OXYMORE

30 juin

Aujourd'hui il n'est pas venu, il n'est pas sorti. Il aurait peut-être décider lui aussi de partir, parce qu'il n'arrive plus, parce qu'il ne supporte plus. Malek vient à ma rencontre.

« Euh wesh. Je t'ai vu plusieurs fois avec Yazîr, j'suis Malek. Un bon pote à lui. Tu dois être une pote toi aussi ? Ou plus ? Je t'avoue qu'il ne m'a jamais parlé de toi. Bon, aujourd'hui il est pas sorti, il répond pas à mes appels. Tu sais quelques chose ? Je pense pas. Si t'es ici c'est que tu pensais le trouver dehors avec nous ou seul. Ouais plutôt seul. Il a grave gé-chan. Mais c'est un bon gars et à chaque fois qu'on a le privilège de passer un moment avec lui, il nous régale. Tu veux savoir quoi sur lui ? Enfance difficile hein, ou pas, c'était un petit mec dans la lune, dans sa bulle. C'était un gars honnête mais un peu trop naïf. Il nous a toujours dit qu'il grandirait et qu'il partirait d'ici parce qu'il ne voulait pas devenir comme eux. »

Il me montre quelques jeunes hommes posés en bas du bâtiment à fumer un peu de tout.

« Sa mère était fier de lui, il a toujours eût les mots pour la soutenir et la relever comme une reine doit se comporter. C'était son pilier, lorsqu'elle était faible lui, avait la rage et lorsqu'elle était bien, il était l'homme le plus heureux du monde. »

Il me tient alors la porte du bloc.

« Vas-y entre on va aller le voir vite fait. »

Derrière lui, je le suis.

« Des fois j'le comprend wallah, qui peut vivre ici ? Personne et surtout pas nos daronnes. Elles méritent mieux wallah. »

On monte dans l'ascenseur qui avait une odeur de pisse mélanger à de l'eau de javel. Malek appuie sur le bouton " 6 "

« Ouais bouche toi le nez, c'est la merde ici. Si j'attrape le fils de pute qui a fait ça wallah j'sais pas ce que je lui fait. »

On sort de l'ascenseur, Malek tape à la porte de droite.

« Yazîr. Ouvre. C'est Malek. Wallah mec j'te connais et j'sais quand t'es pas bien. Faut pas t'mettre dans des états comme ça mon gars. Ça fait une putain d'année, wesh, c'est rien frère tu vas t'en sortir, t'es un warrior, t'es un fou, tu vaux plus que ça. T'isole pas, wallah t'isole pas parce que t'es pas seul et tu le sera jamais mon frère. Tu sais, on a tous perdu quelqu'un qui nous faisait vibrer mais comme on dit les meilleurs partent en premier et même si celle que t'aimait elle est partie pour de bon, dit toi que c'était peut-être pas la bonne mon frère. »

Il marque une pause, se pose sur le paillasson noir. Il soupire et poursuit :

« Yaz' t'as aimé la mauvaise personne de toutes tes forces alors imagine à quel point tu vas pouvoir aimer la bonne, celle qui te rendra réellement heureux, qui ouvrira son coeur juste pour faire battre le tient. Imagine frère et j'sais que tu m'écoutes alors je te demande juste d'imaginer. T'es pas le mec parfait wallah, t'as des défauts et tu fais des erreurs et si elle n'a pas pu te pardonner, alors attend celle qui te pardonnera les yeux fermés parce qu'elle t'aimera toujours même après tes conneries. Dans la vie, tous le monde te laissera tomber, tous le monde rira en voyant que t'as chuté, et si t'attends, si t'es assez fort tu verras une main et ça sera la sienne. Il faut attendre le bon moment et ça arrivera mec, j'te le promet. »

On entend le bruit de la serrure, Malek se relève, Yazîr ouvre la porte. Les yeux humides, il prit son meilleur ami dans les bras et éclate en sanglot. Il est triste et qui pourrait bien guérir cette aussi grande douleur venant du plus profond de son âme, une douleur tellement encré qu'elle paraît irréparable.