Chapitre 1: Le serment

122 13 2
                                    

Tout a commencé ce jour pluvieux, ce jour où leur regard se sont croisés l'espace de quelques secondes sous les lourds nuages de pluie, dont les gouttes semblables à des cristaux trempaient leurs cheveux et leurs vêtements. Les pupilles émeraudes rencontrèrent ceux de saphirs avant de disparaître, comme une ombre insaisissable sous les billes d'eau qui tombaient sur les pavés des trottoirs. Jamais ils n'avaient oublié cet instant éphémère, cette rencontre prédestinée même si le souvenir de la personne s'effaçait pour ne se réduire qu'à une paire de joyaux. Cet événement allait influencer leur vie, cherchant l'un et l'autre à revoir secrètement cet inconnu aux yeux si captivant.

- - -

"- Monsieur Jones! Si vous manquez de sommeil, rattrapez-vous ailleurs que dans mon cours!
Alfred releva la tête, à demi éveillé, les lunettes de travers et la bave coulant légèrement sur sa lèvre inférieure.
- 'Scusez-moi M'dame... Bégaya l'adolescent, mais je dormais pas je vous le jure!
- Épargnez-moi vos excuses idiotes! Nous sommes dans une salle de classe ici! Et ayez un peu de tenue!
Le garçon aux cheveux blonds foncés obéit, vexé, et se tut tout en réajustant ses lunettes azurées devant ses yeux et en essuyant sa bouche avec la manche de son uniforme bleu roi.
- Pas ma faute si vos cours sont rasoirs... Pesta-t-il, malheureusement pas assez discrètement pour ne pas être entendu par son professeur.
- Monsieur Jones! 2 heures de retenues! Cria l'homme d'enseignement. Cela vous apprendra à respecter vos supérieurs !
L'Américain soupira, se retenant de répondre à nouveau. Ses parents n'allaient sûrement pas apprécier. Tout comme ses notes déplorables, son niveau étant plutôt bon mais trop fainéant pour obtenir quelque chose d'acceptable.

Alfred F Jones était un lycéen de la World Academy, Américain pur souche qui n'avait jamais vraiment quitté son pays natal, la seule fois étant pour aller passer l'hiver au Canada. Le garçon au regard de saphir et aux cheveux d'un blond tiré sur le châtain avait un caractère impulsif et jovial qui le rendait populaire, son côté parfois naïf faisant même craquer les filles.
Il n'avait cependant jamais connu le grand amour, ses quelques rendez-vous n'ayant jamais étaient fructueux. Et puis il avait déjà était conquis il y a des années. Ce jour de pluie où il avait croisé une personne inconnue, mais aux pupilles émeraudes si captivantes et scintillantes dans l'atmosphère grisâtre qu'il n'avait pu regarder ailleurs, oubliant de lui demander son nom ou même de voir à quoi elle ressemblait. Il cherchait à présent à retrouver cette inconnue, observant les yeux de chaque personne qu'il croisait, espérant recroiser les joyaux verts dont il était tombé amoureux.
C'était sûrement vain mais il le faisait, se raccrochant à ce souvenir vieux de 2 ou 3 années.
Il se demandait ainsi ce qu'il lui dirait une fois en face, rêvant les yeux ouverts durant ses cours, n'écoutant que son esprit jusqu'à la sortie du lycée.
Voilà ce qu'était la vie d'Alfred: une vie rythmée par les probables retrouvailles avec une personne dont il ignore tout et qui ruinait ses études d'après les parents de L'Américain.

La cloche sonna, libérant les élèves de ce lieu infernal qu'est le lycée. Alfred ne souhaitait que retrouver sa chambre et ne plus bouger de son lit douillet le restant de la soirée. Mais il savait qu'il n'échapperait pas au reproche de ses parents qui allaient sûrement le tuer pour avoir eu 2 heures de retenues. Il soupira à cette pensée, marchant comme un zombie pour sortir de l'enceinte de l'établissement, ne faisant pas attention à ce qui se passait autour.
Il ne remarqua pas non son ami brun qui s'approchait de lui.
"- Alfred-san?
L'adolescent se retourna, surpris, faisant face à son interlocuteur qui s'excusa par une courbette.
- Désolé... Je ne voulais pas te surprendre...
- C-ce n'est rien Kiku... Répondit L'Américain, troublé. Qu'est-ce qu'il y a?
Kiku Honda était un de ces meilleurs amis, sérieux, irréprochable et consciencieux pour couronner le tout. Le Japonais était le meilleur de la classe mais gardait une modestie à toutes épreuves, allant jusqu'à aider les autres, comme c'est le cas pour Alfred. Le genre de personne parfaite.
- Eh bien... Fit le brun en prenant un air pour ne pas vexer son camarade, je me demandais si tu allais bien après la sanction du professeur... Si tu as besoin de quelques choses je suis là.
Il acheva sa phrase avec son sourire remplie d'honnêteté, ce qui toucha le grand blond.
- Cimer Kiku... Je ne mérite pas que tu m'aides tout le temps...
- Mais si, au fond tu arriveras à t'en sortir... courage.
Il exécuta une nouvelle courbette, et parti rejoindre son frère qui l'appelait depuis un moment de loin et son petit ami qui le tenait tout contre lui avec un grand sourire aux lèvres qui dégoûtait Alfred.
Il s'en alla lui aussi, lâchant un "saleté de commies" avant de prendre le chemin de sa maison.

