I Am Death

4. Reaper Or Hunter

Leur plan était simple en apparence. Dieu avait avoué avoir plusieurs maquettes de mondes qu'il avait construits avant de créer la Terre et l'Humanité. Il leur avait donc suffit d'en choisir un suffisamment potable et de penser à un moyen d'y mettre les âmes sans qu'elles ne s'aperçoivent de rien.

Autrement dit, leur idée était de les figer jusqu'à ce que le Paradis et l'Enfer redeviennent habitables. Aucune des âmes transférées sur Éole (monde choisi durant la réunion) n'aurait donc conscience de rien. Ni du temps passé, ni du lieu où elles étaient. Elles seraient comme endormis et se réveilleraient un peu plus tard dans l'antre de Dieu ou Lucifer comme si de rien n'était.

Bref, c'est en tout cas comme ça que Dean a compris les choses ce jour-là. Maintenant, ce plan tourne en boucle dans sa tête et une seule chose le hante : il y aura un problème quelque part. C'est bien connu que rien ne se déroule jamais aussi facilement qu'on l'a prévu surtout quand on s'appelle Winchester.

Alors depuis une semaine qu'il met ce plan à exécution, étant la personne directement concernée, il s'attend toujours à ce qu'on vienne le chercher en disant : "Hé Dean, viens nous aider sur Éole, y a un léger problème avec les âmes."

Bon ok, peut-être qu'il ne se passera rien et qu'il se monte la tête pour que dalle mais quand on est habitué à voir ses plans tourner à l'apocalypse, on imagine la catastrophe arriver à tout moment.

Essayant de ne plus penser négativement, Dean se dirige vers une énième âme à transporter. Cette fois c'est une vieille dame qui s'est faite tuée par son propre fils pour l'héritage qu'elle lui avait promis.

Si seulement je pouvais emporter son enfoiré de fils..., pense Dean.

Mais ce n'est pas le cas et c'est ce qui est le plus frustrant dans tout ça. De voir les innocents partir quand les coupables s'en sortent sans encombres. Enfin...

Rendez-vous en Enfer du con ! sourit-il.

La vieille dame ne s'oppose pas à partir, demandant d'abord comment est le Paradis. Dean réfléchit puis lui offre une réponse en accord avec ses souvenirs auxquels il a accès.

-- Robert vous en parlera quand vous le rejoindrez aux îles caraïbes, dit-il avec un sourire tendre.

Des larmes roulent sur les joues de la dame qui lui tend alors la main :

-- Vous êtes très séduisant pour la Mort, lâche-t-elle en lui faisant un clin d'œil. Dommage que je ne puisse pas rester un peu plus longtemps...

Dean hausse les épaules, amusé. Puis la seconde d'après, il arrive sur Éole et l'âme rejoint les autres sur ce monde figé dans le temps.

À quoi ressemble-t-il ? À un immense dessert avec des arbres par-ci par-là et des collines. Le vent souffle très fort et donne au paysage une teinte rouge. Mais ce qui est le plus surprenant c'est les habitants d'Eole. Pour Dean, leur description est très simple. Il s'agit de Voldemort, dont la taille a été doublée, avec des sabots en guise de pieds et quatre bras terminés par des pinces.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces géants sont purement inoffensifs. Les âmes sont stockées derrière un bouclier invisible séparé les unes des autres par une force inconnue. Les géants ont dû s'apercevoir d'un léger changement dans leur environnement mais cela n'a pas semblé les perturber plus que ça selon Dieu.

Cette vision arrache une grimace à Dean. Il a beau avoir vu ces créatures un nombre incalculable de fois durant une semaine, il ne s'y habitue pas. Surtout quand il pense que c'est Dieu qui a créé ces horreurs en guise d'entraînement pour ensuite créer l'Homme avec un grand H.

Heureusement qu'il s'est rendu compte de son erreur, pense le Winchester en disparaissant d'Éole.

Mais alors qu'il se trouve dans le Voile, une secousse retentit et une voix l'interpelle dans son esprit.

-- Dean ! Dean !

Il reconnaît aussitôt cette voix malgré qu'il ait l'impression de ne pas l'avoir entendu depuis des siècles.

-- Dean !

Comment se fait-il qu'il puisse entendre cette voix ? D'où provient-elle ? Est-ce qu'il est possible que...

Non. Pas toi, se dit-il en imaginant déjà le pire.

Dean se laisse guider, son "death sense" sachant très bien le mener jusqu'aux défunts sans qu'il n'ait besoin d'y réfléchir. Et à l'instant même où il reconnaît les lieux et où la personne lui apparaît avec cette lueur sombre qui lui indique que l'âme est réservée à l'enfer, il comprend.

Sam se tourne vers lui, légèrement surpris. Il l'observe de haut en bas puis s'élance dans l'intention de le prendre dans ses bras. Heureusement, Dean à le réflexe de se téléporter derrière lui, à l'autre bout de la pièce. Ne comprenant pas, Sam s'arrête net et se retourne.

-- Ça va pas la tête ! S'exclame soudain Dean furieux. Un contact physique avec moi et tu files direct rejoindre Lucifer. (Il se calme, fronce les sourcils puis demande :) D'ailleurs qu'est-ce que tu fais là ?

La réponse est logique. Pourtant Dean refuse d'y croire.

-- Je suis mort Dean. J'ai pris des cachets et ça m'a mené ici. Il fallait absolument que je te parle pour que tu m'aides. (Il marque une pause puis reprend :) Je suis content de voir que tu vas bien. J'aime ton nouveau style.

L'aîné baisse les yeux, suivant son regard. Il est vrai qu'il a laissé tomber son ancien look de chasseur et qu'il est à présent vêtu de manière assez chic.

Un pantalon noir, une chemise blanche en dessous d'une veste sans manches et d'un nœud papillon, tout ce qu'il lui reste de son ancienne vie sont ses cicatrices et son collier offert par son frère.

Mais ce n'est pas ça qui importe à Dean, ce sont les paroles de ce dernier.

-- Tu t'es suicidé pour me parler ?! s'exclame-t-il en colère. Qu'est-ce qui t'a pris ? Et comment tu vas faire pour revenir hein ? T'y a pensé à ça ?

Sam lève les yeux au ciel.

-- T'en fais pas pour ça. Castiel m'aide et doit me ramener dans quelques minutes. Et puis je te signale que je n'ai faits que t'appeler depuis des mois mais que je n'ai eu aucune réponse. C'était le seul moyen pour y parvenir. Mais c'est pas ça le plus important. Il faut que tu saches quelque chose. Ce monde sur lequel vous envoyaient les âmes n'est pas sûr. Des marches-rêves se sont mis en tête de s'y introduire. Il faut qu'on reparte chasser. Tous les deux.