoir réel de changer en faisant si peu.

Comme si ces picotements chauds sur ma peau était le résultat qu'une métamorphose quelconque en quelqu'un de mieux.

Comme si je n'étais pas profondément désolé d'agir ainsi.

Un élément s'en appropriant un autre pour m'atteindre en flèche et me procurer une sensation de brûlure telle que j'en oubliais ma petite voix intérieure.

C'était la magie de l'instant.

Une magie noire bien plus que blanche.

Des actions nobles traitées par des gestes sales.

Rien à voir avec les petits papillons lorsqu'il est là ou la douce mélodie de leurs rires.

Rien de mieux qu'une magie destructrice.

Puissante certes.

Donnant une image, un mirage heureux de pouvoir et d'importance.

Mais j'ai été faible.

Je n'ai pas osé donner une véritable porte de sortie à ses pensées qui se bousculent dans ma tête et qui me font verser des larmes d'impuissance et de honte.

J'ai senti la lame froide sur mon poignet, une contraste évidente avec la chaleur de l'eau qui m'enveloppait.

J'ai passé et repassé l'objet, le faisant glisser doucement sur ma peau rosée.

J'ai essayé de le faire réellement mais je n'ai pas eu le courage de peser assez fort pour qu'il pénètre ma peau...

Que la lame puissante laisse s'échapper ma douleur en même temps que mon sang et que tous deux disparaissent loin dans les tuyauteries, loin de mon cerveau et de mes yeux.

J'ai échoué où elles ont réussies.

Un échec heureux, bien évidemment.

Mais un échec tout de même.

Désolé.

Je n'aurais pas du.

Désolé.

Je n'ai pas fait exprès.

Désolé.

J'ai pas réussi.

Désolé.

J'aurais préférer écrire que j'étais bien.

Désolé.

Je vais me forcer à m'aimer plus.

Désolé.

Mais tout de même, merci d'exister.

Une vie, un rêve, une plumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant