28 juin

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Il n'était pas seul cette fois-ci, il se disputait, encore une fois. Cette fois-ci la fille est plus âgée et elle ne lui ressemble pas. C'est une femme élégante mais il ne la regardait même pas, ces yeux bien trop haineux pour pouvoir remarquer quoi que ce soit.

Vous en savez peu sur lui, et si je vous en disait plus ? Vingt-quatre années de galère et aucune ride du moins pour l'instant. On me reproche de trop l'observer mais c'est un personnage qui cache tant de chose, mystérieux. Oui, il en disait beaucoup mais Yazîr est tellement mystérieux. Au fond c'est ce qu'ils aimaient tous chez lui, sa discrétion et puis personne ne lui en voulait jamais parce qu'il semblerait que ce soit un homme bon, c'est ce qu'il dégage. Un être qui a de l'amour à donner et qui est...

« Putain. C'est quoi ces putes qui viennent au quartier comme ça ? J'vais dans leur bordel moi ?! »

De l'amour ? Je sais pas trop finalement...

« Bref, j'suis calme c'est bon t'inquiètes. C'est juste... »

Il passe ses mains sur son visage et commence à marcher. J'en conclue qu'il entame une ballade improvisée.

« C'est juste que quelques part je m'en veux. J'sais pas, peut-être parce que je la voyais mal mais que je disais rien, j'suis pas trop expressif et elle, elle voulait pas en parler. Il semblerait qu'on jouait à celui qui en disait le moins. Je la sentais triste depuis deux trois mois et... J'ai rien fais pour qu'elle aille mieux. Fin si. Non. Putain j'sais pas. Mais je préférais quand elle venait à 7h les dimanches habillée de vêtements normaux tu vois et elle me laissait dormir. Parfois elle me caressait la joue, parfois elle se faisait un café et se poser au balcon avec un bon livre. Elle aimait pas lire pourtant. C'est qu'un détail. Ensuite elle s'endormait et moi je me réveillais, elle était constamment fatiguée et fatigante.  Je crois qu'elle supportait plus la fac.»

Il s'arrête devant une petite boulangerie de la cité, entre, paye et ressors avec une bouteille de Volvic fraise.

« Viens, on va se poser au parc. »

Il marche sans dire un mot, regardant le sol et une main dans sa poche. Pensif.

« Alors, quand elle s'endormait c'était à mon tour de m'occupait l'esprit. Je faisais des tours dans mon appart', je la regardais dormir ou je feuilletais ses bouquins pour lire les quelques passages qu'elle surlignait au feutre bleu fluo parce qu'elle déteste le rose. À ce qu'il paraît ça la fait vomir. »

Il rit.

« Je lisais même les papiers mis en boule dans son sac et je lisais les quelques textes qu'elle écrivait lorsqu'elle s'improvisait en écrivaine. Je crois... Je crois qu'elle se détestait d'écrire, elle n'aimait pas ce qu'elle écrivait et pourtant c'était si beau, tristement beau. Comme elle, elle était elle même un oxymore. »

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