Ce matin, en arrivant dans le cours de madame Philique, je n'aurai jamais cru apercevoir un grand brun installé confortablement à ma place. Je n'avais pas vraiment envie de lui adresser la parole, mais je m'y résignais lorsqu'une fille de mon âge jasa qu'il fallait respecter le plan de classe. Parfois, je me demande vraiment si je suis bien au lycée....Je m'approchai du jeune homme d'un pas assuré :
"-Salut, hum, Jordan c'est ça ? le brun me répondit par un hochement de tête nonchalant avant de bailler grossièrement.
- Bon, écoute, tu es assis à ma place, est-ce que tu pourrais... te décaler s'il-te-plaît ? j'essayais dans cette dernière phrase d'être la plus agréable possible pour ne pas le brusquer .
- Il y a une place juste là regarde. le brun dirigea son doigt sur la place à sa droite et enleva ses pieds de la chaise sur laquelle ils étaient installés.
- Merci ! sans plus de politesses je m'installai."
Aussitôt notre enseignante pénétra dans la salle. Le cours commençait. La physique-chimie ne m'avait jamais intéressée, mais cette première séance réussie à me captiver... Hormis bien-sûr les nombreux bâillements de Jordan, ainsi que ses changements de position réguliers et bruyants qui m'étaient totalement insupportables. Je me concentrai d'autant plus sur la voix de Madame Philique, soufflant, essayant de faire abstraction de l'énergumène à mes côtés. Cédant finalement à l'agacement je décidai de m'adresser à lui : "Dit, Jordan, tu ne pourrais pas arrêter de bou..." je m'interrompis au moment où mes yeux pivotèrent pour lui faire face. Il se tenait la tête avec ses deux mains tout en massant ses tempes frénétiquement, son souffle était saccadé, comme s'il avait du mal à respirer. " Jordan, tu vas bien ?" je paniquais légèrement il ne m'écoutait même pas. Notre enseignante continuait son cours ne remarquant rien, tout comme les autres élèves de la classe. Prise d'affolement, je posai ma main sur son dos. C'est alors que ses pupilles rencontrèrent les miennes me faisant frissonner. Il avait les yeux... ses yeux étaient injectés de sang, dilatés et orangés. Puis, plus rien, seulement Jordan me regardant de ses orbes sombres, interrogatif, comme ci tout n'avait été que le fruit de mon imagination. Avais-je rêvé ?
"- Jordan ? Tu vas bien ?
-Hum... oui, ça va, j'avais juste un peu mal à la tête."
Il me regardait, intrigué, les sourcils froncés. Ensuite, il détourna le regard, et toussota nerveusement. Mettant fin au malaise qui régnait depuis peu, la sonnerie retentit. Suivant le mouvement de foule je me levai et rangeai rapidement mes affaires. Arrivée au niveau de la sortie, un bruit attira mon attention : une sirène claironnait... Ô non ! Tout mais pas ça ! Ne me dites pas qu'il recommence. À présent je courais, la voiture de travail de mon père s'arrêta devant le portail du lycée, le bruit assourdissant continuant sur son toit. Il a recommencé ! Je lui fis signe d'arrêter en mimant une croix avec mes bras. Puis, précipitamment je montai dans le véhicule. La honte ! J'eus le temps de voir Jordan me fixer avant que mon père ne commence à avancer. N'y tenant plus je me lançai dans un discours sur le fait que me mettre la honte ainsi n'est pas une attitude responsable, et que,non, ce n'est pas « classe » qu'un agent du FBI vienne chercher sa fille en faisant hurler sa sirène. Mon père ricana, mais finit par me promettre de ne plus recommencer. Qui est l'adulte responsable ? Le trajet se déroula dans le silence. Jusqu'à ce que mon père ne reçoive une « alerte du centre ». Ainsi, lorsqu'il raccrocha enfin, son visage se durcit, sa mâchoire se crispa, il dit préoccupé : « nous allons faire un tour dans les bois, nous n'en avons pas pour longtemps, tu resteras dans la voiture ». Je me suis alors contentée de hocher la tête.
Arrivés au bois, mon père sortit de la voiture. Pas un regard dans ma direction. Il s'est avancé vers mon frère qui était déjà sur les lieux. Ils sont partis ! Donc, je restais seule. Pour passer le temps, j'allumai la radio, je tapai des mains suivant la cadence de la musique. Une chanson passa, bientôt deux, puis trois, quatre. Au bout d'une demi-heure, je décidai, lassée, d'éteindre le poste de la voiture. Je récupérai mon téléphone et essayai tant bien que mal de m'occuper. Une heure écoulée, et rien, aucun signe de vie aux alentours, seulement moi et deux voitures : celle de mon frère et celle de mon père. Deux heures. Deux heures et demie. Rien. Dorénavant l'inquiétude m'embarquait. Que pouvait-il bien se passer ? Aucun signe de vie... Ils auraient tout de même pu m'envoyer ne serait-ce qu'un texto, pour me prévenir ?! C'en était assez, sur un coup de tête je sortis de la voiture, m'avançant peu à peu dans la forêt. J'observai distraitement mon environnement, de grands arbres m'entouraient, le ciel était étrangement sombre, et l'orage menaçait. En effet, quelques gouttes ne tardèrent pas à se déposer sur mes vêtements, à présent il pleuvait des cordes. Remarquant que j'avais oublié mon téléphone dans la voiture, je trouvai plus sage de rebrousser chemin. Cependant, à peine avais-je fait un pas que je glissais dans le fossé juxtaposé. Mon cœur rata un battement et mon ventre atterrit à l'emplacement de mon cerveau. Je poussai un hurlement, criant à plein poumons ! Je retombais lourdement dans de la boue, laissant une plainte de douleur m'échapper. Or, j'avalais de l'eau, une eau contenue dans une flaque. Dégoutée je recrachais tout ce que je pouvais, en affichant une grimace. Je me relevai aussi vite que possible. L'eau de pluie perlait sur mon visage, mes cheveux étaient sales, remplis de boue, ils pendaient grossièrement devant mes yeux. J'évaluai rapidement les possibilités de pouvoir remonter pour rejoindre la voiture, bilan : c'était tout à fait impossible. Effectivement, la pluie avait rendu toute tentative d'escalader impossible, et le rebord de la fosse était bien trop haut pour que j'espère l'atteindre. Dès lors je désespérais. Soudainement un bruit me fit sursauter, je me retournais vivement pour finalement tomber nez à nez avec un jeune homme. Il devait être légèrement plus vieux que moi. Il était brun, son regard était sombre et glacial. Il me fixa pendant quelques secondes avant de se retourner, et sans me laisser l'occasion de prononcer un mot, il sauta. Sa détente était incroyable, telle que je restais bouche-bée : il avait réussi un saut de plusieurs mètres, à présent il était sorti de la fosse. Je me réjouis me disant qu'il allait me faire sortir de là, j'attendis un peu. Mais rien, il m'avait laissé là, seule. Je soufflais, rageuse. Tout était inconfortable en ce moment, j'étais trempée de la tête aux pieds, mes vêtements pleins de boue me collaient, et j'étais coincée sans aucun moyen d'appeler des secours. Mais quel abruti ! M'avoir abandonnée ici, seule , dans le froid et la pluie... Ou bien avais-je peut-être tout simplement rêvé cette rencontre; comme un mirage ? Cela ferait beaucoup aujourd'hui : d'abord j'attribuai des yeux orange à Jordan, puis je m'imaginais un sauveur complètement surnaturel ! Je m'adossais au mur, totalement lessivé, et j'admirais le sol. Je remarquai des empreintes animales : comme celles d'un loup... ou d'un chien. Oui, ce devait-être des empreintes de chien... N'est-ce pas ? Mon cœur s'emballait rien qu'à la pensée de rester ici, entourée de loups. Je jetai fiévreusement des regards autour de moi, cherchant une nouvelle fois une issue... MON TÉLÉPHONE ! Il était là posé sur la boue... j 'étais pourtant persuadée de l'avoir laissé dans la voiture : mes poches étaient toutes vides et.... Et puis mince ! Je me précipitais sur mon cellulaire. Miracle, le réseau passait en ce lieu. J'étais sauvée !
" Où es-tu ? Continue de crier ! hurla mon frère, non loin de là.
- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !" Une larme roula rapidement sur ma joue quand mon frère apparut au-dessus de moi. Il me lançait une corde. Je remontais à l'aide de mes pieds contre la paroi glissante et de la corde. Mon frère m'enlaça à la seconde où mon pied se posa à nouveau sur la terre ferme. " Tu m'as fait peur". Une chose était sûre, j'allais entendre parler de cette histoire pendant un moment. Cependant, j'étais sauvée, et même si cette expérience n'allait sûrement pas être la plus dangereuse de ma vie, j'avais eu peur. Mon frère me tendit sa main et nous nous retournâmes pour rejoindre notre domicile.
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WEREWOLF
WerewolfQui a dit que le surnaturel n'existait pas ? Qui a cru qu'autour de lui la vie se résumait à un calme complet avec seule parallèle la logique ? La morsure, c'est l'événement déclencheur... selon les légendes !