- - -

Alfred ouvrit la porte et la ferma instantanément, le visage blasé et le sac de cours sur l'épaule gauche, espérant que ses parents ne l'attendrait pas pour le "féliciter" de sa retenue et des nouvelles notes tombées. Manque de chance, son père l'attendait en tapant du pied, visiblement furieux contre l'adolescent.
"- Dis donc?! C'est quoi ces nouvelles notes que l'on vient de recevoir avec ta mère ?! On t'avait pourtant dit d'arrêter de faire le fainéant !
Le brun ne répondit pas, par crainte et parce que cela ne changerait pas ce qu'il ferait.
Son père empoigna son poignet pour le secouer, toujours aussi en colère.
- Répond quand je te parle! On vient en plus de recevoir un message parlant d'une retenue! Dois-je en venir au main pour me faire obéir dans cette foutue maison?!
-... Je fais ce que je veux... Murmura Alfred.
Son paternel lui mit une claque au visage, tant la frustration de l'énervement était forte.
- Pas sur ce ton jeune homme!
Le plus jeune ravala l'envie de lui rendre la pareille, mais il se contenta de repousser la main d'un geste violent et de grimper le plus vite possible l'escalier qui le mènerai dans sa chambre. Là, il s'enferma à clé, écoutant les bruits de pas et de jurons de son géniteur qui toquait avec force sur la porte qui séparait les deux personnes. Puis, se fut la voix inquiète de sa mère qu'il entendit à travers les cloisons, qui conjurait son mari de se calmer, et qui se faisait rejeter une bonne dizaine de fois. Elle finit finalement par le convaincre d'abandonner, et, tandis que les pas lourds du chef de famille s'éloignait, un léger "toc toc" se mit à retentir contre la fine porte de bois. Alfred ouvrit, sachant pertinemment que ce serait les reproches de sa mère qu'il allait devoir affronter à présent.
Mais le ton n'était pas au reproche, il semblait beaucoup plus doux, inquiet envers l'adolescent.
"- Alfred... Répond à ma question...
- Oui...? Alfred avait des raisons de montrer de l'inquiétude. C'était rare que sa génitrice lui parle avec un timbre qui transpirait la pitié à des kilomètre.
- Est-ce que tout va bien en ce moment.. ?
Elle joignit ainsi à ses paroles un geste tendre, prenant les joues de son enfant dans la paume de ses mains pour mieux l'observer.
L'adolescent rougit, rétorquant :
- M'man... C'est gênant...
- Répond moi s'il te plait... Tu as des soucis à l'école ? Je m'inquiète tu sais...
Il marqua une pause, pas vraiment sûr de quoi répondre. Il choisit de mentir un peu, ses affaires restaient ses affaires après tout.
- Non ne t'inquiète pas, mentit-il avec un grand sourire. Je peux manger ici ce soir? P'pa n'a pas l'air de vouloir me voir à table..."
Elle rit alors, disant de son ton toujours un peu inquiet qu'il valait mieux. Retournant à l'étage inférieur pour lui rapporter son assiette prête. Quelques formules de politesses et Alfred se retrouvaient à nouveau seul dans la chambre. Il avala son repas rapidement, finit ses devoirs, et enfin se changea pour se mettre dans son lit au drap inspiré de comics.
Il espérait encore croiser l'inconnu. Il y pensait chaque soir avec la même ferveur.
L'excitation de peut être rencontrer une nouvelle fois ce magnifique regard lui donnait l'énergie nécessaire pour sortir du lit tous les matins.
Il ferma les yeux, rêvant de trouver la personne qu'il cherchait.
L'Américain ne le savait pas encore, mais ce rêve allait devenir la prémonition de ce lendemain qu'il attendait avec impatience.



Merci d'avoir lu ce premier chapitre!

Rainy DayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant