OXYMORE

27 juin

« Ça fait longtemps. J'ai l'impression que ça fait des semaines qu'on s'est pas vu. Tu sais depuis, rien à changer. Ouais en même temps qu'est ce qui peut bien changer en deux jours ? Ma mère a fait un diner hier soir et elle a invité tous le monde t'as vu et genre.. En plein repas, quand j'étais prêt à mettre la cuillère de couscous dans la bouche qu'elle me demande quand est-ce que je vais lui présenter une fille. »

Il se pose alors sur un muret et m'invite à m'assoir. Il voulait s'arranger un peu alors coiffé et attaché ses cheveux et mis des vêtements simples mais qui le mettaient en valeur.

« J'm'attendais pas à c'qu'elle me demande un truc aussi important. Et puis, hier j'ai pas ris comme maintenant là. Non. Je lui ai répondu d'un ton sec et froid que j'allais sans doute jamais me marier et encore moins avec la fille de la voisine ou je ne sais quelle pute encore. Ouais, je sais. J'ai mal parlé. Mais faut il d'abord comprendre pourquoi ça m'a autant touché. »

Il marque une pause, cherchant ses mots. Il soupire et regarde la fenêtre du sixième étage.

« Elle se pointer tous les dimanches matins, à 7h pile. Et tu vois ça me cassait les couilles parce que j'avais encore les débris de ma nuit qui se faisaient entendre dans mon crâne et le moindre petit bruit qui raisonnait, m'était insupportable. En plus j'suis pas du matin alors je m'énervais contre elle. Au début elle comprenait pas du coup elle faisait la gueule ou genre pour se venger elle taper fort à la porte et ça m'irritait de ouf ! C'était une gamine ! Après elle s'en moquait, elle en riait t'as vu. J'ai arrêté de me lever et lui ouvrir la porte juste pour pas entendre ses phalanges cogner, parce que, c'est ouf mais on aurait dit qu'elle voulait péter la porte juste avec sa main droite. Alors j'me levais une demi heure avant après avoir régler mon réveil et je partais me recoucher. Alors, elle trouvait la porte ouverte et elle venait se glissait dans mes draps pour poursuivre sa nuit inachevée. J'étais bien trop pété pour lui parler et puis j'pense que ça ne la dérangeait pas, vu qu'elle m'en a jamais fait la remarque.»

Il baisse la tête, sourit avant de poursuivre.

« Et t'sais à chaque fois qu'elle entrait dans l'appart' ça me réveillait, j'sais pas, elle dégageait un truc. Je crois que même les anges la remarquaient. »

Il sort une cigarette, il tremble de la jambe mais parait calme.

« Donc. Euh... Ah ouais. Je levais l'oeil pour voir si c'était elle tu vois. Si c'était pas un taré qui était là, pour être sur quoi ! Elle avait toujours la même dégaine : un jean slim brut et le vieux t shirt avec lequel elle dormait. Le genre de t shirt trop large, trop lavé, trop vieux et un peu trop transparent qui laissait apparaitre ses tétons.»

Il rit.

« Quoi ? Bon ok, mais c'est vrai j'avoue que je levais l'oeil pour ça. Mais pas toujours ! Bref reprenons. Du coup, elle se glissait dans mes draps pour se rendormir, elle dormait la bouche ouverte normal, parfois elle se mettait le drap sur sa face je me demandais comment elle arrivait à ne pas s'étouffer elle. Parfois même je me réveillais et je voyais sa tête posée sur mes jambes. Quand elle venait pour dormir c'était pas trop bon. Parce que... t'sais, elle se réveillait et elle disait quel jour on était et si elle avait cours tu vois. En gros, elle se tuer aux médocs la veille et j'me suis rendu compte que peut être c'était parce qu'elle était trop triste... »

Il soupire et s'en va, sans un mot de plus. Habituée à ses départs, je me contente alors de le regarder et espère que demain sera un jour meilleur.